On vous en parlait brièvement la semaine dernière, mais c’est bel et bien officiel, Behzad et Amarou créent leur label. Le nom est faussement clair, car si la structure se nomme Behzad & Amarou Records (BEAR), le label n’a pas plus de vocations égocentriques que cela puisqu’il a pour but de mettre en avant de jeunes talents. Depuis 3 ans, le duo résident à Concrete n’a pas arrêté de jouer aux cinq coins de l’hexagone et ça et là en Europe, mais en ce qui concerne les productions, le duo s’avère plutôt timide. Il y a deux ans, les deux amis sortaient «Bâtiment 21» sur le label affilié à la fameuse barge parisienne dans le cadre de la trilogie Texture I. Plus récemment, le duo collaborait avec Antigone, le temps d’un EP pour le projet The Outsiders sur le label de Spencer Parker, Work Them Records. Un homme averti en vaut deux et le duo est du genre précautionneux, ce qui explique peut-être une telle réserve quant à leurs productions ainsi que le début de son nouveau projet. Nous leur avons posé quelques questions afin de comprendre les ferments de cette nouvelle démarche et de découvrir en exclusivité les extraits de leur premier Ep par les deux artistes originaires de Marseille Sebastien Michel et Jean Redondo .

– Comment vous êtes-vous rencontré ?

Behzad : On s’est rencontrés il y a 6 ans via les réseaux sociaux sur des groupes consacrés à la musique électronique, nous étions déjà une petite communauté mais nous avions le sentiment que la scène française n’était pas assez mise en avant.

Amarou : Nous étions assez actifs sur ces groupes et on s’est vite rendu compte que l’on appréciait à peu près les mêmes artistes donc la prise de contact s’est faite naturellement .

– Behzad était le premier à mixer à Concrete comment s’est pris la décision de mixer en duo ?

B : Le duo existait déjà avant mon premier passage à la Concrete, j’ai été contacté en premier parce que je consacrais pas mal de temps aux productions et que deux d’entre elles avaient attiré l’attention de Spencer Parker qui nous a massivement supportés (charts, podcast…) et qui, par la suite, a attiré l’attention de Brice Coudert pendant la création de l’agence de booking Concrete .

A : La décision s’est faite naturellement à partir du moment où l’on s’est rendu compte que notre complémentarité dégageait une énergie assez forte et positive !Brice nous a laissé le choix entre une carrière solo ou à deux : il n’y a pas eu besoin de réfléchir et je suis content de ce qui se passe en ce moment.

– Après avoir visité votre appartement, on remarque que vous aimez avant tout mixer. Cela fait trois ans que vous êtes résident dans un lieu clé de la capitale. Cependant, vous avez peu de production à votre actif. Vous définissez-vous avant tout comme DJ ?

B : Même si on adore mixer sur scène, je trouve le terme « DJ » un peu réducteur parce que nous avons une approche spéciale de la musique : elle occupe une place assez importante dans nos vies et c’est notre oxygène ! Il est clair qu’on est peu prolifique en termes de productions, mais consacrer son temps à découvrir des artistes talentueux et inspirés nous pousse à être plus exigeants et prudents.

A : Pour nous, il était inconcevable de sortir une production en dessous de celles qu’on apprécie déjà. Il fallait trouver un grain en plus de notre identité. Même si ça a pris du temps, c’était important pour nous de bien faire les choses : on avait besoin de temps et on peut se permettre de dire que maintenant, nous sommes prêts !

– Comment abordez-vous la production ensemble?

B : Assez naturellement, on est autodidacte concernant les instruments de musiques ainsi que tout le reste. On perçoit vraiment ces outils comme des moyens de communication donc quand on  fait une session live, on improvise puis on passe à la partie technique qui consiste à structurer nos idées et à essayer d’être précis.

A : Behzad a des inspirations plus classiques, moi j’ai des inspirations plus jazz et moins structurées, notre complémentarité se fait aussi a ce niveau là car on arrive à avoir des résultats assez satisfaisants. Bien sûr il n’est pas évident de lier ces deux styles, mais en travaillant bien, on peut être surpris

– Comment avez-vous pensé votre label ?

B : Je trouve ça génial de mettre en valeur des artistes qui ne sont pas forcément actifs dans la scène et de leur permettre de s’exprimer sur un disque, nous nous sentions capables de construire cette belle maison qui va accueillir d’incroyables artistes !

A : Grâce à notre résidence aux journées Concrete, nous avons eu la chance de rencontrer de très bons artistes et souvent nous avons eu un très beau feeling avec eux . Très vite on nous a envoyé des démos pour juste avoir notre avis puis l’idée nous est venue naturellement !

– Dans quelle mesure est-ce un label destiné à Behzad et Amarou ?

B : Justement, ce label est consacré aux artistes que nous découvrons et que nous souhaitons mettre en avant , nous avons accès plus facilement à ces artistes et il nous paraît évident de les produire. Le label colle à notre style, c’est-à-dire qu’il est éclectique mais il y a une ligne directrice qui va se dessiner dès les prochaines sorties.

A : On adore partager la musique que l’on aime. Ces artistes que l’on déniche sont sensibles à la critique et ouverts d’esprit : nous pensons qu’il est important d’avoir une idée directrice et d’être sincères avec eux et on espère que ça paiera !

Behzad & Amarou

– Comment abordez-vous le fait de partager le même logement et d’être constamment immergé dans vos projets?

B: D’un côté, c’est plus efficace pour le travail, à deux on va plus vite ! En revanche, c’est clair que nous y consacrons énormément de temps et cela implique quelques sacrifices quant au confort.

A : C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. Nous avons de l’ambition et nous sommes conscients qu’il faut travailler dur : le fait de tout faire ensemble facilite les choses mais il est important également de s’isoler à certains moments et de déconnecter de la musique.

– Vous êtes très proche du magasin Techno-Import à Paris, quels sont vos liens avec l’enseigne ?

B: C’est Amarou qui m’a fait découvrir le Shop , le feeling est tout de suite passé avec Mazen, le gérant du shop, on s’apprécie beaucoup et il nous écoute lorsque nous lui faisons des suggestions .

Internet et les réseaux sociaux ont eu un rôle important dans notre parcours, on lui a émis l’idée de mettre le magasin sur les réseaux sociaux et ainsi permettre aux passionnés d’être informés des arrivages et les mettre de côté.

A: Mazen a 20 ans d’expérience dans ce milieu, il est plutôt de l’ancienne école, notre suggestion a créé un besoin que le shop n’avait pas envisagé à l’époque.

Actuellement, Techno Import existe sur la toile via 4 groupes. Un pour les secondes mains, un pour le matériel, un pour les podcasts, et un pour les arrivages. Ça réunit plus de 10 000 personnes autour de toutes les publications et autour de sets mensuels filmés au magasin. On ne peut qu’être fier d’en faire partie !

Comment avez-vous prévu de lier le magasin à votre projet ?

B&A : Pour ce premier disque, 10 packs collectors BEAR seront disponibles à Techno Import quelques jours avant la sortie officielle, il inclura un t-shirt et un sac en coton pour les vinyles.

– Quels sont les labels qui vous ont servi d’exemple (sur quels aspects)?

B: Des enseignes tels L.I.E.S. ou Ilian Tape nous plaisent beaucoup, mais il y en a beaucoup d’autres. Il y a tellement de labels actuellement qu’il faut se démarquer et avoir une certaine singularité. En général, quand un label est bien dirigé ça se ressent à tous les niveaux !

A: Il est clair que le choix d’artistes et des morceaux sont importants, même si le morceau est bon il doit entrer dans la ligne directrice du label. Il y a beaucoup de bons labels actuellement, c’est excellent!

– Qu’est-ce qui a motivé le choix des artistes qui vont participer à l’aventure ?

B : Nous avons rencontré la plupart des artistes lors de nos déplacements, et sinon ce sont des amitiés qui se sont forgées sur Internet, mais une fois encore nous sommes redevables à Concrete qui nous a permis d’avoir cette visibilité. Nous espérons adopter une démarche similaire concernant nos artistes. Ce qui nous arrive en ce moment on le souhaite à tout le monde.

A : Quelque chose nous a frappés lors des entretiens Skype ou de nos rencontres : ces artistes dégageaient tous une énergie similaire. Ils ont énormément de points en commun, même s’ils proviennent chacun d’un univers différent. On a tout de suite compris que ces artistes correspondent la ligne directrice de notre label qui reflète les multiples facettes de notre duo.

– Pouvez-vous nous présenter Daxyl ?

B&A : Daxyl c’est Jean Redondo & Sebastien Michel (Projet UVB), deux producteurs passionnés de machines analogiques et vintage qui évoluent dans des univers différents.

– Comment les avez-vous trouvés ?

B: Il y a 4 ans, un ami berlinois nous a fait découvrir ses « amis du Sud », depuis on ne s’en est toujours pas lassé! Ce qui est beau avec ce duo c’est leur justesse, c’est à la fois puissant, harmonieux et excellemment maitrisé !

A: Ça ne prend pas une ride, c’est intemporel et c’est varié.

– Comment s’est passée la relation avec l’artiste ?

B&A : Nous avons tout de suite accrochés. Nous avons même eu l’occasion de nous rencontrer, on a toujours cru en eux et somme fier de les produire

– Qui sont les prochains artistes qui s’illustreront sur le label ?

B&A : L’artiste suivant vient de New York, il s’appelle Cory James. Il a un univers fascinant et un grain unique : on pense que ce sera également une très belle sortie et concernant la 3ème, c’est un artiste de Nice qui est très prometteur et efficace sur le dancefloor, SX_101.

– Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

B&A : « Bon Chance ! »

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