Il y a 4 ans, Chassol présentait l’OVNI Nola Chérie, une oeuvre musicale sur la Nouvelle Orléans montée à partir d’images de fanfares, musiciens et artistes de la ville. Aujourd’hui son travail est clairement identifié, et après avoir réitéré l’expérience indienne en 2013, Christophe Chassol revient avec une nouvelle pièce tournée en Mars 2014 aux Antilles intitulée Big Sun. 

Jusqu’ici Chassol n’a jamais créé/sorti un disque de façon conventionnelle. Son premier album, X-Pianos, est d’ailleurs un double comprenant 35 morceaux dont les influences sont exponentielles aux ligne harmoniques des titres. Déjà, cet artiste était différent et cette première mise en bouche, aussi longue que savoureuse, laissait présager le meilleur. Un “meilleur” que l’on touche du doigt lorsque qu’il revient d’Inde avec son spectacle Indiamore où tous les morceaux sont composés autour des phrases musicales capturées lors de son périple. Avec ce deuxième disque, il démocratise alors encore un peu plus ses compositions si singulières, ses harmonisations du réel comme il le décrit, au grand public.

La recette pour ce nouvel opus, cette nouvelle vidéo, est la même que sur les 2 précédents, le pianiste tourne des images puis sélectionne parmi ses captures les lignes musicales qu’il va harmoniser pour créer son spectacle. La formule, à priori connue, donne cette fois-ci un résultat très différent et rempli de joie de vivre. Cette sensation conforte les dires que nous avait donnés le maestro en 2011, à savoir la grande influence des images sur sa manière de composer. Ici, les instants choisis sont bruts et plein de sens : on regardera avec un œil d’enfant les oiseaux, on est mélancolique devant le flûtiste au milieu du cimetière, on rigole avec les mamas sur le marché et on tape du pied sur le flow du sublime “Samak “. Après avoir voyagé aux quatre coins de l’île, le périple se poursuit en apothéose avec le carnaval. Les 4 morceaux qui présentent cette fête traduisent parfaitement l’émotion et l’intensité des vidéos. Pendant 10 minutes, l’image n’est que couleurs, sourires et danses, à tel point que le seul regret qui en ressort est de n’être que simple spectateur de toute cette effervescence. La fête est finie et l’album se termine avec 5 titres plus doux dont le formidable “Reich & Darwin” qui n’est pas sans rappeler son album X-Pianos pour conclure une oeuvre qui ne souffrira pas de comparaison tellement elle est atypique dans le paysage musical actuel.