L’été dernier, nombreux ont été les artistes du label Highgrade (Berlin) à s’être produit dans notre capitale. C’est une fois de plus que nous aurons l’honneur de les entendre ce dimanche 08 avril, conviés par le crew Hot Times Party initiateur des fameuses Cocobeach. Ils présenteront leur projet le plus novateur en terme de prestation scénique, le Highgrade Disharmonic Orchestra. Un dimanche de Pâques sous le signe de l’innovation puisque cette formation atypique se produira au Club Hausmann, aux côtés de leurs amis Sucré Salé. Un évènement pour lequel Phonographe se devait d’enquêter auprès de certains membres du groupe concernant ce que nous allions tous découvrir !

– Que représente Highgrade pour vous?

Todd Bodine : Highgrade c’est ma vie, mon bébé, et également mon entreprise. Pour moi c’est tout. Tom Clark mon associé pense Highgrade de cette même façon.  Je ne peux pas parler pour le reste de l’orchestre, mais nous essayons un peu d’être une famille pour tous nos artistes.

Tom Clark : Highgrade est notre maison, notre famille, notre vision de la musique.

– Comment définiriez-vous le concept d’Highgrade Disharmonic Orchestra?

Todd Bodine : Décrire ce concept n’est pas une chose facile. C’est plus qu’un simple live. Il s’agit de 5 artistes en interaction totale durant toute cette performance ; nous jouons vraiment ensemble. Chaque fois que nous nous produisons, c’est une nouvelle session Jam, au travers de laquelle on instaure une atmosphère bien spéciale.  Nous nous considérons comme un groupe au sein duquel nous jouons tous de tous les instruments.  Cela rend le show unique et nous permet de disposer d’un nombre de possibilités très large. Par ailleurs il ne faut pas oublier que nous jouons près de 3h de live. Je vous laisse imaginer l’état dans lequel nous sommes à la fin de cette prestation.

– Qui était à l’origine de ce projet?

Todd Bodine : C’est Tom et moi même qui sommes à l’origine du projet. Au début il s’agissait d’une prestation unique destinée à un show au Watergate (Berlin). Après le show nous avons réalisé qu’il y avait quelque chose de vraiment spécial. Nous nous sommes donc décidés à explorer la chose plus en profondeur. Il en est sorti des Ep et un Album, Multilayer.

Tom Clark : Oui je me souviens, l’idée est venue à l’occasion des 10 ans du label. Nous avions un “Label Showcase” au Watergate (Berlin) et nous voulions présenter quelque chose de spécial et surprendre le public ce soir-là. Après cette soirée nous avons remarqué que ce projet avait vocation à devenir quelque chose de vraiment bien et que c’était également une bonne source d’inspiration et d’amusement pour nous tous.

– Peut-on considérer ce groupe comme une vitrine de Highgrade?

Philippe Bader : D’une certaine manière, oui, car tous les artistes viennent du label. D’un autre côté, c’est vraiment important pour nous de pouvoir faire ce que l’on veut avec ce projet, cela ne se résume pas seulement au son Highgrade. Mais le nom de “Highgrade Disharmonic Orchestra” n’est pas innocent.

Todd Bodine : Pour moi, il est évident qu’il s’agit d’une vitrine. Cela représente tout ce pour quoi l’on se bat. De la musique de qualité, à la fois intéressante, folle, mais qui ne délaisse pas le dancefloor.

Tom Clark : D’un côté, c’est sur, car tous les artistes sont signés sur le label, mais de l’autre il était important pour nous de séparer les nouveaux territoires que nous voulions explorer de ceux que l’on fréquente déjà dans nos projets solo.

– Quel est le rôle de chacun sur scène?

Todd Bodine : Comme je l’ai dit précédemment, personne n’a vraiment de rôle spécifique. Tout le monde peut jouer de tout et nous fonctionnons de manière démocratique.

Tom Clark : C’est tout à fait ce que dit Todd, tout le monde fait tout. Nous sommes tous égaux au sein du groupe.

– À quoi peut-on s’attendre de votre part lors de votre live le 8 avril?

Todd Bodine : Une explosion de bonne musique. Enfin, j’espère… Dans tous les cas, il s’agit de 5 artistes simultanément sur scène pendant 3 heures.  Ce n’est pas un set conventionnel.

Tom Clark : Nous pensons que le live a quelque chose de spécial, notamment car nous sommes 5 personnes sur scène. Le résultat donne quelque chose d’assez peu conventionnel, une histoire scénique du reste surprenante et constamment nouvelle, même pour nous.

– Selon vous, est-ce facile de produire tous ensemble ?

Tom Clark : C’est un processus totalement différent que lorsqu’on travaille seul. Ce sont vraiment des idées créatives qu’on construit et assemble tous ensemble. Ce n’est pas plus simple ou plus dur que dans n’importe quel autre groupe, la plupart du temps on se met d’accord rapidement et sinon on procède de manière démocratique.

Philip Bader : Oui, produire tous ensemble est un super processus. Il s’agit d’une démarche de travail très créative. C’est agréable d’explorer différentes manières de composer de la musique et de voir comment mélanger le tout à nous cinq.  Parfois il est très facile d’apporter des idées tous ensemble, parfois c’est plus compliqué, mais dans tous les cas on s’amuse tous beaucoup.

– Comment avez-vous travaillé pour l’album Multilayer?

Philip Bader : Nous avons d’abord commencé par collecter toutes les idées. Nous avons travaillé sur de nombreux grooves et créé des sonorités nouvelles. Certains « tracks » sont nés très spontanément via des sortes de jam-sessions. L’idéal était de créer de la musique deep avec des influences jazz que tu pourrais écouter chez toi comme dans un club. Donc nous avons mis tout ce qu’on connaissait et ce dont on disposait en matériel ensemble et ça a donné Multilayer. Un album avec plein d’idées très différentes.

Tom Clark : Pour cet album, il était important pour nous de travailler avec des synthétiseurs analogiques, en plus de ça nous avons travaillé avec un chanteur. Lorsque l’on travaillait sur les morceaux, on essayait de produire comme si nous étions sur scène, spontanément. Nous avons connecté tous nos ordinateurs et tout le monde pouvait balancer ses idées et ses sons. Certains des tracks que l’on a produits sont le fruit de pures improvisations.

– Quelle était la ligne directrice de l’album?

Todd Bodine : S’il y a bien une chose évidente quant à cette ligne directrice,  c’est qu’elle se devait de refléter nos goûts. On ne pensait pas aux charts de Beatport ou à quoi que ce soit d’autre. Comme Philip l’a fait remarquer plus tôt, c’est finalement en explorant qu’on a fini par produire quelque chose qu’on peut du coup qualifier de nouveau.

Tom Clark : Le but était de montrer aux gens un large spectre de la musique électronique. Cela devait être la fusion de tous les membres du groupe et de leurs styles mélangés dans un album.

– Le label a maintenant 11 ans, ce genre de collaboration existaient-elles avant?

Tom Clark : Non, je ne pense pas que des projets de ce genre existaient sur ce label auparavant, d’ailleurs je pense que ce nom correspond parfaitement à notre projet Highgrade, car le projet est le fruit des artistes du label et que ce groupe et notre laboratoire expérimentation.  Disharmonic, car cet adjectif représente une facette importante du projet et de cette musique. Orchestra, car nous sommes 5 personnes et que l’on est encore disposé à accueillir d’autres artistes.

Todd Bodine : Ce genre de projet collectif n’existait pas avant. Évidemment, il y a eu quelques shows, Minus par exemple ou encore  Innervisions, qui avaient des projets similaires. Mais tous ces projets ne sont ressemblants que dans la démarche, pas dans la manière de créer. Nous sommes 5 artistes jouant live tous ensemble. Venez nous voir, vous en jugerez par vous même !