Combien de morceaux n’ont jamais vu le jour sur vinyle dans les années 1970 et 1980 ? Qui est là pour faire l’histoire de ce qui n’a pas laissé de traces, mais qui pourtant existe, enfoui, quelque part, une création artistique jamais diffuse au-delà d’un cercle restreint ? Les accidents de la vie et puis la vie elle-même peuvent à tout moment briser un projet, mais ça c’est sans compter sans le travail de Dj Sigher aka Russel Paine et de son label Super Disco Edits qui excelle surtout pour ses sorties modern soul en 45 tours de morceaux jusqu’alors unreleased.

Nous l’avons contacté pour apporter sa vision de la musique sur notre série de podcasts. Celui-ci s’est prêté au jeu et nous a envoyé ce mix qui balaye ses influences, de la Modern Soul au Funk en passant par le Disco ! Pour les plus curieux, descendez un peu plus bas, DJ Sigher a échangé quelques mots avec nous…

Salut Russel, Super Disco Edits, qui a commencé en 2013, est plutôt un label de reissues mais avec aussi des productions MPC et des edits, comment cela a-t-il débuté ?

Ça a commencé un peu pour rigoler. Avant ça, j’ai surtout été beatmaker depuis la fin des années 1980. Évidemment, tout était samplé, tout tournait autour. Un jour, je bidouillais quelque chose sur The Waters – “Party People” sorti sur Arista et un ami DJ et digger qui s’appelle The Beat Detective m’appelle, entend et me dit “tu devrais le sortir”. Et c’est ce que j’ai fait, 250 copies. C’est un edit disco tout ce qu’il y a de plus classique. C’est comme ça qu’est né le label.

Depuis il a beaucoup grandi, avec des unreleased incroyables finalement disponibles pour ceux qui suivent ce que l’on fait et c’est vraiment ce qui me motive. J’espère encore trouver longtemps des cassettes et bandes jamais sorties, d’ici là je suis prêt à continuer encore longtemps.

Tu penses qu’il en reste beaucoup ?

Je repense à ce que j’ai traversé, et parfois tu peux ne rien trouver pendant plusieurs mois, et d’un coup BOOM ! Tu discutes avec tel producteur ou artiste et là tu entends parler de nouvelles histoires à propos d’un studio que tu ne connaissais pas, des histoires de deals qui ont foiré et qui ont brisé des rêves, d’opportunités manquées et de groupes qui se sont séparés. Je suis là pour offrir un peu de réconfort bien sûr, écouter l’histoire des groupes et artistes et finalement essayer de leur donner ce qu’ils méritaient. Et tout ça, 40 après qu’ils aient fait ces projets et morceaux.

Et quelle est l’histoire la plus sentimentale que tu aies à partager à ce propos ?

La plupart des sorties du label ont leur lot d’anecdotes, souvent à propos de certains ayant choisi de profiter des artistes… Mais sans aucun doute, c’est ma rencontre avec Simon Cohen de Psycho Record qui m’a le plus marqué lorsque nous avons sorti Limmie Funk Ltd “I Can’t Turn You Loose/Saturday Nights The Night (Bass Version)”.

Sans vouloir sonner comme un vieux romantique, j’ai découvert le disque il y des années chez un disquaire. Avec ma copine de l’époque, c’était un peu notre chanson. Des années plus tard, je retrouvais Simon Cohen dans un lobby d’Hotel à Croydon en Angleterre et j’avais entre les mains les bandes originales. J’ai pu sortir des morceaux inédits à partir de ces bandes. Et bien sûr, la copine de l’époque est aujourd’hui ma femme. C’est décidément une histoire très personnelle liée à l’une des sorties du label.

Depuis combien de temps collectionnes-tu des disques et es-tu DJ ?

Je dois collectionner vraiment depuis que j’ai 13 ou 14 ans. J’ai été vraiment aspiré par le mouvement hip hop (Electro, Doug E Fresh, Beat Street…). Et je vais célébrer cette année mes 47 ans, donc un certain temps. J’ai commencé à mixer aux alentours de 1986 ou 1987.

Que collectionnes-tu à part de la modern soul ?

Probablement trop de genres… J’ai grandi en collectionnant des breaks, j’ai donc pas mal de choses dans plusieurs styles : modern jazz, funk, psych, folk, … Mais bon je dois avouer que les ballades modern soul, je ne peux pas résister.

Le mot de la fin, quels sont les futurs projets du label ?

Il y a un projet avec DJ Kon à qui on a donné totale liberté sur les stems (les pistes séparées) d’un track disco gospel assez incroyable à la base. Il y a aussi une sortie de Jay Nemor, une production contemporaine, mais aussi plein de morceaux encore inédits à dévoiler !