Dawn Razor - Blizzard (Dext Recordings)

Plus d’un an après sa dernière sortie, DEXT Recordings rechausse les crampons. La maison de disques londonienne, dirigée par Haze, a une excellente histoire, qu’on ne présente plus : entre des productions d’acteurs très connus dans la scène bass et techno UK, comme Bruce, Hodge, ou Troy Gunner, elle a aussi contribué à l’émergence d’artistes de tout premier plan, dont le statut a été initié et affirmé par les productions sur ce label. Ainsi Otik, avec un grand nombre de productions, mais aussi Mella Dee, Pugilist, Bodyjack, ont imprimé leur nom sur la ligne musicale de Dext, entre techno anglaise, garage et un peu de drum and bass. Dext revient donc, et propose un EP par Dawn Razor, Blizzard.

Dawn Razor est de ces artistes qui savent avoir un noyau stylistique bien affirmé, tout en sortant, à l’occasion, des morceaux qui s’en éloignent, ce qu’il n’est pas facile de faire avec qualité. Si le cœur de métier du producteur russe, actif depuis 2017, est la techno régulière, profonde, avec une importante composante de nappes (“Back home again” sur Bazovoe Techno, “Warp” sur Flash Recordings, “Acid Funk” sur R&S), Dawn Razor a aussi multiplié les écarts musicaux avec bonheur : on notera les breaks de “Glides”, sorti sur NARA Recodrs avec Archetech, le style plus UK de “Be As One 2” sur Holdings Hands ou de “Svetalo” sur Diffuse Reality Records – notre coup de cœur -, qui roulent bien, ou encore des tracks plus folles, comme “Wonder Land” sur Nara encore.

Dans son EP Blizzard, qui comporte aussi un remix par Desert Sound Colony, Dawn Razor allie les sonorités techno de son cœur de métier avec des rythmiques non régulières. Dans la track “Blizzard“, que nous proposons en première, c’est tout à fait ce qu’on retrouve : aux grands nappes des synthés, à la régularité des hi-hats, aux sonorités lointaines et profondes, s’ajoutent deux éléments qui donnent une empreinte plus anglaise : un kick breaké, qui fait partie de ces pattern dont on ne sait pas s’ils donnent au morceau une dynamique en quatre ou en deux temps ; et un jeu constant de caisse claire, qui joue sa partition jamais identique tout au long des six minutes. Mais qu’on ne s’y trompe pas : le protagoniste, c’est la basse, qui court en continu et tricote en arrière-plan. Aussi ne faut-il pas être surpris de l’irruption d’un synthé qui racle (4:00), très fort à la première écoute : ce n’est là que l’accomplissement des modifications progressives de la même basse, dont le timbre s’est étoffé petit à petit sans qu’on s’en aperçoive, et qui s’en retourne comme elle est venue, disparaissant ensuite avec l’énergie contenue qu’elle avait au début.