The God Planet x Phonographe

Nous avons encore peu parlé de Claudio PRC, cependant, son nom venait récemment peupler nos pages dans le cadre de notre interview de l’artiste techno d’origine italienne Dino Sabatini. Ce dernier décrivait l’intéressé comme la relève techno directement issue de l’héritage esthétique d’Elettronica Romana. La nation transalpine regorge de nouveaux producteurs, talentueux : nous nous intéressons ici au projet The God Planet que M. PRC mène aux côtés de Ness. Ce nom grandiloquent et plein de lyrisme est à la fois celui de leur label et celui de leur collaboration. Par ce quatrième volet, le binôme frappe de manière simple et péremptoire avec un track et un remix sans aucun décorum.

La version originale commence de manière un peu abrupte, mais immerge l’auditeur en moins de cinq secondes. L’atmosphère extrêmement forte du morceau repose avant tout sur l’ingéniosité de la boucle qui s’impose de manière monolithique comme la trame principale du track. La voix ajoute le côté enivrant et le grain du clavier principal est là pour parfaire cette atmosphère mélancolique et crépusculaire.  Cette plantureuse boucle comporte de nombreux éléments statiques tout au long du morceau : les variations portent majoritairement sur les synthétiseurs au premier et second plan.

La rythmique est en retrait, elle ne bouge pas, mais son léger rebond et l’espace que procure les reverbs sur les synthétiseurs nous bercent du début à la fin. Les voix interviennent çà et là dans le morceau et donne beaucoup de profondeur au travail des deux producteurs. Les sept minutes et treize secondes s’écoulent rapidement et le tour de force est intelligemment réalisé.

La relecture de Donato Dozzy s’établit sur un tempo plus lent et sur une plus courte durée, la rythmique ressort plus, avec une basse plus présente et un séquençage différent. La production est d’une propreté déconcertante, le producteur romain a pris soin d’épurer la boucle avec la frugalité d’un régime sans gluten. L’ambiance est toujours présente, mais les petits artifices qui venaient parfaire et progresser la boucle ne sont plus présents.Le remix met en exergue un track qui, par moment, séduit par son ergonomie et par l’ingéniosité dont les quelques éléments restants sont agencés, sinon de manière plus terre à terre, on y voit un track qui déconcerte par l’espace libre sciemment non exploité.

Le track est de très bonne facture, si on le considérait indépendamment de l’objet dans lequel il s’inscrit, il susciterait probablement autant d’enthousiasme que l’original, mais s’il fallait choisir entre la face A et la face B, la première version du duo gagnerait haut la main.

 3,5/5