Label culte, disquaire historique à Londres puis Brighton, Mr Bongo est dieu en son royaume. Du Brésil à l’Orient, de la disco à la soul en passant par le hi-life, ses 214 sorties dessinent les contours d’une internationale du groove, loin de tout sectarisme & de guerre de chapelles. À l’occasion de ses 30 années (!) d’existence & d’un passage à Paris ce vendredi avec les fondateurs du label & Gyedu-Blay Ambolley & His Sekondi Band, nous avons tenter d’en tirer une playlist en forme de best-of !
Par où commencer, lorsque l’on se trouve face à un petit monument de la musique ? Car Mr. Bongo l’est, assurément : Tito Puente, Marcos Valle, Joyce, Masters At Work, Labi Siffre, Seu Jorge, Ebo Taylor, Hollie Cook et surtout, des kilomètres de compilations oscillant entre la soul, la disco & douceurs brésiliennes. Un héritage immense – 214 références officielles, mais beaucoup plus enregistrées sur Discogs : difficile donc de résumer toutes ses années. Son fondateur, David Buttle, n’en imaginer pas tant : “c’est difficile de croire en tout ce chemin parcouru. On a commencé comme disquaire dans un petit sous-sol de Soho, et maintenant on organise une soirée dans ma salle de concert préféré de Paris, le New Morning !”
30 années qui ont filé à toute vitesse, sans un regard dans le rétroviseur. “On était tellement débordé entre la vente des disques, le lancement d’un shop au Japon et faire tourner le label que je ne pense pas que l’on a eu le temps de penser à l’impact que l’on avait.” Un impact fort, au long cours, qui partait d’un simple constat, plus qu’une idée même, : “c’était principalement parce que l’on ne pouvait pas trouver les disques que l’on voulait, de Marcos Valle ou Joyce par exemple. Ou bien, seulement extrêmement rares & hors de prix. On voulait apporter cette musique au plus grand nombre.”
Démocratiser une musique de niche, faire découvrir des artistes inconnu.e.s du grand public et, plus prosaïquement, les proposer directement dans leurs bacs de disques : lancer un label à la suite d’un disquaire est forcément, une belle idée. D’ailleurs, David Buttle se souvient de la toute première sortie, en 1992 : un EP de Tito Puente, légende que l’on a pas plus besoin de présenter, enregistré “au sous-sol du Chelsea Hotel, à New York.” Autre anecdote, celle qui entoure la réédition d’un album de Lula Cortes, Paêbirú. “Lula l’avait enregistré dans la campagne de Pernaumbuco, se cachant du régime militaire brésilien de l’époque. Je reçois un appel de mon agent en Allemagne me disant que l’album a été copié illégalement – bootlegged – on contacte donc Lula qui nous dit de retrouver les responsables. Au final, on a pu recevoir une belle somme d’argent qui a directement aidé Lula a payé pour sa chimiothérapie. Il a gagné trois ans d’espérance de vie après ça. C’était un personnage un peu fou, mais tellement inspirant.”