rodrigo

Rodrigo Plaça, l’un de nos correspondants brésiliens, a soigneusement concocté pour Echoes une sélection de boogie brésilien. Professeur de géographie la journée, digger notoire la nuit, Rodrigo s’adonne depuis plusieurs années à une vaste exploration musicale qui lui vaut aujourd’hui une jolie collection de vinyles, ainsi qu’une ample palette de connaissances en la matière. Il vous propose donc d’accompagner l’écoute d’un brin de lecture, en retraçant l’histoire des morceaux sélectionnés.

Rodrigo Plaça, one of our Brazilian Correspondents, cherishingly concocted an eclectic selection of Brazilian Boogie tracks for Echoes. Geography teacher during the day and notorious digger during the night, Rodrigo has been long devoted to a wide musical exploration, which has warranted him a great record collection, as well as a broad pallet of knowledge in the field. He therefore proposes you to accompany the listening with a strand of reading, tracing the stories behind the selected tracks.

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“En plus d’être une playlist, Brazilian Boogies / Funk 80’s est une recherche musicale plus particulièrement ciblée sur un genre qui a indéniablement marqué la fin des années 1970, ainsi que le début des années 1980 : le boogie. Le “boogie” est un terme utilisé pour décrire les sons nés au cours de la période ‘Post-Disco’. Principalement influencé par la funk et fortement associé à des labels américains, tels que SAM Records, Prelude et West End, le boogie représentait une sorte de pas en avant suite à l’introduction de la disco, bien que caractérisé par une approche nouvelle. Au Brésil, le genre prit forme au travers des superbes compositions de la bien connue triade Lincoln Olivetti – Marcos Valle – Sergio Sá. Dans celles-ci, la présence vocale de Tim Maia vient régulièrement dialoguer avec un éventail d’artistes brillants tels que Oberdan Magalhães (Banda Black Rio), Márcio Montarroyos, Leo Gandelman, Serginho Trombone, Zé Carlos et Bidinho.

Cette sélection musicale contient donc quelques unes de leurs sorties, certaines mondialement célèbres, d’autres moins connues. Ces dernières ont véritablement vu le jour au début des années 1980, avec une touche de black music américaine, alliant avec fraîcheur le raffinement à l’expérimentation. Bien que truffée de sons variés, leur composition n’a, pour autant, jamais cessé d’être rythmée par la culture brésilienne. Pour rappel, le style musical de l’époque était, par ailleurs, étroitement lié à la danse puisque le milieu des années 1980 était fortement marqué par son public de danseurs invétérés issus de la West-Coast américaine.

In addition to being a playlist, ‘Brazilian Boogie / Funk 80’s’ is also a musical research, specifically focused on the genre that undoubtedly marked the end of the 1970’s and early 1980’s: the so-called ‘Boogie’. ‘Boogie’ is a term used to describe the sounds which were born during the ‘Post-Disco’ period. Mainly influenced by Funk and strongly associated with American labels such as Sam Records, Prelude or West End, Boogie was like a step forward in the musical perspective born with the introduction of ‘Disco Music’, though with a whole new approach. In Brazil, the genre took shape with the superb arrangements brought by the well-known Lincoln Olivetti-Marcos Valle-Sergio Sá triad. In the former, Tim Maia’s vocal presence could often be caught conversing with a range of bright musicians, such as Oberdan Magalhães (Banda Black Rio), Márcio Montarroyos, Leo Gandelman, Serginho Trombone, Zé Carlos and Bidinho.

This musical selection, therefore, contains some of their records, sometimes broadly celebrated, sometimes less known. These releases, ultimately came to light during the early 1980’s, with a touch of American Black music, as well as with a fresh combination of both sophistication and experimentation. Even though filled with a variety of sounds, their composition never ceased to get its rhythm from the Brazilian Culture. It should be noted that the musical style is strongly linked to dancing, as the mid-80’s, were marked by USA West Coast’s public of inveterate dancers.

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Plus traditionnellement, la musique brésilienne est reconnaissable par le contenu de ses textes, toujours habillés d’une plume poétique. Cette perception musicale a ainsi porté la naissance d’une véritable légion de “musiciens-penseurs” qui avait pour habitude de se servir des paroles afin de refléter ce que le pays – voir même le monde entier – pensait, craignait et vivait à un instant T de son histoire. Ces compositions sont donc apparues comme un langage universel, puisque, souvent influencés par les mêmes artistes, leurs musiciens et leur public semblaient partager un certain sens esthétique, ainsi qu’un point de vue commun sur la musique. En deçà de cette vision commune, chaque composition reste néanmoins unique, avec son propre message ; qu’il s’agisse d’inviter à réfléchir, analyser, questionner ou se souvenir, ou encore d’éveiller des émotions telles que la joie, la tristesse ou le chagrin. Elles traitent de l’union, tout autant qu’elles appellent à l’introspection. Personnellement, je vois la black music comme une exploration électroacoustique, telle une multitude de possibilités musicales, ouvrant à une pléthore de perceptions, selon lesquelles chacun joue, écoute ou éprouve de manière aussi unique que tumultueuse.

En conclusion, les paroles du boogie brésilien ne sont autres qu’un facteur secondaire dans son appréciation, face au plaisir procuré par ses sons, ses textures, ainsi que l’ensemble de sensations qu’il est en mesure de générer. Ce qui me touche le plus est indéniablement la composition de ses morceaux, ainsi que la manière dont les instruments parviennent à dialoguer, racontant l’histoire de toute une génération. Ce que je souhaiterais offrir au travers de cette recherche, c’est une palette de rythmes à mi-temps, remplis de variations et d’improvisations, faits d’incroyables lignes de basses, de mélodieux accords, de compositions sophistiquées, de fabuleux phrasés, ainsi que, bien sûr, d’un usage accru de synthés hypnotiques. Sur ces paroles, je vous laisse donc profiter de ce voyage sentimental, au coeur de l’univers du Boogie brésilien. Soyez les bienvenus !

Traditionally, Brazilian Music is easily recognizable by the contents of its lyrics, as they always benefit from a strong poetic stroke. This musical perception thus undoubtedly brought-up a legion of thinking musicians, who used letters to reflect what the country – or even the world – thought, feared and lived at a particular time in its history. These compositions proved to be common ground, as both musicians and listeners seemed to be driven by a similar sense of aesthetics, often being influenced by the same artists, and, therefore, seeing music from the same angle. In addition to this common vision, each composition also served its own unique message. Either it was about making us think, analyse, question, remember or being drawn by emotions such as joy, sadness or even sorrow, each of them served its own purpose. These compositions were about uniting just as much as they were about triggering a genuine dive into an introspective journey. I see Black Music as an electroacoustic exploration, as a multitude of musical possibilities, delivered through a plethora of perceptions, in which each plays, hears or feels in a unique, as well as tumultuous manner.

To conclude, Brazilian Boogie lyrics are none other than a secondary factor in its appreciation, before the delight of its sounds, textures and set of sensations it can generate. What moves me the most is undoubtedly its songs composition, as well as the way instruments converse with one another, telling the story of a whole generation.  Through this research, I would like to provide a pallet of mid-tempo rhythms, full of variations and improvisations, with amazing bass lines, melodic chords, sophisticated arrangements, fabulous phrasings and, of course, with a strong use of hypnotic synthesizers. I will now let you fully enjoy this beautiful sentimental journey in the midst of Brazilian Boogie’s world.  Welcome!”

– Rodrigo Plaça

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