Le 13, 14, et 15 mai se déroulait la session Parisienne du festival VISION’R. Cet évènement dédié aux scènes live, aux performances transversales et au VJing, tient cet été sa sixième édition. Il rassemble des artistes et des collectifs du monde entier dans le but d’initier des coopérations internationales et promouvoir le travail des différents labos et associations engagées dans cette recherche scénique que peut être l’art video et qu’est le VJing. Nous nous y sommes donc rendus ce dimanche et avons assisté à la représentation/concert d’ E.S.O.C., groupe de performers encagoulés s’agitant sur des riffs noisy et produisant ce qu’ils appellent un “concierto accion”. Les uns balancent le son depuis leurs ordis tandis que les autres, armés de fouets et d’artefact ménagers, se faufilent gauchement dans la petite foule et interpellent personnellement le spectateur par des micro-scènes. 

Un jeune homme frêle s’approche, à moitié nu, un cadre de tableau tenu autour de son visage luisant de vaseline et parsemé de confettis fluos. Il se pose en face de nous à quelques centimètres et se cache derrière une page de quotidien espagnol. Il revient plus tard et nous remet à chacun dans un geste court et solennel un sac à vomir dans lequel on a mis entre deux tranches de baguette un billet de 500 euros en sucre. Le message politique est ainsi porté jusque dans les mains du spectateur, au cas où la projection de plans de porcheries et la volonté musicale “hard listening”  n’avait pas suffit à nous convaincre des vues anticonformiste du groupe. Des pages de livres sont arrachées, un crissement suraigüe vous oblige à vous boucher les oreilles, les cagoules prêchent dans un déluge de plumes, on tente de nous chasser à coup de parapluie du fond de la salle où nous étions confortablement installés. Une dénonciation spectaculaire de la société du spectacle est en cours. Apparemment nous sommes là pour prendre notre leçon.

Nous aurions aimé en voir plus, ou plutôt moins. Nous ne savons plus, à la sortie de cette bruyante expérience, si nous sommes d’ennuyeux conservateurs parisiens ou si la scène n’était qu’un défouloir et nous des paires d’yeux et d’oreilles à choquer à tout prix. Ce néo-butho à l’espagnole provoque néanmoins cette interrogation physique sur la place du spectateur par rapport à celle de l’artiste et du protocole poli qui semble devoir se jouer inlassablement entre eux. E.S.O.C. va au devant, et apporte la mascarade jusque sur vos genoux (comme lorsque cette jeune fille masquée et en robe de bal est venue apposer une boite d’œuf vide contre ma braguette). Costumes grotesques, chants inaudibles et textes anecdotiques (“il ne pleut plus ” en boucle) nous ont ravis et enchantent encore notre mémoire engourdie par les infra basses.

A vrai dire je ne sais pas si j’ai aimé E.S.O.C. mais cela valait la peine d’être vu/vécu. Ce festival continue à Rome, Nantes et Minsk en partenariat avec un autre festival le LPM 2011.  Nous vous invitons à jeter un œil sur la programmation ainsi qu’à aller découvrir ces quelques artistes.

Pour plus d’informations:

FRANCIS (RADIO 00)