Après un mois de septembre sur les chapeaux de roue – marquant la fin de l’été et annonçant l’arrivée d’une nouvelle saison, la DJ et productrice RONI que l’on ne vous présente plus dans nos pages, lance cet automne une tournée de dates pour son label Nehza records, à travers différentes villes en France et en Europe. Un nouvel élément qui vient s’ajouter dans un agenda serré et confirme son statut de label under the radar.
Derrière Nehza records, RONI propose une ADN futuriste en constante évolution, conjuguant les multiples facettes de la bass music grâce à un catalogue éclectique alliant aussi bien signatures de local heroes et producteurs.ices worldwide pointues, et qui au passage ne cesse d’attiser notre curiosité. Un prochain rendez-vous pris ce vendredi 11 octobre à La Station pour inaugurer la sortie de sa dernière compilation Transaere.
Comment ça va en cette rentrée ? Un peu chargée j’imagine ?
Une rentrée sportive mais positive ! J’ai repris assez fort avec plusieurs dates, j’ai joué la semaine dernière au festival Waterworks à Londres, ce qui m’a donné de l’inspiration pour la suite de l’année ! Je suis actuellement en tournée avec mon label Nehza, avec 7 dates à la clé, en France et en Europe.
Justement, ton label Nehza records vient de fêter cette année ses trois ans. Tu nous en parles un peu plus ? D’où vient-il ?
Nehza fait référence au nom d’un film d’animation chinois des années 70 que je regardais en boucle quand j’étais petite. Il raconte l’histoire magique d’un prince qui se bat contre des dieux dragons. Quand je cherchais un nom pour mon label, cette référence s’est révélée un peu tout naturellement. J’avais aussi envie de faire un pont entre la nature et les pouvoirs magiques de la nature.
L’idée de créer mon propre label, c’est un rêve de longue date. Les choses se sont mises en place les unes après les autres, d’abord par l’apprentissage du DJing et avec mes émissions de radio sur Rinse. Lorsque je me suis sentie plus en confiance et légitime, j’ai commencé à réfléchir à une direction artistique et trouver le temps pendant le Covid pour sortir mes projets sur vinyle avec une première sortie en mars 2021.
Tu viens d’être publiée dans le magazine anglais DJ Mag et cet été, tu es passée à BBC Radio, la classe ! As-tu un lien privilégié avec Londres et la scène UK ?
J’ai découvert Londres à mes 14 ans à l’occasion d’un voyage avec ma mère, une sorte de révélation et depuis je me suis toujours intéressée par ce qu’il se passait Outre-Manche. J’ai commencé à faire des allers-retours entre Paris et Londres pour aller diguer, explorer la scène où j’ai vite développé un réseau sur place.
Plus tard, j’ai rencontré Martha de la BBC à l’occasion d’un radioshow chez NTS, je suivais déjà depuis longtemps son travail. Elle m’a contacté quand elle a débuté sa nouvelle émission sur la BBC, j’étais ravie et très surprise ! Parfois en tant que français tu as l’impression de ne pas trop exister sur la carte, tu ne te rends pas bien compte de l’impact que tu peux avoir à l’étranger.
Revenons-en à toi en tant que boss de label, comment ça s’est fait ? Comment l’idée t’es venue ?
Je pense que j’ai toujours été animée par l’idée de découverte, de défricher de nouveaux talents, un peu comme font les hosts à la radio. Je me suis posée la question de savoir comment contribuer à la scène, comment utiliser ce rôle de « digger » qui me suit quotidiennement dans mon métier de DJ. J’avais envie de révéler et aider de nouveaux.elles producteur.rices talentueux.ses qui manquent de visibilité. Exercer ce rôle de label manager me passionne avant tout, et surtout j’aime l’idée de pouvoir surprendre les autres !
“Exercer ce rôle de label manager me passionne avant tout et j’aime l’idée de pouvoir surprendre les autres !”
En tant que DJ, tu tournes beaucoup. Comment arrives-tu à préparer en amont tes DJ sets avec l’enchaînement des dates ?
Il y a des fois c’est peu chaotique, ma vie est une constante recherche d’équilibre !
Quand tu fais ce métier au début, tu ne t’en rends pas trop compte mais quand tu commences à voyager il faut trouver une organisation qui puisse te permette de trouver l’équilibre entre les dates, les émissions et les podcasts. À l’origine je suis quelqu’un qui prépare beaucoup ses DJ sets, car je suis très nerveuse, j’ai besoin que tout soit parfait. Maintenant, je n’ai pas toujours besoin de préparer. Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte, cela va de mon mindset, si je connais bien l’endroit ou non, du temps que j’ai ou de l’importance de la date. Je compose avec tellement d’éléments à chaque fois, mais plus j’avance dans ce milieu-là, plus je me sens à l’aise !
Comment en es-tu venue à la production ?
La production c’est un rêve qui remonte à mon adolescence. Quelque chose que j’avais relégué au rang de rêve et de fantasme car je n’avais pas fais d’études de musique. Quand j’ai commencé le mix, je me suis attelée à la production mais ce n’était pas encore le bon moment. J’avais besoin de temps pour faire mûrir mon oreille. Lorsque plusieurs labels m’ont demandé de leur envoyer des morceaux, j’ai pris conscience de la chance qui m’était donnée. Ces demandes ont été un véritable moteur pour pouvoir dépasser mes blocages et m’émanciper dans la création.
Sur Nehza records, tu parles beaucoup de l’idée de transformation dans la nature, peux-tu nous expliquer un peu cet aspect conceptuel ?
Je suis quelqu’un de très attachée à la nature et même si je viens de la ville, j’ai toujours ressenti ce besoin de me ressourcer dans des environnements naturels, que ce soit en forêt ou près de la mer. Je suis partie de l’observation de notre lien à la nature, que l’on a tendance à de plus en plus délaisser. Il y a quelques années, j’ai ressenti beaucoup d’écoanxieté, et cette vision autour de notre rapport à la nature m’a semblé intéressante d’aborder, afin de mettre en lumière des phénomènes naturels que l’on ne distingue plus. J’avais envie de révéler des choses, des secrets que l’on ne voient plus au quotidien qui sont presque magiques.
Sur chaque artwork on retrouve des images naturelles, il n’y a pas de travail de couleurs ou d’IA. Ce sont des photos souvent prises par des passionnés et des chercheurs. Sur Rnbws, on retrouve un rainbow swamp un phénomène unique en forêt généré par la décomposition des feuilles qui donne ses couleurs arcs-en-ciel. Ce travail a été imaginé et produit en collaboration avec la talentueuse Alice Gavin qui réalise toute la DA du label.
“J’avais envie de réaliser une DA plus profonde et connectée avec ma manière de voir les choses”
Sur chacun de tes projets, on retrouve souvent un vocabulaire en lien avec trans et nature. Le dernier en date s’appelle Transaere, comment l’as-tu imaginé ?
L’origine vient d’un phénomène sur les papillons. J’ai fais la découverte que certains papillons peuvent parfois monter à de très hautes altitudes pour s’insérer dans des courants d’air et voyager plus vite lors des migrations entre les continents. J’ai donc exploré dans ce titre, ce thème de l’air et de l’invisible. Un élément nécessaire à la vie que l’on oublie. Quand on est stressé, on a tendance à oublier de respirer et à s’étouffer. Des choses indispensables, que l’on n’arrive plus à conscientiser dans notre quotidien.
Quelles sont les prochaines étapes pour Nehza records, et pour toi ?
Un prochain morceau va sortir en octobre sur Fever AM le label de Mor Elian. Un autre sur la compilation des 10 ans du label de Bradley Zéro Rhythm Section, à venir en novembre. Enfin, un EP est en cours… (à venir en 2025). Plusieurs dates aussi, je serai à l’Intercell pour l’ADE et pour une Boiler Room à Amsterdam le 8 Novembre.
Enfin pour Nehza records, on se retrouve le 11 octobre pour célébrer la sortie de ma dernière compilation à La Station, une des 7 dates de ma tournée ! Cet évènement me tient particulièrement à coeur puisque je vais jouer avec DJ Spit et on retrouvera plusieurs artistes de la compilation : Bluetoof, Carin Kelly en b2b avec LU2K !
RONI
Nehza Records
Nehza Records presents: DJ Spit b2b RONI, Bluetoof, carin kelly b2b Lu2k