Essayer de faire une playlist du travail d’Andrew Weatherall, cela revient à résumer Guerre et Paix en un tweet, ça implique forcément une perte de substance. Pour cause, cela fait plus de trente ans que l’artiste occupe le terrain, vivant sa carrière d’artiste de manière anachronique. Cela ne semble choquer personne, pourtant cela explique probablement la longévité de cette carrière de bâtisseur hors du commun. En effet, si l’on analyse les faits, c’est la production de Screamadelica en 1991 qui a forgé la réputation d’Andrew Weatherall puis l’album de The Sabres Of Paradise en 1993. Au lieu de s’arrêter à ces succès, le forcené a produit plusieurs centaines de remixes puis s’est mis à jouer de la musique et à chanter sur plusieurs de ses projets. Andrew Weatherall a eu une carrière finalement jouée en reverse, allant du succès commercial à l’underground, là où bon nombre de producteurs se font la dent sur des remixes pour s’atteler par la suite à leurs propres morceaux, l’artiste a choisi de faire exactement le contraire et prendre l’industrie à rebrousse-poil. Il a réussi à imposer son esthétique au fil des époques et au travers de ses multiples collaborations.

Enfant de la classe moyenne, Andrew Weatherall grandit en s’abreuvant de rockabilly et de glam rock puis découvre le punk à l’adolescence. En 1986, il découvrira les acides et fondera avec Terry Farley, Boy’s Own, un fanzine qui deviendra plus tard un label mythique. L’enseigne accueillera notamment à Underworld, mais aussi des projets tels que Bocca Junior, un quintet de l’artiste réunissant Terry Farley, Pete Heller Hugo Nicholson et Anna Heigh. Andrew vient du rock mais saute à pieds joints dans l’acid house, puis dans des contrées plus expérimentales notamment avec Two Lone Swordsmen, un projet qui durera plus de 10 ans et s’achèvera en 2007. 20 ans après le début de sa carrière, il produit finalement son album solo sur son label Rotters Golf Club sur lequel l’artiste joue et chante. Une telle attente avant ce premier album solo s’explique peut-être par sa sensibilité rock. En dehors de ses remixes, il semble vraiment s’épanouir au sein de collaborations. L’artiste explicite également une certaine gêne lorsqu’il s’agit d’avoir son nom en haut de l’affiche, nom qu’il préfèrera dissimuler derrière ses multiples projets. D’ailleurs, en 2013, accompagné de Tim Fairplay, il recommence un projet orienté garage rock, The Asphodells, avec l’ancien batteur du tristement défunt groupe Battant.

Andrew Weatherall est un personnage emblématique de la scène anglaise, c’est surement l’un des rares artistes qui réussit à la fois à incarner la sensibilité rock et l’archétype du DJ au sein de la dance music. À mi-chemin entre deux scènes, il est également intéressant de noter que le gérant de label a du mal à rester en place, en témoignent ses nombreux projets de label : Boy’s Own, Rotters Golf Club, Moine Dubh. Curieux et avide de nouveaux talents, il aura révélé de nombreux groupes. Soit en les adoubant de sa patte de remixeur, un exercice de style au travers duquel il s’est pleinement épanoui tout au long de sa carrière, soit en les produisant  ou les signant sur ses différents labels. Grâce à une capacité à jongler avec différents projets, il aura toujours réussi à se renouveler, insufflant une esthétique rock à la dance music sans pour autant se faire fossiliser par l’air du temps. Finalement, Andrew Weatherall est l’un de ses rares artistes à avoir une carrière à cheval sur 4 décennies faisant la transition du punk à la musique expérimentale en passant par l’acid house et le garage rock les doigts dans le nez. Son esthétique et sa posture singulière en font un artiste à part entière qui a traversé l’histoire des musiques électroniques.

Andrew Weatherall jouera ce samedi au Peacock Festival pour gagner vos places tentez votre chance ici

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