Antislash est bel bien ce qu’on pourrait appeler une bande de mecs sympas. Accessibles et toujours prêts à déconner, vous pourriez les rencontrer autour d’une bière au Zéro Zéro ou lors d’un de leurs live déchainé entre Paris et Berlin. Raphaël, Baptiste et Pierre sont des valeurs sur lesquelles vous pouvez compter. Demain la nouvelle parution du groupe viendra grossir le catalogue de Salon Rec. Au menu, une face « DCL » 8 minutes 32 imparables suivie d’une face B toute aussi consistante, munie d’une relecture plus dancefloor par Moritz Pitzk et un second morceau tout aussi dansant.

Il est indéniable que le trio qui fait danser les tréfonds de la rue Amelot apporte un vent de fraicheur aux adeptes du live sur la capitale. Si vous n’avez pas encore la chance de les voir en live, Phonographe a réussi à vous offrir un live exclusif à l’occasion de leur dernière sortie ainsi qu’une interview afin d’en savoir un peu plus sur la formation atypique.

– Nous sommes au Zéro Zéro, que représente ce lieu pour vous ?

John Merrick : Alors le Zéro Zéro déjà c’est un bar qui est tenu par deux potes à nous que l’on connaît depuis le lycée et c’est l’endroit dans lequel nous avons fait notre premier live.  Ce lieu représente un peu le départ de notre aventure.

Pit Spector : Il se trouve qu’aujourd’hui c’est John qui s’occupe de la programmation du bar, et moi et Charlie Notfonk nous occupons de la radio du bar, Radio Zéro Zéro. C’est un projet que nous avions monté il y a deux ans et qui se développe à son rythme. Depuis peu, on rediffuse en direct la plupart des mixes. C’est un moyen de témoigner de ce qui se passe dans l’endroit et de faire des événement en lien avec le lieu et tous le artistes qui s’y produisent.

– Pouvez nous présenter le noyau d’artistes qui gravitent autour du bar ?

Pit Spector : Nous avons commencé à mixer régulièrement là bas il y a quatre ou cinq ans. Il y a avait déjà d’autres musiciens dont une bonne partie des dj du label silicate qui est un label d’Electronica avec Grifin’ Voiski. Il y a également des résidences avec des labels tels que Karat ou Minibar. Cependant il y aussi d’autres personnes comme dj Suspect, Gengis Spray Khan , Hervé Carvalho, Smallville, là il va y avoir Toxic dans un style plus hip hop. Il y a également Blaise Mesnard ou 3partSand qui est un petit collectif d’artiste à Londres et qui viennent tous les deux mois environ spécialement pour jouer au Zéro.

John Merrick : Petit à petit, des connexions se font, c’est assez ouvert, et il y a des gens qui se greffent au projet.

– Comment le groupe Antislash c’est rencontré ?

Pit Spector : John et moi étions au lycée ensemble. A côté, je faisais de la guitare dans des groupes et je me suis trouvé à jouer dans le même groupe que Raphaël alias Charlie Notfonk. Mais on a commencé à faire de la musique électronique a deux avec Baptiste (John Merrick) puis après, Raphaël nous a rejoint et au fil des sessions il nous a rejoint.

John Merrick : ça s’est fait par étapes, on a commencé chacun de notre côté dans des univers différents. Pit faisait de la gratte et des instrus. Moi je composais des beats de hip hop et Raphael donnait dans des productions presque Hardtechno. Etant jeunes, on découvrait pas mal d’univers musicaux. Nous, nous sommes retrouvés autour de la house de la techno et de la minimale.

Pit Spector : C’est aussi lié à nos premières sorties en club. On a participé à des soirées mémorables organisées par des crews comme Circus Company, ou les Katapult (Alex et Laetitia). C’était à l’époque où ces derniers avaient encore leur magasin dans le 3eme arrondissement de Paris. La scène minimal était en plein boom c’est une période qui nous à marqué. Il y avait de grosse fêtes dans les appartements, des soirées clubs massive.

John Merrick : On s’est retrouvé sur ce son-là qu’on a essayé de définir au travers d’Antislash.

– Comment avez-vous sorti votre premier EP ?

John Merrick : C’était en 2006 chez Circus Company. Après notre premier live au Zéro Zéro, on avait eu la possibilité de faire une date au défunt Triptyque (actuellement Paris Social Club). Il y avait Thomas du label qui avait apprécié le live et il nous a présenté Sety et c’est comme ça que c’est arrivé. Ca lui a plu et ça a donné une collaboration de 3 maxi de 2006 à 2009.

Pit Spector : Sur cette période on a été booké par l’agence Less Iz More ce qui nous a permis de faire de nombreuses dates à l’étranger notamment au Berghain (Berlin), au Kassablanca (Iéna), ou encore au Fours-à-Chaux en Suisse avec Ernesto Ferreira et Mike Shannon. Ces dates nous ont permis de rencontrer d’autres artistes et de faire de belles fêtes. Parmi ces rencontres il y a eu Jonathan qui a lancé Salon Record en 2008 et on a eu un super feeling avec lui ce qui a débouché sur notre dernier maxi pour son label.

John Merrick : C’était un peu une nouvelle aventure et on avait envie d’y participer. C’est un nouveau terrain de jeu.

Pit Spector : Comme on suit John depuis le début on se sent forcément plus impliqué, le label est jeune on se sent plus libre, même en terme d’image. D’une certaine manière, c’est aussi notre bébé. Du coup on le porte et on le soutient. L’année dernière on a organisé une fête Zéro Zéro vs Salon Record, puis on a été jouer au Kater Holzig à Berlin pour une soirée Salon Record. On avait joué avec Tin Man et Ava’s Verden qui est un projet que j’ai avec une amie.

– Avez vous d’autres projets à côté d’Antislash ?

Pit Spector : Je travaille également, avec mon ami Griffin de Silicate qui s’appelle Cellule Eat et aussi avec TilMan qui s’occupe de Klamauk Record. L’année dernière on a sorti un maxi sur Minibar mais on a également signé sur Maria Colors et sur Klamauk. C’est un projet annexe qui a vu le jour au fil des rencontres.

John Merrick : Raphael à également un projet solo qui s’appel Charlie Notfonk au travers duquel il se produit en live. Il a sorti un album sur Silicate. Pour ma part je travaille en ce moment sur un projet solo qui j’espère aboutira bientôt.

– On sent que vous attachez de l’importance à l’idée de fête dans la musique électronique est-ce que c’est forcément lié ?

John Merrick : Pas forcément, mais c’est le projet d’Antislash qui est lié à ça, car c’est en partie la fête qui nous a réuni.  D’une part la musique club est faite pour la fête et d’autres parts, rien que le fait de se retrouver à trois pour faire de la musique c’est déjà la fête.

Pit Spector : Disons que ce qu’on partage tous les trois c’est avant tout ce côté festif, mais dans notre musique il ressort également plein d’autres influences. Malgré la forme imposée, par la présence d’un kick on essaye toujours d’apporter d’autres éléments.

– Comment vous travaillez à trois ?

John Merrick : On se connaît depuis un certain temps donc on a travaillé différemment au fil du temps. Maintenant on assez adaptable, parfois on compose tout ensemble en studio. Parfois  quelqu’un amène une idée qui nous plait à nous trois et on part de cette idée là pour faire un morceau. On essaye de ne pas se limiter ou de se restreindre.

Pit Spector : Lorsqu’on fait des disques on passe énormément de temps sur  chaque morceau pour affiner l’idée qu’on a initialement. Du coup il y a énormément de morceaux qu’on n’a jamais sorti car on ne les a joué qu’en live ou parce qu’on les a fait pour le moment.

John Merrick : C’est vrai que c’est un aspect qui nous plait de pouvoir moduler les choses en permanence et qu’elles ne soient pas figées. Ce qui est bien c’est que selon les ambiances selon le moment on très réactif face au public. On n’est pas figé comme sur un live Ableton classique on peut être dansant, comme mental.

– Qu’est ce qui vous décide à sortir un morceau ?

John Merrick : Ce qui est long généralement c’est qu’on se décide tous les trois à envoyer les morceaux à un label. Souvent on n’arrive pas à se mettre tous d’accord au même moment. Comme on essaye d’être maître de chaque projet ça nous prend du temps.

Avec Circus Company c’était différent car c’était nos premiers maxi donc Sety a joué un rôle de coach, c’était très instructif comme expérience. Par la suite on a eu beaucoup plus de choses à gérer. C’était différent.

Pit Spector : Ca demande d’être sûr de soi, et quand tu composes quelque chose tu verras toujours les petits défauts de ton morceau. Quand tu as un interlocuteur qui te dit « ce morceau est bien je le sors » ça te permet de cadrer ton travail et de te donner confiance en toi. Comme on n’envoie pas grand chose on reste beaucoup en vase clos. On avait déjà envoyé des démos pour lesquelles nous n’avions pas eu de retours donc ça calme, ça force à se remettre en question et à douter.

John Merrick : On attache beaucoup d’importance aux labels avec lesquels on travaille donc les rencontres que l’on fait on les bichonne. On ne veut pas sortir n’importe où à tout prix. On est avec des gens que l’on apprécie et en qui l’on a confiance.

Pit Spector : En musique électronique tout est dématérialisé et il y a beaucoup trop de choses qui sortent. Par moment, on en arrive à croire qu’il y a une perte de sens tant au niveau du contenu qu’au niveau de l’objet. La musique est devenue tellement fonctionnelle et utilisée juste pour la danse qu’on se demande pourquoi produire si c’est du jetable.

John Merrick : On est contre ce phénomène-là c’est également une des raisons pour laquelle on a pas fait de maxi à la chaine. Il y a plein de morceaux qu’on a fait en live qui aurait pu sortir mais ça c’est pas fait car nous n’en avons pas ressenti le besoin.

– Vous parliez de coach, quels rôles ont eux Cabanne et Ark dans votre vision de cette musique ?

John Merrick : Pour ma part Ark c’est en tant que dj qu’il m’a éduqué. A l’époque on allait souvent le voir jouer au Rex Club puis dans d’autres endroits privés. A l’époque il avait fait mon éducation de la musique club.

Pit Spector : Cabanne moi il m’a beaucoup marqué au niveau de ses productions de son label, mais également son travail sur Télégraphe et sa micro house. J’ai eu l’occasion de le rencontrer assez tôt. Il y a deux ans j’habitais à côté de chez lui, ce qui m’a permis de le connaître un peu mieux de le côtoyer un peu et finalement, pour faire très court, ça a débouché sur mon Ep sur Minibar.

John Merrick : A paris c’est les deux djs qui nous ont marqué, après il y a Alex & Laetitia. Il y a aussi des gens comme Seuil qui appartiennent un peu plus à notre génération déjà.

Pit Spector : C’était amusant d’ailleurs car on a rencontré Seuil avant qu’il ne sorte son premier disque. On s’était retrouvé chez John  pour se faire écouter nos travaux respectifs. Nous n’étions pas dans les mêmes types de sons mais c’était une sacrée rencontre. Nous étions dans un esprit punk il y avait du matos partout on mettait le son à fond et quand il est arrivé avec Linc ça l’a choqué. Au fil de notre projet on a fait énormément de rencontres qui nous ont apporté. Le fait d’échanger avec tous ces gens, de festoyer ou de composer avec eux, c’est ce qui te donnait envie de faire de la musique.

– Y a t’il une rencontre qui vous a marqué ?

John Merrick : Lorsque nous nous sommes rencontrés.

Pit Spector : Il  y a également le Zéro Zéro et tout le noyau qu’il y a derrière. On est attaché à l’idée de groupe car elle nous permet de créer ensemble et à travers la musique le clubbing, la radio, on partage notre passion avec nos amis et les gens en général.

– Penses-tu que l’idée de House Nation existe encore ?

Pit Spector : Moi j’espère qu’elle perdure. L’idée c’est sur qu’elle existe après c’est là confrontation à la réalité qui n’est pas toujours simple. Quand je vois les fêtes que l’on fait avec le Zéro et l’attrait des gens pour ces bons moments je me dit qu’il y a toujours un avenir là dedans. J’ai grandi avec ça et je sais que cet univers là a toujours un sens pour plein d’autres gens que moi.

– Quelque chose à ajouter ?

Pit Spector : Merci pour l’interview.

John Merrick : Vive la House

Pit Spector : Et que les vaches soient biens gardées.

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