Barbara Preisinger est de ces profils discrets, dont il est toujours plaisant d’admirer la constance. Figure féminine emblématique de la scène berlinoise depuis de nombreuses années, elle s’est illustrée à plusieurs reprises dans cette industrie pour ses capacités de gérante de labels et de DJ de haute volée. Ayant commencé sa carrière dans le légendaire temple de la techno munichoise qu’était l’Ultraschall, elle s’est également occupée de la gestion du label ~Scape, la maison de l’artiste berlinois Pole. Depuis 2009, elle s’occupe de sa propre enseigne, Slices Of Life, et organise les soirées Deep In The Box à Berlin. Après plusieurs sets au Panorama Bar, au Wilde Renate et à Paris, nous avons sauté le pas et lui avons demandé de nous faire un Phonocast. L’intéressée a également eu la gentillesse de répondre à nos questions. Bonne écoute et bonne lecture !

Barbara Presinger is one of those discreet profiles that is very pleasing to notice the consistency. Feminine figure from the Berlin scene for many years, she illustrated herself as label manager and great DJ. She started her career in the legendary Munich club Ultraschall, she also managed ~Scape the imprint owned by the Berlin-based artist Pole. Since 2009, she founded Slices of Life in Berlin. After hearing her performing in Panorama Bar and Wilde Renate, we decided to ask her for a Phonocast. She also had the kindness to answer to our questions. Good listening! Good reading!

– Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu ?

Barbara Preisinger. Je viens de Berlin. Je vais là où l’on peut entendre de la bonne musique.

– Who are you? From where are you? Where do you go?

Barbara Preisinger – Berlin – Where the good music plays.

– Comment as-tu commencé à l’Ultraschall à Munich ? Quel rôle a eu ce club dans ta perception de la fête ?

À Munich, c’était le premier club conçu uniquement pour la techno et les musiques électroniques. Cet endroit a permis de découvrir de nombreux champs d’expérimentation musicaux. C’était un énorme espace de liberté tant pour les musiques électroniques que pour les aspects plus visuels de la fête. J’allais dans de nombreuses fêtes différentes avant, mais l’Ultraschall est, sans contestation possible, le lieu qui a forgé ma perception de la musique et du club.

Pendant plus d’un an, j’y allais presque tous les weekends, j’y ai rencontré les gens impliqués dans la scène. Par la suite, j’ai commencé à travailler pour Disko B. Les connexions avec le club sont devenues de plus en plus fortes, mais je ne travaillais pas avec le club, seulement de temps à autre, j’allais chercher quelques artistes à l’aéroport.

– How did you start to be involved in Ultraschall in Munich? Which Rôle did this club have in the perception of the party?

It was the first club in Munich designed for techno and electronic music only. It opened a completely new world of musical experiences. It was a huge playground for electronic music and visual aspects. I was going to various other parties beforehand, but Ultraschall became the place that changed my perspective of music and clubbing permanently.

For over one year I hung out there almost every weekend, so, I met the people who were involved in the scene. Then, I started to work at Disko B. The connection to the club became even closer, but I was not really working for the club itself, except that I was picking up artists from the airport from time to time.

Tu as travaillé pour Disko B, quel rôle cette expérience a-t-elle eu sur ta carrière de gérante de label ?

Mes premiers pas dans l’industrie musicale, je les ai faits chez Disko B. Par le passé, c’était une énorme influence. J’étais principalement à la promotion presse, mais j’ai eu la chance de travailler sur d’autres aspects du label. On travaillait tous ensemble dans une seule grande salle incluant également l’agence de Booking Disko B.

J’écoutais énormément d’EBM et de musique industrielle dans les eighties et au début des nineties.

– You did work for Disko B, what role this experience had in your label manager career?

My early steps in the music business were the work at Disko B. Therefore it was a big influence. I was mainly working as press promoter but of course I had the chance to get insights in the other fields of label work, too. We all were sitting in one big room, including the Disko B booking agency.

I was listening a lot to EBM and industrial in the 80´s and the early 90´s.

– Pour quelle raison es-tu arrivée à Berlin ?

En 1997, j’ai rencontré Stefan Betke qui est originaire de Berlin, il s’était produit pour la première fois en tant que « Pole » à l’Ultraschall. On s’appréciait beaucoup et à l’été 1998, j’ai déménagé à Berlin.

– How and when did you arrive in Berlin? Why?

In 1997, I met Stefan Betke from Berlin, who performed as “pole” at Ultraschall the first time. We liked each other and in summer 1998 I moved to Berlin.

– Quel rôle a eu Stefan Betke dans ta carrière ? Quel est le lien qui le relie à Slices Of Life ?

Stefan est la raison pour laquelle j’ai déménagé à Berlin. À l’époque, je ne connaissais personne, il m’a présenté à beaucoup de monde. Il m’a permis de m’insérer dans la scène assez rapidement. Cependant, pour ce qui est du djing et à l’exception des bookings du label ~Scape, j’ai toujours été complètement autonome.

Dans le cadre de Slices Of Life, il a produit le premier EP et il fait les masterings de chaque sortie, mais à part ça, il n’a pas d’autres implications dans le label.

– Which role Stefan Betke had in your career? What is the link between Stefan Betke and Slices of Life?

Stefan was the reason that I moved to Berlin, and since I hardly knew anybody in Berlin he introduced me to a lot of people, so I had the chance to get into the scene pretty quickly. But for my djing (except the bookings at the ~Scape label events) I always have been completely self-responsible.

For Slices Of Life, he produced the first 12inch, and he is mastering and cutting the SOL releases, but besides this he is not involved in the label.

– Comment as-tu pensé l’identité de Slices Of Life ?

~Scape était une plateforme pour des artistes de tous bords en termes de musique électronique. Je souhaitais un label dédié à la musique club. J’aime jouer avec des vinyles, il était donc naturel pour moi de commencer avec un label vinyle. Pour moi, un vinyle a une valeur supérieure à celle d’un fichier, je le retrouve toujours dans mes étagères. Lorsque j’ai commencé SOL, je voyais toutes ces sorties disponibles en ligne bien avant qu’elles ne soient disponibles en magasin. Pour ma part, je ne souhaitais pas alimenter le marché du téléchargement gratuit avec des promos.

En revanche, il me semble important que les disques soient disponibles. Si les gens apprécient la musique, je fais en sorte que les gens puissent accéder facilement au disque. Par conséquent, selon la demande et les possibilités, j’essaye de represser le disque pour les intéressés.

Je ne suis pas une fanatique du vinyle, je vois également des opportunités et des alternatives dans l’industrie digitale. Jusqu’à présent, le vinyle est mon support favori mais je n’ai aucun problème à jouer des fichiers de temps à autre, tant que la musique est bonne et que ce n’est pas du MP3.

Les connexions avec les artistes de SOL se sont faites au fil des rencontres et des amitiés mais je ne me restreins pas à mon petit cercle d’amis. J’écoute régulièrement les démos que je reçois et je reste ouvert à tout ce qui peut retenir mon attention chez d’autres artistes.

– How did you shape SOL’s identity? How do you design the catalog of the imprint?

Since ~Scape was an open platform for various kinds of electronic music, I wanted to start an imprint for club music only. I love to play vinyl; therefore it was natural for me to start a vinyl label. For me, a vinyl record has a still completely different value than a file – and I always will find it my shelf. When I started SOL, I saw all these releases that were available for free long time before the record was even out. I did not want to feed this free download market with adding digital files from my side.

However, I want to keep the records available. If people love the music and if they want to buy the vinyl record, they should have the possibility to buy it. Therefore, I try to repress the records as long as people are interested in them.

But I´m not a vinyl fanatic, I also see some positive aspects and possibilities of the digital world, too. So far, Vinyl is my preferred media, but I have no problem with playing files from time to time, as long as they sound good and are no mp3.

Regarding, the connections to the artists on Slices Of Life came through personal relations and friends, so far, but I don’t limit myself to my inner circle. I regularly check demos and keep my ears open to find something interesting from other artists outside there, too.

– Tu es l’une des rares DJ’s qui ai fait ce choix d’être DJ, gérante de label et promoteur d’événements, mais pas productrice. Penses-tu que ce soit un choix facile à assumer ?

Mes premiers pas dans l’industrie musicale en dehors de celui de consommateur de musique étaient ceux d’organisateur d’événements pour Disko B. Le djing a commencé à peu près au même moment, mais au départ j’étais bien plus intéressé par ce qui se passait derrière la scène. Depuis ces temps-là, j’ai toujours eu l’habitude de combiner le travail d’organisateur et le djing.

De nos jours, les DJ’s sont obligés d’être producteurs afin de promouvoir leurs dates, c’est un système que je n’ai jamais apprécié. Aujourd’hui il semble que la qualité du djing revêt un rôle de plus en plus accessoire.

Peut-être que je me mettrais à la production, si l’on me donne du temps et la liberté de me concentrer sur cette activité pour développer quelque chose. Lorsque je commence quelque chose, j’aime le faire dans les règles de l’art. Si je m’y mets, je ne me vois pas demander à un ghostwritter de produire puis mettre mon nom sur le macaron. Cela impliquerait pour moi d’arrêter une de mes nombreuses activités et de travailler pendant un bon moment sur le sujet, ce qui n’est pas la chose la plus simple à faire pour moi maintenant.

– You are one of the few DJ that made the choice to be DJ and label manager and party promoter, but not producer. Do you think that is an easy compromise to do?

My first steps in the music business besides being an addicted consumer were organizing own parties and working for Disko B . The djing started about the same time, but in the beginning I was very much interested in the work behind the scenes. So, I always have been used to combine work in the background and djing up until now.

Nowadays dj´s are forced to become producers in order to promote their gigs – a system that I never liked since more and more often the quality of djing is playing a side role.

I might get into production, if you would give me enough time and freedom to work concentrated on it and develop something. If I start something, then I try to do it well. I could not imagine asking a ghost producer to make music for me, and I put my name on the label. But starting to produce music would mean I would have to quit a lot of other activities and work for a while – which is not the easiest thing to do.

– Comment vis-tu avec ça au jour le jour ?

J’aime digger, j’aime mixer et j’aime sortir en club, c’est ce qui me donne de l’énergie.

– How do you deal with it even with years of activity in this industry?

I love digging for music; I love djing and I like to go out to clubs. It keeps my energies alive.

– Quelle est la meilleure preuve de reconnaissance lorsque l’on travaille dans cette industrie ?

Travailler AVEC et POUR quelque chose que l’on aime.

– What is for you the best reward working in this industry?

Working WITH and FOR something that I like.

– As-tu un modèle particulier qui t’ait poussé à faire ce que tu fais aujourd’hui ?

Non, pas particulièrement.

– Did you have a model that pushed you to do what you are doing today?

Not really

– Tu as également un bagage en musique expérimentale, qu’est-ce qui stimule ta curiosité de nos jours ?

Malheureusement, mon temps est limité pour ce qui est des nouveautés dans le genre. Néanmoins, j’ai beaucoup apprécié les sorties de Klara Lewis, Peder Mannerfelt, Ben Frost …a.o..

– You also have an interest in experimental music, what arouse your curiosity nowadays?

Unfortunately my time is limited to get to know all the new experimental stuff which is coming out, but recently I liked the releases by Klara Lewis, Peder Mannerfelt, Ben Frost…a.o..

– Peux-tu nous expliquer le concept derrière Deep In the Box ?

Deep In The Box s’inscrit dans la continuité de la série de soirées que j’organisais avec Daniel Bell de 2008 à 2009. Lorsque Daniel a déménagé de Berlin, j’ai continué l’événement de mon côté au Club Der Visionaer. De là, j’ai migré au Wilde Renate avec le nom Deep In The Box, mais en conservant le même concept, de la house chaleureuse, de la deep techno et des invités variés toute la nuit.

Je n’ai jamais cessé d’être impliqué dans la musique de club et cela fait partie intégrante de ma perception de la musique. Pendant un moment, la musique expérimentale a représenté un centre d’intérêt important pour moi, mais la techno, la house et les fêtes ont toujours joué un rôle important pour moi.

– Could you describe Deep In The Box?

Deep In The Box was the follow up of the Deeperstill series that I was hosting together with Daniel Bell in 2008 / 2009. When Daniel was not living in Berlin anymore permanently, I continued the series on my own at CDV. Then I went at Wilde Renate under the name DEEP IN THE BOX, but with the same concept: playing warm sounding house and deep techno with various guest dj´s all night long.

I never stopped being involved in club music, and it always has been a part of my musical perception. When we were running ~Scape, I had a bigger focus on experimental music for a while, but techno, house, and the parties always were playing a very important role.

– Quels sont tes prochains projets ?

Un nouvel EP de The Mole à paraître le 6 ou 7 avril.

– What are your next projects?

A new 12inch by The Mole, which will be released the April 6th or the April 7th.

– Comment as-tu conçu ce mix pour Phonographe Corp. ?

J’avais quelques morceaux et une atmosphère en tête et je voulais commencer de là pour voir où cela me mènerait.

– How did you design the mix you did for Phonographe?

I had a few tracks and an atmosphere in mind that I wanted to start from and then see where the journey would go.

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