DMarcCantu

3,5/5

Après une année 2014 prolifique, l’américain D’Marc Cantu revient avec un EP sur Drone Records qui marque une nouvelle mutation sonore dans sa production, et la naissance d’un nouvel alias…

Originaire de la banlieue de Detroit, D’Marc Cantu est un phénomène à part dans la scène électronique underground. Administrateur système dans une université du Michigan, son attitude plutôt « low-profile » (il se produit peu en live et compose sur son temps libre) contraste avec son incroyable productivité : 2 albums et 17 EP en 7 ans, sur des labels comme Nation, Creme Organization, MOS ou Spectral Sound.

Sur le plan purement musical, c’est son aisance à osciller entre acid, electro et house tout en gardant une cohérence sonore qui impressionne, notamment grâce à sa capacité à équilibrer rythmiques saturées et éclaircies mélodiques. C’est justement ce contraste que vient évoquer les deux faces de cet EP.

Jusqu’à présent, Drone records, le label récemment ressuscité de Richard Fearless (leader du groupe rock Death in Vegas), n’avait accueilli que les productions de son créateur (hormis quelques remixes, dont un par Legowelt). Avec ces 2 titres aux grooves bruts et hypnotiques, D’marc Cantu s’intègre aisément dans la ligne directrice du label, que Fearless décrit comme “a place for dancefloor distortion and other musical explorations”.

La face A, “Decay”, se veut cosmique, avec un beat répétitif façon Chicago légèrement ralenti, accompagné d’une basse synthétique suintante et funky, le tout orné de nappes planantes.  Un track que l’on aimerait entendre en warm-up, mais qui passe aussi haut la main le test de l’écoute domestique.

Sur la deuxième face, le titre “Rival” vient officialiser la naissance d’un nouvel alias éponyme derrière lequel Cantu se consacre à l’enregistrement en une seule prise de “jams” analogiques. Plus de synthés mais un track essentiellement percussif, brute et savoureusement répétitive à base de Korg Volca Beats (attention cette boîte à rythme low-cost va devenir culte dans quelques années…). La performance est indéniable et l’imbrication de rythmes donne une teinte épique au morceau. Si tous ne seront pas convaincus par la démarche artistique, certains y verront un sympathique DJ-tool pour faire monter la tension au sein de leur set.

S’il ne s’agit pas forcément du meilleur EP de D’Marc Cantu, Decay/Rival reste un exercice de style aux qualités indéniables, et une bonne introduction à son univers. Et ceux qui préfèrent ses productions les plus brutales peuvent aller dès maintenant écouter les déflagrations acid du nouvel EP d’AM/FM, le duo qu’il forme avec son compère James T Cotton.

Bonus : Little White Earbuds a récemment diffusé un mix de D’Marc Cantu composé à 80% de ses propres productions