Musicien touche-à-tout, de formation classique ayant étudié le jazz et avant tout féru de musique, DeWalta vient de sortir son premier album : “Wander”. Le jeune producteur Berlinois était déjà connu de nos service du fait de l’Ep qu’il avait sorti sur Salon Record précédemment. Il nous avait d’ailleurs offert un beau Phonocast. Cette fois-ci c’est nous qui revenons vers lui afin d’en savoir plus sur ce nouveau long format qui mérite vraiment d’être écouté. Fortement influencé par le jazz, le Hip Hop et la musique noire américaine, monsieur Koch nous offre neuf tracks très diverses et de toute beauté. Loin d’être un album de Dj, “Wander” porte bien son nom: une promenade qui vous berce et vous emporte dans une atmosphère feutrée, où tout n’est que luxe calme et volupté. Malgré le fait de posséder sa propre  structure, le label manager de Meander a préféré sortir son album sur Haunt, label de haut vol récemment passé dans le giron de K7! . Une œuvre vraiment classieuse, fruit d’un véritable passionné de musique ainsi que de nombreuses petites intrigues ont poussé l’équipe du Phonographe à questionner ce jeune producteur talentueux

– Bonjour DeWalta peux-tu te présenter?

Bonjour tout le monde, je m’appelle David Koch alias DeWalta. Je suis né dans le sud de l’Allemagne et j’ai déménagé à Berlin il y a 13 ans. J’y ai fait mon lycée, mes études de musique  à l’université et de nombreuses techno parties. Maintenant je suis producteur et ingénieur du son.

– Peux-tu nous dire ce que tu as appris à la Waldorf School ? Comment cela t’a aidé dans ton activité de producteur ?

Ce n’est pas si simple de répondre à cette question. Je ne sais pas comment j’aurais tourné si je ne l’avais pas fait. Mais je suppose que ces enseignements artistiques m’ont apporté énormément de choses: le fait de travailler avec mes mains des matériaux comme le bois et la pierre ; ma capacité à rester un enfant ; les activités en plein air ; le théâtre et plein d’autres activités bizarres. Puis bien sûr ; les premières auditions musicales avec mes parents qui m’ont particulièrement aidé dans mon parcours musical.

– Tu viens d’une famille d’artistes, était-ce réellement une influence dans le choix de ta carrière de musicien ?

Tout le monde n’est pas artiste dans ma famille. Il y a un physicien, une maîtresse, une midwife et un architecte, mais oui ça l’a été, même si ça reste complétement le fruit de ma décision. Mes parents ne m’ont jamais poussé à faire de la musique. J’ai choisi cette passion tout seul et j’ai juste eu besoin de leur soutien de temps à autres. Peut être que je suis né avec du son autour de moi dès mon plus jeune âge mais on ne m’a jamais imposé ce choix.

– Etait-ce facile de faire du jazz en venant d’une éducation classique? Quelle était ta motivation ?

Ce n’était pas simple, c’était très différent et j’étais vraiment déterminé ! J’aspirais à quelque chose de vraiment différent de la musique classique. Je recherchais une musique plus intuitive dans la manière de composer qu’une musique interprétative.

DeWalta – Machine_Soul

– Est-ce que ton grand père a joué un rôle dans ce choix ?

Pas énormément, mais sûrement un peu en me laissant lui voler ses anciens disques. Il m’a aidé à m’imprégner de son univers assez désordonné. Mais maintenant je suis en train de voir comment m’en sortir. Par ailleurs il représente une période du siècle dernier qui m’intéresse beaucoup. Les 40’s, les 50’s, les 60’s, les 70’s…

– Te sentais-tu limité lorsque tu faisais de la musique classique ?

Pas spécialement limité, ce mot dévalue grandement le genre, mais j’étais certainement désireux de pouvoir créer moi même au lieu de simplement jouer une partition.

Quel était ton objectif lorsque tu as créé Meander ?

Ma motivation était sociale. Avec mon ami de lycée Fabian Geimer, qui est maintenant à la tête de Meander, nous avions décidé de créer un label. On voulait commencer tôt pour aller loin ensemble. Jens nous à rejoint et l’on voulait sortir de la musique que personne d’autre sortirait, quelque chose de spécial ! On a commencé petit et l’on continué de penser petit mais on rêvait grand.

– Peut tu nous présenter Meander et ses artistes ?

Meander est un petit label Berlinois, créé et dirigé par Fabien, Jens et moi. On produit et signe des artistes de manière méticuleuse, nous croyons en eux et nous les supportons. C’est un projet spécial, de petite taille, qui est déjà reconnu par les DJs et les passionnés de musique.  Pour le moment nous sommes encore une petite famille de 5 artistes, bientôt nous serons 6 : Pikaya, Ion Ludwig, Alejandro Mosso, DeWalta et sous peu… Imugem Orihasam. On aime le vinyle que l’on défend et essayons de le promouvoir. Aimez le, et le répandez le !

– Qui fait quoi sur Meander ?

On a chacun nos rôles : Fabien fait énormément de logistique, il s’occupe de la production de vinyle et de la partie visuelle. Jens prend soin de la distribution et de certaines choses telles que le mastering ou la communication. Moi je m’occupe essentiellement de la direction artistique. Cependant nous partageons tous cette tâche-là.

– Lorsque tu as ton propre label, qu’est ce qui te pousse à sortir ta musique chez d’autres enseignes ?

Meander correspond uniquement à certains sons et il a été développé uniquement pour ça. Tout ce que je produis n’est pas forcément dans cette lignée. Et je suis plus prolifique que Meander peut le supporter. On veut de la diversité sur ce label ce n’est pas seulement  la plateforme de DeWalta.

– Pourquoi as-tu choisi de produire ton album sur Haunt ?

J’ai longtemps été en contact avec Haunt et j’adhère au concept du label. Initialement c’était un label proche de la musique jazz, qui voulait produire des musiques instrumentales avec une approche électronique. J’aime beaucoup l’idée et j’essaye de soutenir cette structure. J’ai également sorti des disques  et des enregistrements de Saxophone chez Haunt avant de sortir ce LP. Quand Haunt est passé chez K7 ! pour la distribution, cela était pertinent de faire l’album sur cette structure qui touche maintenant une plus grande audience.

DeWalta – The Hawk

– Comment as-tu choisi le titre de l’album ?

Les tracks sont assez variées sur Wander, et te baladent d’une ambiance à une autre. Quand j’ai réfléchi au titre et que j’en ai parlé à ma copine on a tous les deux eu la même intuition que ces tracks te promènent à travers le temps. Je pense que c’est réellement le cas. Quelques un de ces morceaux sont fait avec de très vieux  éléments, le reste avec des choses un peu plus récentes.

– Comment présenterais-tu l’album ?

Comme je te l’ai dit précédemment, Wander combine beaucoup de facettes différentes. C’est un combiné de plein d’univers différents, ce processus m’a fait revisiter plein de lieux et de musiques de mon passé. C’est à la fois la synthèse de toute ma vie musicale, et la création de quelque chose de nouveau.  Ce n’est pas un album conceptuel, mais plus un recueil de photos figeant différents instants.

– Quelles ont été les collaborations faites sur cet album ?

J’ai produit l’album et fait les arrangements tout seul, cependant j’ai fait intervenir plusieurs amis. Tout d’abord, mon ami de lycée Achim Hilgert et Andre Seidel pour la basse et les batteries Puis Frithjof Meißne alias Aquatic avec qui j’ai travaillé sur un track. Puis j’ai collaboré avec une chanteuse, Judith Ahrends, et également un rappeur, MC Joga.

– Comme la rencontre s’est elle faite avec MC Joga ?

Un très bon ami à moi qui vient du Canada, Mike Shannon, avait entendu le beat de Barksdale et il avait pensé à ce MC pour le track. J’étais à la recherche d’un bon MC mais je ne trouvais personne d’intéressant à Berlin. De là, c’était judicieux de le laisser essayer. Lorsque j’ai écouté son enregistrement, j’ai immédiatement été convaincu, cela m’a rappelé le Hip Hop oldschool que j’aime tant !

DeWalta – Barksdale_Movin_On

– Comment comptes-tu défendre ce disque sur scène ?

Pour le moment je le présente en live tout seul, mais dès que j’ai un peu plus de budget j’aimerais amener des musiciens.

– Pourquoi avoir mis Machine Soul en “last track” de l’album ?

Je trouvais que le morceau se prêtait bien à une fin, selon moi c’est une belle sortie.  Ça s’est fait naturellement.

– Quelles sont les actualités à suivre  pour les prochains mois ?

Un paquet de remixes, un morceau pour la dixième sortie de Meander qui sera un « various artist » avec des tracks de Pikaya, Ion Ludwig, Alejandro Mosso et moi. Beaucoup de live et de DJ set. Et de nombreuses collaborations avec The Mole, Mike Shannon et Deadbeat. Il y a également des Ep de Dewalta qui arrivent.

– Un dernier mot ?

Merci pour l’interview, j’espère que vous apprécierez  mon album Wander.

Dewalta sur Facebook / Soundcloud / RA

DeWalta jouera à la soirée Popcorn Records au Showcase le 20 juillet.