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Lorsqu’il s’agit de parler de Dopplereffekt, inutile de lambiner, autant aborder directement l’influence de son éminence grise, celle de son pilier, Gerald Donald. De la construction de la légende du groupe à la conservation de son mystère, sa maitrise de l’intégration de la fonction communication dans son discours artistique est remarquable. De nos jours, l’anonymat résulte bien souvent d’une voie de fait plus que d’une réelle volonté artistique. Cependant, la distance qu’impose l’entité de M. Donald avec son public est singulière et fait de ses projets le  symbole parfait de ce qu’on pourrait appeler de l’anti-pop. Des paroles subjectives pour le folklore, un son froid tenu par des machines, une approche scientifique détachant l’humain de l’œuvre et le plaçant au rang d’exécutant, ce qui remet étrangement la musique au centre du débat. C’est également de cette approche physicienne de la musique dont découle sa communication particulière avec les médias.

Le jeu rhétorique de Gerald Donald lorsqu’il décrit son travail joue sur deux vitesses. Il y a le discours performatif dans lequel on retrouve l’aspect scientifique de son œuvre et qui correspond clairement à une volonté de détachement l’humain par rapport à l’œuvre dans une quête d’”art absolue”. Puis, il y a les paroles et la réappropriation des codes illustrant l’anomie de la société moderne et que l’on retrouve essentiellement dans Gesamtkunstwerk, celles-ci venant gentiment détendre l’atmosphère et ajouter un peu de croustillant à sa démarche. Le tour de force  dialectique est un joli pied de nez (voir un petit foutage de gueule un peu taquin), qui fait réfléchir et une très belle insertion d’un travail artistique dans le réel. Bref, plus que de la simple musique, la profondeur du travail de Gerald Donald amène de nombreuses questions. Jusqu’où l’approche scientifique de la musique doit-elle aller pour ne pas dénigrer l’humain et le subjectif ? La quête de l’absolu dans l’art est elle vraiment un mal nécessaire ? Sortie de son contexte une démarche artistique contient-il autant de sens ? Où est-ce que le politique commence, où est-ce qu’il s’arrête ? Bref, autant de questions que Dopplereffekt  soulève et laisse insidieusement ouverte à la libre appréciation de l’auditeur. En dépit de toutes ces problématiques, on vous a sélectionné des tracks emblématiques de plusieurs des projets gravitant autour de cette formation hors-norme.

Dopplereffekt jouera au Batofar le lundi 10 novembre pour la soirée des  4 ans de Phonographe Corp!

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