« Family Business » est probablement la première expression qui vient à l’esprit lorsque l’on regarde la nébuleuse qui gravite autour des deux frères Zenker. Dario et Marco viennent de Munich gère le label Ilian Tape depuis 2007. En quelques années l’enseigne à réalisé plus de 23 Ep et développé un sous label ITX. Ce qui est intéressant avec leur label, c’est qu’il met en avant une esthétique de la techno qui certes tourne autour du « noir », mais ne se réduit pas à une simple régurgitation de musique industrielle accompagnée de grands kicks-Drums. Non, l’univers des Zenker est plutôt funky à l’image de ses deux gérants.

Si l’on s’attarde sur la carrière de l’aîné, Dario a fait ses classes le premier. On note qu’il a en l’espace de 8 ans effectué une transition lente, mais certaine de grooves minimaux vers une techno sombre, mais festive toujours teintée d’un certain lyrisme dans la narration. Il a laissé sa marque sur différents labels tels qu’ Esperanza et Telegraph tout comme en passant Vakant, Tresor et même Concrete Music. À côté de ça il a fait ses armes en tant que dj durant l’âge d’or du Harry Klein et s’illustre depuis de nombreuses années avec succès dans les booths du monde entier.

Marco, le benjamin, a un cheminement de carrière un peu différent puisqu’il débute sa discographie conjointement à l’émergence du label et que celle-ci est essentiellement liée a la structure munichoise. Sur scène il s’est d’abord fait connaître par ses performances live et se produire depuis peu en tant que dj aux côtés de son frère.

Le déclencheur qui a focalisé l’attention sur les deux artistes est probablement leur premier Ep côte à côte sur Ilian Tape Berg 10, en 2011, par la suite les deux Ep signés sur Tresor ont également été de véritable succès. Ils viennent d’ailleurs tout récemment de reproduire un Ep ensemble sur leur structure.

Ces dernières années, les noms des deux frangins ont régulièrement arboré les flyers de clubs parisiens. En l’espace de sept ans, Ilian Tape n’a cessé de prendre de l’envergure mettant en souvent en avant des artistes originaux peu communs à l’instar des Argentins Leonel Castillo et Andres Zacco, aux débuts de la structure ou encore du japonais Imugem Orihasam pour finalement se faire le chantre d’un son plus techno mais pas prétentieux pour un sous. Du fait de leurs venues quai de la Rappé vendredi prochain on se devait de leurs poser à quelque questions.

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– D’où vient le nom Ilian Tape ?

La provenance du nom est un peu fantaisiste. Le mot Ilian vient d’un morceau de Kode 9 and Spaceape. Ce dernier prononce le mot alien en jargon jamaïcain et avec l’accent qui va avec, ça sonnait comme Ilian. Puis Tape car on a grandi avec les cassettes et qu’on aime ça.

Vous êtes nés dans une famille qui vous a naturellement guidé dès votre plus jeune âge à faire ce que vous faites. Pouvez-vous expliquer dans quelle mesure vous étiez entouré de cette culture club ? Est-ce que cela a affecté votre choix de carrière et quand avez-vous eu à décider ?

On n’a pas vraiment grandi dans cet environnement, on était des enfants normaux. Notre mère nous a élevés et elle n’avait rien avoir avec la techno et les clubs. Ça ne concerne qu’une partie de notre famille. Notre tante Dorle et son copain parvenu. Ça ne nous a jamais affectés nous. Nous avons fait notre chemin et fait nos preuves de notre côté, on n’a jamais tiré avantage de nos connexions. En fait, cela fait juste un an que l’on a commencé à travailler avec eu pour faire des labels night au Rote Sonne.

Après l’Ultraschall, il y avait le Harry Klein et le Rote Sonne à Munich, comme êtes –vous arrivé au Harry Klein ?

Dario est devenu résident là bas via le Stock 5 crew qui y organisait des soirées. Marco a commencé à sortir là bas puis naturellement à en faire partie. Puis le club a bougé dans un autre endroit et ça a beaucoup changé. En 2012, on a décidé d’abandonner notre résidence là bas. On ne veut pas rentrer dans les détails, mais ça ne faisait plus sens pour nous, car on avait des opinions totalement divergentes quant à la façon de travailler.

– Ilian Tape semble plus que jamais se centrer sur un petit groupe d’artistes, vous, Stenny, Andrea, Jonas Kopp… Comment en êtes-vous arrivé à ce groupe ? Comment pensez-vous que ça va évoluer ?

Nous avons rencontré Stenny et Andrea à Turin lors d’une soirée du label, nous avons gardé contact. Ils nous ont envoyé des morceaux que l’on a vraiment appréciés. Ils semblaient vraiment inspirés par le label et ils correspondaient parfaitement. Depuis, nous sommes devenus bons amis. Ils travaillent vraiment dur et passent beaucoup de temps en studio. Pour tout label c’est le genre de relation parfait avec un artiste. On se concentre sur eux et eux se concentrent sur nous. Si un artiste en fait trop sur trop de différents labels, il nous intéresse moins.

– C’est important pour vous de coller à certaines personnes et certaines valeurs lorsque vous sortez un artiste ?

Pas nécessairement, on ne sort que ce que l’on aime. Il faut comprendre que c’est avant tout à propos de musique puis aussi que toutes les personnes qui font de la bonne musique ne sont pas des merdes.

– Ilian Tape a fait du digital par le passé comment avez-vous migré vers du tout au vinyle ?

Nous avons commencé avec du vinyle, mais nous avons dû stopper à cause d’un mauvais contrat de distribution et l’effondrement du marché du vinyle. Nous avons dû nous limiter au digital pendant quelque temps afin de payer nos dettes. Par la suite, nous avons fait une fête à Munich qui nous a permis de gagner assez d’argent pour payer la totalité du cinquième Ep d’Ilian Tape. Depuis on est revenu à des sorties uniquement vinyles.

– Récemment vous avez sorti le brillant Stenny avec son compagnon de studio Andrea ainsi que Schiari dont on ne sait que peu de choses cependant leur point commun c’est qu’ils sont tous Italiens. Est-ce là-bas que les nouveaux producteurs se trouvent ? Dans quelle mesure vous semble-t-il important de mettre en avant de nouveaux talents ?

L’Italie est un pays vraiment amusant avec énormément de diversité. Nous recevons nos pires et nos meilleurs démos en provenance d’Italie. C’est toujours bien de mettre en avant de nouveaux talents et de construire une réputation tous ensemble. Nous avons également commencé notre propre agence de booking afin de représenter Stenny, Andrea, Rupcy, Regen, Philipp von Bergmann et nous-mêmes.

– Comment considérez-vous votre implication dans la nuit munichoise ?

Depuis un an nous organisons régulièrement des nuits dans deux clubs. Quatre label night à l’année au Rote Sonne avec des artistes tels que Surgeon, Levon Vincent, Reeko et Anthony Parasole. Au Kong, nous avons une nuit plus house & Uk tous les deux mois avec des artistes comme Shed, Ryan Eliott, Pev & Kowton, Paul Du Lac ou Coni. On essaye souvent de ramener des gens qui n’ont pas joué dans cette ville auparavant.

– En tant que promoteur de soirée, que veux-tu mettre en avant pour le club et pour les artistes ?

Tout d’abord, c’est toujours une question de musique et non de remplir un club. Nous essayons vraiment de faire des bookings frais et de procurer la meilleure atmosphère possible pour le public.

– Dans les yeux de beaucoup de gens l’Allemagne se réduit essentiellement à Berlin, ce qui est totalement faux, cependant qu’elles sont les points forts de la fête à Munich ?

Comme dans la plupart des villes, on peut avoir de bonnes et de mauvaises soirées ici. Les gros clubs ici ne sont pas si gros et la plupart du temps il y a des ambiances assez intimistes si vous tombez sur une bonne soirée. Cependant Munich est plus connu pour sa qualité de vie en terme de nature de sécurité et de Strip Club.

– Ilian Tape a dépassé depuis peu la 20e sortie et semble avoir un son de plus en plus précis en terme de techno. Comment expliquez-vous ce développement pour arriver à cette techno ?

Cela a évolué naturellement dans ce sens, mais nous avons toujours cherché des morceaux avec du funk de la personnalité et un supplément d’âme.

– Dario, tu travailles également chez un disquaire. Est-ce que cela t’aide en tant que dj et pour le label ?

Je travaille chez Optimal qui dispose d’une sélection très large et ça m’a permis d’apprendre énormément quant à la musique en général. C’est aussi très intéressant de voir comment fonctionne cette industrie du côté de la distribution et des magasins, mais ça n’a pas vraiment affecté la manière dont nous gérons le label.

– Maintenant que vous tournez de plus en plus avec le crew Ilian Tape, qu’est-ce que cela fait de jouer surtout ensemble en tant que Dj et de ne plus trop faire la formule live+dj ?

C’est vraiment cool d’avoir des nuits Ilian Tape. Au début du mois, on avait une nuit au Tresor à Berlin ce qui était vraiment cool et là nous sommes impatients de jouer à Concrete le 25 juillet. Le fait que la musique vienne d’une même entité, cela joue sur l’atmosphère de la soirée. Ces derniers temps nous avons essentiellement joué en B2B et on aime vraiment ça. C’est totalement différent de ce qu’on faisait auparavant et ça fait vraiment sens.

– Un dernier mot pour les lecteurs ?

Merci beaucoup pour le soutien en France. Nous avons reçu énormément de soutiens pour nous et le label ces dernières années et l’on apprécie toujours autant de jouer ici. Merci beaucoup.

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