Du 25 au 30 septembre se tient une nouvelle édition du Red Bull Music Academy Festival Paris 2017. Au programme : des concerts, des expositions, des conférences et des soirées qui vont animer la capitale du lundi soir au dimanche matin, du Trabendo à Montreuil en passant par le Palais de Tokyo ou le Balajo, ce volet s’annonce grandiose.

Entre étoiles montantes et légendes, la programmation mettra en lumière la nouvelle scène rap franco-belge, la musique ambiante, la nostalgie du boogie  et la musique électronique sous toutes ses formes pour un final en grande pompe à Montreuil, retour sur ces nuits qui vont marquer la semaine.

PARIS L.A. BRUXELLES

En 2017, on ne parle plus vraiment de rap français mais plutôt de rap francophone avec l’arrivée massive de deux marchés longtemps ignorés, la Suisse et la Belgique. A Bruxelles, les collectifs n’ont jamais manqué mais les médias les ont trop longtemps ignorés. Il a fallu attendre 2015 et l’entrée fracassante de Hamza – considéré comme un Future à l’européenne – pour que les projecteurs se braquent enfin sur le plat pays. Il n’en a pas fallu plus pour réaliser que ce n’était que l’arbre qui cache la forêt et qu’un vivier évolue depuis bien plus longtemps. Le second coup de massue a été le tubesque « Bruxelles Arrive » de Elvis Roméo et Caballero, levant ainsi le voile sur leurs propres collaborateurs, respectivement L’Or du Commun et Jean Jass, actifs depuis plusieurs années.

Bien entendu, Damso n’est pas étranger à ce phénomène et a porté le coup de grâce avec Batterie faible sorti en 2016 sur 92i et certifié disque de platine. Son successeur, Ipséité, lui a emboîté le pas quelques mois plus tard et tâte déjà le triple disque de platine. Aujourd’hui, les ponts entre la scène française et belge sont évidents : que ce soit Damso qui collabore avec Vald et l’écurie 92i (Benash, Booba, Syboy…), Caballero qui backait Alpha Wann, Roméo Elvis en featuring avec Lomepal… Ces artistes prônent une non-prise de tête et un soutien mutuel malgré les esthétiques très disparates d’un projet à l’autre. La défiance belge personnifiée dans le Manneken Pis se ressent jusque dans les lyrics et on ne peut s’empêcher de penser aux meilleurs des buddy movies (expression utilisée par les chroniqueurs de l’émission NoFun pour qualifier ce phénomène).

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=9vSpgfZeuMA&w=560&h=315]

Sous couvert de la RBMA, Yard et Free Your Funk ont réuni des rappers français et belges aux attitudes similaires pour enregistrer une mixtape exclusive produite par la légende de la West Coast, The Alchemist (producteur de Mobb Deep, Prodigy, Action Bronson, Kendrick Lamar). On retrouve donc Jazzy Bazz, Deen Burbigo, Jean Jass et Caballero, Prince Waly ou Lomepal sur ce disque dont le contenu sera dévoilé sur scène, avec la même équipe. Un événement majeur pour qui suit le rap actuel !

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=QYE2yIijan4&w=560&h=315]

Paris L.A. Bruxelles – Red Bull Music Academy Festival Paris Mixtape

3615 Boogie

Le jeudi 28 septembre mettra à l'honneur un genre méconnu, franco-français mais au inspirations diverses : le « french boogie », le tout dans le mythique Balajo - dancing historique du quartier Bastille.
Le french boogie, c’est quoi ? Du groove, du funk, de la disco, un peu de rock chaloupé, de la pop second degré mais bien faite et surtout - surtout ! - des paroles insouciantes, décalées et parfois très hot, le tout chanté en français. Cela fait beaucoup de choses en même temps, oui, mais nous pourrions le résumer plus simplement en funk français. Globalement, les sorties emblématiques se sont écoulées entre la fin des 70s et le milieu des 80s, collant d’abord au funk puis à la disco.

Leurs chefs de file ne vous disent peut-être rien, ou bien sont habitués des ondes de Chante France ou de Nostalgie pour certains d’entre eux, mais ils ont pourtant tous œuvré pour l’une des plus belles - si ce n’est des plus fun - « vague » musicale : Élegance, Dee Nasty, Micky Milan, Michel Fugain, Le Club, Thierry Pastor, François Feldman, Interview, Axel Baeur, Serge Delisle ou encore Bibi Flash et Plaisir. Même des gens comme Thierry Le Luron ou Guy Bedos s’y sont essayés.

L’aspect français est primordial ici : là où leurs homologues étrangers discutent de fête et de sexe dans le désordre, les crooners bien de chez nous ont choisi l’humour, la frime voir la pose. Un second degré assumé qui trouve son équilibre quoique bancale aussi bien sur disque que sur la pochette, en témoigne la sélection de Rod Glacial. Sans plus attendre, une playlist ultime pour se mettre en jambes avant la grande messe du groove en français avec Horse Meat Disco, le légendaire Micky Milan, France80 et Arthur King.

Pleine Conscience

Le vendredi sera l’occasion pour le festival d'investir le temps d’une nuit les sous-sols du Palais de Tokyo avec un plateau dédié exclusivement à la musique ambient et à ses déclinaisons.

On y retrouvera la légendaire percussionniste japonaise Midori Takada, dont le splendide Through The Looking Glass – originellement sorti en 1983 – vient d’être réédité cette année. Ayant fait ses débuts au sein du Mkwaju Ensemble aux côtés de Junko Arase et Yoji Sadanari, elle mène ensuite une carrière solo tout en collaborant à de nombreux projets, tels que Sowaka de Genji Sawai, Still Way (Wave Notation 2) de Satoshi Ashikawa ou encore Messenger Of The Wind d’Eitetsu Hayashi.

Autre représentant du genre à répondre présent, le canadien Tim Hecker s’est imposé après plusieurs albums sur Kranky (Harmony In Ultraviolet, Ravedeath, 1972) et un dernier sur 4AD (Love Streams) comme figure incontournable d’une musique ambiante moderne, sensible et savamment texturée. Le projet ambient-techno de Wolfgang Voigt (co-fondateur de Kompakt), Gas, fera son retour après huit années d’absence tandis que l’américain Prurient présentera un live exclusivement hardware. Enfin, on retrouvera les sonorités expérimentales et industrielles de l’artiste et productrice chinoise Pan Daijing, dont le premier album Lack est sorti sur Pan cette année.

Une nuit à Montreuil

Marie Davidson qui a fait « adieu au dancefloor » viendra faire son apparition au cours de la nuit du 30 Septembre. Cette canadienne, tantôt poète, tantôt musicienne a sorti son dernier EP sur le label cititrax. Un beau témoignage entre électronique et poésie chantée. La poésie partira en éclat avec l’arrivé de Alessio Natalizia. Si Not waving poursuit ses rythmes industriels de son dernier EP Animal signé sur le label diagonal, il transformera sans doute la scène en outil expérimental.

Quant à Zombie Zombie, ils installeront des couleurs au tableau. Membres du label versatile, ce groupe d’electro-pop rehaussera les esprits les plus sombres. Bel essai … qui ne durera pas. L’arrivée de AZF, December, Simo Cell, The Pilotwings et Voiski monteront le BPM d’un cran. Après la résonance du néant, les lumières africaines-tropicales éclaireront cette nuit. Nous faisons référence aux arrivées de Edmond Mondésir, Gérard Pomer et le groupe Kayou-Ka, Hugo Mendez et DJ Nomad (Africaine 808).