Lors de la dernière soirée Mute au Batofar, nous avons eu la chance de rencontrer Terence Fixmer qui nous à livré un superbe live. Nous avons voulu échanger quelques mots avec cette artiste pionnier de la techno française, dont on entend trop peu parler.

– Bonjour peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Terence Fixmer, je viens de Lille, et je produis de la Techno depuis les années 1990, sur des labels tels que Gigolo, Novamute, Prologue, et Electric Deluxe.

– Cela fait un long moment que tu es présent sur la scène française, comment expliques-tu cette longévité ? Certains n’ont pas survécu.

Je ne sais pas trop. Je pense que cette longévité est avant tout due à une passion pour cette musique, qui fait que je n’arrête pas de produire de la techno. Je perçois cette discipline comme un art et j’essaye avant tout de créer des morceaux avec une identité propre. C’est avant tout la passion et le besoin de créer qui font que je suis toujours présent.

Niederflur :FELDSTAERKE (Terence Fixmer LIGHT mix ) by Terence Fixmer
 

– Comment te situerais-tu sur le paysage électronique français ?

Je suis un artiste français qui joue beaucoup à l’étranger et peu en France. Je suis surtout un représentant de la Techno française à l’étranger.

– Comment as-tu vécu l’évolution de ce mouvement ?

Au début de la techno dans les années 90, chaque morceau avait son identité, et représentait une pièce unique. La démocratisation de la techno fait que c’est devenu un phénomène marketing, ça a attiré les médias et beaucoup d’argent qui ont fait de la techno est devenu un véritable marché. Aujourd’hui, il existe beaucoup de djs qui font de la techno comme un business et reprennent ad nauseam un nombre  incalculable de hits techno. Il y a trop de morceaux qui se ressemblent et suivent les mêmes formats comme des recettes de cuisines et cela apporte peu à la musique électronique. Tous ces morceaux identiques sont en quelque sorte le revers de la médaille du mélange marketing/musique underground.

– Simultanément il y a également eu une démocratisation des moyens de production…

Oui en effet, à l’époque on produisait énormément en analogique, à coup de synthé et séquenceur. L’arrivé des logiciels et leurs développement à permis à un grand nombre de personnes de produire de la musique électronique ce qui est une bonne chose. En contrepartie ça a également augmenté le nombre de morceaux qui polluent les sorties musicales. Et ça change l’optique de beaucoup de producteurs qui produisent avec peu d’engagements et de convictions. Ils mettent un kick des drums et pensent que  ça y est c’est de la techno, puis si ça marche tant mieux si ça ne marche pas tant pis.

Terence Fixmer & Claudio PRC : Lunar Forest by Terence Fixmer


– Et toi personnellement comment l’as-tu vécu ?

Moi je l’ai pris comme une bonne chose, à l’époque c’était beaucoup plus compliqué avec toutes les machines. Ça coutait cher et il fallait toujours du matériel supplémentaire pour arriver à une meilleure qualité sonore. Maintenant, le fait qu’il y ait des logiciels qui permettent de tout faire c’est une super chose, et l’avantage c’est que je connais les deux univers : le digital et l’analogique .Je peux prendre le meilleur des deux.

– Durant tout ce temps, ton son a bien changé non ?

Mon son à forcement évolué. Dans les années 2000 on m’a désigné comme un des createurs de la Techno Body Music, qui était un mélange entre l’influence d’artistes tels que Nitzer Ebb et Front 242 (pionniers de l’EBM) avec une base techno.J’ai également eu un projet avec le chanteur de Nitzer Ebb, qui était un peu différent. Mais depuis ces 2 dernières années, je me suis recentré à mon premier amour, la vraie techno, sombre avec une direction mentale et club, et voir sur certains titres y rajouter une touche un peu dubby.

– En ce moment quels sont sont tes projets?

L’année dernière j’ai produit un album sur Electric Deluxe (Comedy Of Menace)  puis pas mal de maxi entre temps et quelques remix pour Echologist, Tommy 47, Traversable Wormhole, Sei A, et Giorgio Gigli. J’ai également fait un maxi pour Turbo il y en un nouveau qui sort en juillet. J’ai également deux nouveaux maxis avec un remix de Marcel Dettmann sur Electric Deluxe et un nouveau maxi en septembre pour Prologue. Ça fait un emploi du temps plutôt chargé.Suis-tu l’actualité musicale ?Je suis ce qui me plait je vais pas m’amuser à suivre la hype et les tendances car ce n’est plus de la musique. J’écoute puis je juge, mais je reste connecté

.- Quels sont selon toi les artistes à surveiller ?

Il y a un artiste que j’apprécie beaucoup avec qui j’ai fait une collaboration sur Prologue, Claudio PRC. Un autre qui s’appelle IORI. En général j’apprécie beaucoup le travail fait sur les labels Prologue et stroboscopique Artefact. Sinon j‘écoute d’autres artistes que j’ apprecie comme Gary Beck, Mike Parker, Xhin , Dino Sabbatini…Ecoutes-tu autre chose que de la Techno ?En fait, soit je produis chez moi, soit j’écoute mes vieux disques techno, soit c’est silence, parce que j’ai les oreilles explosées.Un dernier mot ?Faites de la musique avec votre cœur. Ne perdez pas votre temps à écouter ce qui marche pour faire la même chose. Faites ce que vous avez dans les tripes, suivez votre instinct. Phonographe Corp remercie Terence Fixmer pour sa disponibilité et toute l’équipe Mute pour cette soirée.