Disquaire Day

Créé en 2007 aux Etats-Unis et en Angleterre, le Record Store Day est né d’une volonté commune des acteurs principaux de l’industrie musicale, de présenter d’une manière ludique, les mutations importantes que subit ce secteur. Mais aussi de témoigner leur soutien aux disquaires indépendants dans la crise qu’ils traversent depuis l’avènement du numérique. Acteurs essentiels de la promotion artistique, lieux de découvertes et de rencontres musicales ou encore derniers intermédiaires d’un système qui semblait être inébranlable, les disquaires ont bénéficié d’un rôle incontournable dans l’histoire la musique contemporaine.

Même si je n’ai pas vraiment connu cet âge d’or car encore bien trop jeune à l’époque, il s’est toujours présenté à moi comme une évidence et j’ai pu, à ma façon, en faire l’expérience. Alors que j’étais en plein éducation musicale, mon vieil oncle, punk désormais reconverti à qui je dois beaucoup pendant cette période, ne cessait de me parler de New Rose, disquaire mythique de la rue Pierre Sarrazin, où se retrouvait dans les années 80, toute la scène rock et alternative parisienne dont lui même faisait partie. En cherchant mon New Rose à moi, je découvris alors Born Bad Records et le shop de la rue Keller, laboratoire musical et vitrine d’une scène garage en pleine effervescence, qui me mit littéralement une claque gigantesque dont je mis pas mal de temps à me remettre. Puis, je devins plus sage et plus mature, et mes aspirations se tournèrent vers une musique qui me ramena à mes origines, comme une sorte retour aux sources. Je découvris alors cette nouvelle scène folk qui se développait petit à petit, avec des artistes comme Bon Iver, Alela Diane, Kings Of Convenience, Andrew Bird,… Des artistes dont j’ai écouté les albums et découvert l’univers dans le shop de Fargo, rue de la Folie Méricourt, où Michel Pampelune était toujours de bon conseils.

En perpétuelle recherche musicale, je m’approchais de plus en plus de tout ce qui devenait inide: indie pop, indie rock, indie folk, indie électro,… Ce mot semblait bien abstrait mais prit un véritable sens lorsque je poussa la porte de Ground Zéro, alors tout juste installé rue Sainte-Marthe puis celle de La Fabrique des Ballades Sonores de l’avenue Trudaine. Parallèlement, mon intérêt pour la musique électronique ne faisait que grandir, et c’est avec curiosité que j’accompagnais mon ami Antonin, qui devient plus tard Antigone, dans ses après-midis passés chez Synchrophone ou il me fit découvrir ses artistes phares et rencontrer Zadig grâce à qui il signa son premier EP sur son label Construct Re-Form. Et enfin très récemment, c’est de la House et la Techno, et pas du rap contrairement à ce que clame 1995, que je suis allé prendre à La Source, nouveau shop de la rue Albert Thomas et tenu par notre ami Xavier DDD.

Bref, tout ça pour dire que si l’industrie musicale connaît une transformation sans précédent dans laquelle les disquaires indépendants sont eux aussi affectés, il ne faut pas oublier le rôle qu’ils ont joué dans le parcours musical et initiatique de personnes comme vous et moi. Un rôle essentiel pour tout passionné que l’on ressent particulièrement dans High Fidelity de l’écrivain anglais Nick Hornby. Un disquaire ce n’est pas simplement un lieu où l’on va acheter des CDs ou des vinyles. Un disquaire est avant tout un lieu de rendez-vous où chaque personne qui y met un pied est animé par la même passion, par un amour de la musique. Un disquaire est un lieu sacré où l’on pourrait passer toute la journée sans penser à autre chose. Un disquaire est un lieu de rencontre où il y a très peu de dialogue, juste des regards sur les vinyles que les personnes tiennent dans leurs mains pour essayer au final d’en savoir un peu plus sur ce qu’ils écoutent et sur leur personnalité. Des regards qui, par la suite, peuvent se transformer en véritables relations amicales, amoureuses, professionnelles,… Je me demande combien de personnes sont tombées amoureuses l’une de l’autre dans un disquaire, combien d’amitiés se sont créées ou encore combien de groupes se sont formés.

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Et c’est parce que ces shops ont eu ou ont encore cette importance, qu’il était évident de leur consacrer une journée entière et de leur rendre ainsi hommage. Mais aussi parce qu’une nouvelle tendance commence à se dessiner : le retour en force du vinyle. 3,5 millions de galettes vendues aux Etats-Unis en 2011 et une croissance des ventes de 50% en France l’année dernière. Des chiffres qui attestent d’une véritable révolution et qui nous amènent à nous questionner: le vinyle, effet de mode ou nouveau standard de consommation musicale ? La galette vient s’imposer aussi bien dans les shops indépendants que dans les rayons de la Fnac ou dans des magasins branchés comme objet de déco ou de collection. Une conjoncture positive, que Le Disquaire Day, penchant français du Record Store Day, s’efforce de défendre et de mettre en avant depuis deux ans.  De l’autre côté de l’Atlantique et de La Manche, cet événement connaît un véritable succès, en témoigne le parrain de l’édition de 2013, M. Jack White. Chez nous, les choses commencent progressivement à bouger.

Et justement, les choses vont considérablement bouger, ce samedi 20 avril dans la Maison Muller, au point d’en faire trembler les murs. De la musique, un spot incroyable, les meilleurs labels indé du moment et on l’espère du soleil comme le weekend dernier, voilà le programme que La Splendens Factory a préparé pour l’évènement le plus excitant de cette deuxième édition du Disquaire Day. Pour l’occasion, les labels invités se transforment en disquaire, vous proposent leurs sélections de vinyles et vous font découvrir leurs artistes. Le tout dans une ambiance musicale grâce à des Dj sets d’une heure assurés par un représentant de chaque maison tout au long de la journée.

Parmi les invités, on retrouvera l’écurie de Teki Latex, Sound Pellegrino ; les potes de Cracki Records, on l’espère avec des vinyles d’Isaac Delusion et de L’Impératrice ; un label qu’on ne saurait trop vous conseiller de découvrir et qui a fêté ses cinq avec la sortie d’une super compilation, Pan European ; Ninja Tune avec plein de nouvelles sorties (Bonobo, Letherette, Lapalux, Emika) ; le tout jeune mais excellent label, Concrete Music, qu’on ne présente plus si vous connaissez les teufs du même nom ; Popcorn Records et plein d’autres.

Le collectif Free Your Funk, fer de lance du hip hop à Paris, installera quant à lui un shop éphémère dans le grand salon pour une brocante de vinyles collector HipHop/Soul/Funk tirés de collections personnelles et en présence de légendes du hip hop français. A ses côtés Star’s Music prendra également ses quartiers pour vous présenter les nouveaux venus de la marque Moog, Vermona ou encore Oto Biscuit. Le grenier de la maison Muller se transformera la nuit tombée en club éphémère avec les Djs de la Concrete qui, une fois n’est pas coutume, joueront au clair de lune.

Ne réfléchissez plus, réservez donc votre samedi pour témoigner votre amour à la musique et votre soutien aux disquaires indépendants.

Pour plus d’informations Le Disquaire DayEvent Facebook / La Splendens Factory

La Maison Muller – 6 rue Muller, 75018 PARIS – Métro Château Rouge