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C’est en faisant le tour des sorties des dernières semaines, celles que j’avais irrémédiablement manquées – car il est difficile de tout écouter sur le moment tant la quantité de ce qui sort chaque semaine est impressionnante – que j’ai fait la découverte de Dutch E Germ. Il n’est pourtant pas si inconnu que cela. En effet sous cet énigmatique pseudonyme se cache Timothy DeWitt, co-fondateur et batteur de l’excellent groupe electro rock New Yorkais Gang Gang Dance

DeWitt a nombres de faits d’armes à son actif, notamment l’album « Saint Dymphna » de Gang Gang Dance, qui est considéré comme leur chef d’oeuvre et dont il est co-producteur. Malheureusement, peu avant la sortie de l’album, il est victime d’une fusillade dans un bar et y laisse presque sa vie.

Dés lors, incapable de se mettre à la batterie, il se concentre sur la production de musique électronique sous le pseudonyme de Dutch E Germ. Après avoir entre autre remixé Fatima Al Qadiri et collaboré au Yeezus de Kanye West, il nous offrait début mars son extraordinaire première mixtape « IN.RAK.DUST ».

« IN.RAK.DUST » possède un nom aussi étrange que son contenu. Pourtant, si la musique parait être déstructurée, éclatée, elle n’en reste pas moins dansante. Il y a là une science du groove, complexe et plus ordonnée qu’il n’y parait.

DeWitt commença sa carrière en étant batteur de punk hardcore au milieu des 90’s : ce n’est donc pas un hasard si sa mixtape possède une forme de radicalisme rythmique et esthétique.

Très influencé également par le psychédélisme que l’on pouvait déjà entendre chez Gang Gang Dance, Dutch E Germ propose ici des morceaux à la fois étranges et extrêmement addictifs.

« IN.RAK.DUST » est une collection de paysages sonores improbables, de collages élaborés, au design sonore aventureux.

Empruntant des éléments de tous bords, il semble être concentré sur le détail, la singularité de chaque sonorité, que ce soit une basse reggae, un synthé house ou encore un bruit de porte qui claque : il ne laisse rien au hasard, créant ainsi une fresque cosmique aux allures majestueuses et parfois effrayantes.

Kanye West, qui sait indéniablement s’entourer de talents prometteurs, a d’ailleurs vu le potentiel du travail de Dutch E Germ, samplant l’introduction de la mixtape « IntroXXXWar » sur son morceau « New Slaves ».

Cette mixtape semble nous faire danser, malgré nous, dans un mouvement serein et élancé, comme dans un ballet post-apocalyptique, où le calme revenu serait encore chargé du poids des tempêtes passées. Et ce à l’image du morceau « Black Sea » qui suit l’introduction et qui résume parfaitement le voyage qui nous attend.

DeWitt semble manier avec brio efficacité et expérimentation, creusant un sillon salvateur dans la quantité de productions parfois si semblables les unes aux autres et abreuvant le marché. C’est un nouveau souffle pour celui qui a déjà fait les belles heures du rock underground new yorkais des années 2000.

Dutch E Germ – IN.RAK.DUST (UNO NYC Records)

Vous pouvez dés à présent écouter gratuitement et/ou acheter l’album  ici.

5/5