syracuse cover(1)On vous avait déjà parlé d’Antinote il y a peu, interviewant le talentueux DJ parisien Zaltan, son fondateur. Composée d’Antoine Kogut et Isabelle Maitre, la formation Syracuse signe avec Lovventura/Latomia la neuvième sortie du label parisien et son deuxième disque. Au programme, une pop électronique et mélancolique qui vaut le détour – en y allant justement par quatre chemins.

 

Sorti cette fois-ci au format 45 tours, ou 7″ comme on dit, Lovventura/Latomia ne surprendra pas ceux qui suivent le duo. On y retrouve cette même atmosphère électronique baignée dans la pop psychédélique façon 70’s. Disque hybride à l’image de ces mêmes 45 tours qu’Antoine aime collectionner, c’est un bel objet musical à “l’aura” (Benjamin) bien présente. Frustrant, difficile à classer, il trouvera sa place de lui-même chez qui apprécie tout autant le beau que l’idée ou le concept le faisant émerger : du choix du format à la frustration qu’on éprouve à l’écoute de “Latomia” par exemple, définitivement trop courte, tout concourt à produire ou reproduire ce sentiment bien particulier, celui que l’on éprouve face à un vinyle un peu spécial.

“Latomia” et son clip se marient très bien : les mélodies synthétiques peignent une sorte de bossa nova accélérée et l’on a pas de mal à s’imaginer sur la plage à avoir enfin trouvé le repos ou dans l’eau, emporté sans violence ni fracas par les rouleaux d’une déferlante sentimentale à basse vitesse, réussissant l’union d’un certain kitsch et du bon goût. “Lovventura” est quant à elle plus reposante, plus propice à l’abandon qu’à la rêverie active : sur une suite d’accords joués à la guitare folk, Isabelle pose sa voix, calmement, sans soucis. Au loin, on entend le souffle des synthétiseurs…

La première sortie, Giant Mirrors, avait été l’occasion de découvrir le duo sous ses différentes facettes, toutes assumées dans une même esthétique que l’on qualifierait volontiers d’ouverte : “Sphere and Cylinder” prenait l’allure d’une ballade afro-électronique éthérée et “Surface of Revolution” proposait une méditation poético-psychédélique sur fond de nappes et vocaux sortis d’une autre époque. Enfin, “Giant Mirror”, le titre éponyme, était comme la touche finale de ce tableau polychrome : une suite d’accords de piano efficaces à l’ancienne, une bassline acid en fond accompagnée d’une rythmique énergique, des vocaux au groove exotique qui rappellent certaines chansons brésiliennes et, pour finir, une belle montée en puissance tout le long du track. Il n’en fallait pas plus pour séduire l’amateur d’éclectisme et de nouveautés ou tout simplement le mélomane ouvert aux jolies choses, ceux-là même qui semblent constituer le public hétéroclite du label. Clairement hors-format, le disque venait après une première sortie signée Iueke et très techno, d’une manière elle aussi très originale. Il sonnait comme un avertissement : nous irons là où la musique nous mène.

C’est parce que Syracuse est avant tout une formation live que la polyvalence y apparaît comme un fer de lance pour ses protagonistes, tant dans la composition que sur scène. Capable d’électriser un club avec un live analogique noyé sous les lasers disco et les synthétiseurs acides, le duo s’élargit au gré des dates et des nécessités, faisant de la géométrie variable un axiome artistique. On le voit sur la vidéo qui suit, Syracuse n’est pas que cet havre de paix où l’on peut se laisser aller, façon dolce vita, et mélanger géographie onirique et géographie tout court : le temps y est très changeant et au soleil peut succéder la tempête.

En définitive, il s’agit donc d’un bon disque où le plaisir de l’écoute se mêle au plaisir de l’objet, provoquant des vagues de sensations un peu complexes et difficiles à définir, un peu comme cette ambiance qu’affectionnent les dandys et autre des Esseintes, comme si l’on s’abandonnait à la rêverie tout en sachant pertinemment qu’un jour, il faudra mourir. Mais qu’importe.

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3,75/5