Une rumeur prétend qu’en qualité de DJ, Dasha Rush apprécie qu’on atténue les lumières qui l’éclairent. On serait tentés d’y croire avec son dernier album Sleepstep – sous-titré Sonar Poems for My Sleepless Friends – qui propose de nous accompagner dans ce basculement vers le sommeil. Avec des sorties plutôt dansantes sur Sonic State ou encore son propre label Fullpanda, Dasha Rush témoignait déjà d’une attention particulière sur les ambiances. Ici, elle délaisse les kicks pour donner sa pleine mesure au travail d’ambiance.

Dasha ponctue l’album de paroles rassurantes. Elle nous raccroche à du concret – jusqu’à nous réciter un poème – pour pouvoir mieux nous abandonner par la suite. Telle une guide personnelle, elle favorise notre introduction en douceur dans un voyage intérieur, purement abstrait, qui pourra être aussi bien lumineux qu’inquiétant.

 

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Dès la nappe dense d’« Intro – Space Privet for Cosmonauts », une écoute attentive s’impose. Le travail de spatialisation du son et le soin apporté aux différentes nappes et textures fournissent un album planant, profond et dynamique. L’auditeur est amené vers des territoires lointains avec l’impression contradictoire de les avoir déjà appréhendés à de nombreuses reprises. Parmi ses teintes caractéristiques, on peut citer le bizarre, forgé par la spontanéité amusante de « To Lucy in the Sky, Lost Diamonds » ; l’aliénation, marquée par les battements autoritaires de « Abandoned Beauties and Beasts »; le stress, véhiculé par les reniflements nerveux de « Time Whispers and Albert » ; le vide, que laissent présager les drones sourds de « Fog, Dogma and Bread », « Life Time Poem » et « Outer Space » ; ou encore la tristesse, émanant des silences pesants de « A Minute After War ».

Les plus beaux instants sont probablement les chœurs dans « Antares », dans la petite sirène de « Sail Away to Her » ou dans « Micro Universe », qui rajoutent un caractère épique à l’ambiance générale de l’album.

La qualité du storytelling et du sound design font de Sleepstep un très bon album ambient. Sa douceur féminine le démarque des autres références du catalogue de Raster-Noton, davantage enclin aux expérimentations masculines.

L’album est disponible sur la boutique du label Raster-Noton.