Shlomo x Phonographe Corp

Shlømo, c’est l’alias qu’a choisi Shaun pour endosser sa casquette de producteur. Son nom avait déjà peuplé nos pages il y a maintenant 2 ans mais à l’époque il jouait dans un tout autre registre. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le projet musical du jeune producteur parisien a énormément gagné en maturité. Cogérant et directeur artistique du label Taapion, il s’était illustré pour la première fois en solo fin 2013 dans le cadre du premier disque de son label, il signe maintenant un EP de quatre morceaux sur le jeune label berlinois Bright Sounds.

Le morceau d’ouverture annonce bien l’Ep. Il condense en une petite ballade les éléments phare de l’Ep : une nappe de synthétiseur, un souffle et une rythmique réduite à son plus simple appareil couplé à un sens de la production aiguisé. L’idée est très bien exploitée, à l’écoute on ressent un réel souci de simplicité et l’ambiance du track est apaisante. En revanche, on note une certaine longueur due à la monotonie de la rythmique à contre-pied et à la faible progression des éléments du morceau.

Grounded Queen s’affirme clairement comme la pierre angulaire de l’Ep. Le thème des nappes est toujours présent cependant la reverb et la mélodie donnent plus de profondeur. La rythmique frappe de manière plus violente et plus rapide, couplée au son du synthétiseur qui tourbillonne, le morceau aboutit à un tout extrêmement puissant et coercitif. A l’écoute du morceau on a le sentiment d’un réel voyage basé sur des évolutions simples, mais efficaces et très bien amenées.

Rechaïm est un track résolument dancefloor dont l’intérêt premier repose sur la rythmique. Précédemment, les nappes représentaient à chaque fois un élément de premier plan, elles forment ici un véritable tout avec la rythmique malgré une présence moindre. Le morceau aboutit à univers violent certes, mais subtil et travaillé au demeurant. Toujours présent, le même synthétiseur propose là une ambiance bien plus oppressante et mentale qui fonctionne extrêmement bien sur un dancefloor.

Theory Is the Worst clos l’EP sur une ambiance bien plus festive avec une basse bien rebondie et des hats qui raisonnent sur un petit gimmick très accrocheur. Le lyrisme des deux tracks précédent fait désormais place à une ambiance légère qui ravira les gens aux velléités moins techno.

Si l’EP a été entièrement produit avec un simple ordinateur, un synthé et une boite à rythmes, il surprend par la propreté des morceaux qui s’avère remarquable et remettra tous les détracteurs d’Ableton en place. Cependant cette propreté peut-être également sujette à critique. Si Shlõmo maitrise parfaitement son outil et si l’Ep est remplira parfaitement sa fonction première sur un dancefloor, il manque peut-être d’un peu de folie et de chaleur.

En effet, on sent un réel affect pour la techno made in Delsin et des artistes tels que Conforce qui plane sur l’Ep. Les 4 tracks sont soignés et montrent du côté du label comme de l’artiste un souci de qualité certain. Le seul reproche sera peut-être qu’il joue sur un terrain déjà exploré qui rend difficile les surprises et l’innovation.

3,00/5