Ron Morelli est un homme pressé, cependant il a eu la gentillesse de nous donner de son temps pour l’interviewer. En effet, lorsqu’il n’est pas chez A1 records en train de trier des disques et de mixer, lorsqu’il n’est pas devant un dancefloor en train de mettre tout le monde d’accord, ou lorsqu’il n’est pas en train de gérer les vingt coups de fil du jours pour sont label L.I.E.S. Ron s’offre parfois le luxe de faire de la musique. Personnage profondément impliqué dans la vie underground de la grande pomme, c’est après son passage remarqué à la Concrete à Paris que nous nous sommes penchés sur le travail de cette personne atypique.

Après quelques jours passés à découvrir sa ville et deux après-midi à fouiller les bacs à disque d’A1 records, son antre, nous nous sommes aventurés derrière le comptoir de la boutique afin de lui poser quelques questions.

– Bonjour Ron, peux-tu te présenter ?

Ron Morelli : Bonjour, je m’appelle Ron Morelli et je tiens le label L.I.E.S. à New York.

– Peux-tu nous dire d’où tu viens musicalement parlant ?

Ron Morelli : J’ai grandi avec les Oldies de mes parents et des radios qui ne passaient que ça. Progressivement je me suis mis à écouter du Hip Hop et du Rock classique, du Punk Rock, puis du Métal, et je me suis  au disco en repassant par le hip hop. De là, je me suis intéressé au break également, puis dans les 90’s j’ai commencé à m’intéresser à la Dance Music.

– Aujourd’hui quelles sont tes activités ?

Ron Morelli : Je tiens L.I.E.S., je fais tout tout seul dessus, je passe le balai, je sors les poubelles, je réponds au téléphone. Bref … tout.
-Tu es aussi producteur n’est ce pas ?  

Ron Morelli : Oui quand j’ai du temps libre, mais ce n’est pas trop le cas en ce moment. Ça avance lentement. Je travail également en tant que disquaire chez A1 records. Nous sommes 4 à travailler au magasin.

– Malgré le fait que ce soit difficile pour toi de produire, tu as produit un Ep récemment sous le projet Bad News. De là, quel était le but de L.I.E.S. au commencement, était-ce pour toi ou pour produire d’autres artistes ?

Ron Morelli : J’avais des tracks et quelques amis proches qui avaient également des morceaux qui trainaient. Au lieu de les mettre sur un autre label on a décidé de les sortir nous même. C’était plus simple et on pouvait le faire facilement quant on voulait. C’était juste pour moi et quelques amis tels que Steve Summers, Willy Burns… On voulait juste tester voir ce qui allait arriver.

Steve Summers – The Sunrise In Your Eyes

– Peux-tu nous dire d’ou le nom du label provient ?

Ron Morelli : C’est juste que j’ai grandi à Long Island c’est un petit jeu de mot.

– Est-ce important pour toi d’être rattaché à NY et là d’ou tu viens ?

Ron Morelli : Pas vraiment, c’était juste une plaisanterie, et j’aimais bien l’image que renvoie Long Island. Ça fait référence à un univers visuel assez marqué, mais il n’y avait pas de pensée profonde derrière, ou quoi que ce soit d’autre.

– On remarque malgré tout que L.I.E.S. essentiellement un label de producteurs américains. Est-ce voulu ?

Ron Morelli : Jusqu’à maintenant, je n’ai eu l’occasion de signer qu’un artiste venant de l’autre côté de l’Atlantique, c’est Legowelt. Mis à part lui, tout le monde vient des Etats-Unis.

– Comment s’est faite la rencontre ?

Ron Morelli : Je  connais Danny (Legowelt) depuis un petit bout de temps maintenant. Je lui ai demandé de faire un Ep pour L.I.E.S., il m’a dit « sans problème ». ça s’est fait comme ça.

– Est-ce important pour toi que ça reste un « family business » ?

Ron Morelli : Je pense que c’est mieux de travailler avec des gens que tu connais, c’est plus simple lorsque tu as une relation personnelle avec l’artiste. Dans ce cas-là, tu peux leur parler directement, du genre « ça c’est bien », « ça c’est nul » ou «  tu me saoules ». Ce sont tes amis tu peux leur parler, dire ce que tu veux. Lorsque tu ne connais pas la personne il faut toujours tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler, être dans une optique de business. Cela ne signifie pas pour autant que je sois fermé à l’idée de travailler avec des gens que je ne connais pas.

– Sur Discog on peut voir que tu as sorti une vingtaine d’Ep en 3 ans, c’est beaucoup. Pourquoi avoir adopté ce rythme ?

Ron Morelli : J’ai envie de garder la musique fraiche, quand j’ai des tracks que je veux sortir, il faut qu’elles sortent rapidement. Si ce n’est pas frais ça perd de sa magie. Lorsque tu écoutes un disque, même si tu l’adores, à force de répétition, il te rend malade, tu arrives à une situation de dégout. Donc plus vite ça sort, moins tu as de chances de t’en lasser, même si c’est ton morceau favori. Sinon c’est juste ennuyeux de perdre la magie des morceaux que tu sors et qui te tiennent à cœur. Je préfère rester actif que d’attendre indéfiniment le bon moment, la bonne saison.

– Il y a une vraie nécessité de spontanéité dans cette démarche ?

Ron Morelli : Ouais énormément, si je veux sortir un truc qui me plait je le fais tout de suite.

– Et le côté DIY, est-il  aussi important pour toi ?

Ron Morelli : Oui c’est sûrement l’aspect le plus important chez L.I.E.S., c ‘est le fait d’avoir le contrôle total de tout ce qui se passe. Le label vient de mon propre capital. Je n’ai pas de deal type production/distribution, je vais à l’usine de pressage, je charge les vinyles, j’envoie les vinyles. Je traite avec les mecs du mastering, avec les ingé-sons et bien sur les artistes. Ça fait beaucoup de mail. Si je fais tout ça, c’est parce que je pense que si je n’allais pas aussi loin, ça serait plus vraiment mon label pour lequel je travaillerai.

Le deal production/distribution, ce n’est pas mon truc. Ça marche pour certaines personnes, peut-être qu’un jour j’y viendrai. Un jour mais pour l’instant c’est sur que non. Ça réduirait la gestion d’un label à une direction artistique (A & R).

S ‘il y a quelque chose qui ne va pas, j’ai tout à y perdre, car c’est mon argent. Si j’avais fait appel à un distributeur, ça m’aurait posé un problème mais pas si important que ça finalement, ce n’est pas mon investissement. Puis finalement si tu fais une série de disques qui sont des échecs, peut-être que ton distributeur viendra te dire, « je te jette », ou « tu devrais essayer ce style de musique, ou celui-là ». Dans ce cas-là, tu n’as plus vraiment la main mise sur quoi que ce soit. C’est pourquoi cette manière un peu artisanale de produire me convient parfaitement pour l’instant.

– Donc quelles pourraient être les valeurs de ton bébé ?

Ron Morelli : Faire ce que tu veux quand tu veux !

Bookworms – Love Triangles

– J’ai vu que tu as réalisé pas mal de « .5 » dans ton catalogue, ça signifie quoi ?

Ron Morelli : C’est juste, qu’en Europe évidemment, l’été ça ne vend pas beaucoup, tout le monde est vacance etc. etc. L’été dernier , mon distributeur m’a dit alors que si je voulais sortir un disque ça ne servait à rien avant l’été en Europe, il était ok pour faire uniquement un petit lot de copies, donc c’est ce que j’ai fait. Les « .5 » dans le catalogue c’est donc une série de White Label sortis très rapidement en petit nombre.

Je continue à le faire, ce sont surement les sorties les plus spontanées du label et ça se fait en un mois à compter du lancement de l’usine.  Steve Moore, Steve Summer, ou qui que ce soit m’envoie un truc qui déchire, je veux le sortir rapidement, on fait  un « .5 ».

– Donc tu as un distributeur en Europe ?

Ron Morelli : Oui.

– Est-ce compliqué d’être distribué de l’autre côté de l’Atlantique lorsque tu es aux états unis ?

Ron Morelli : Oui plutôt, mais c’est mon unique distributeur, et ça représente la majeur partie du marché. Aux EU, la situation s’améliore un petit peu, mais ici, je traite directement avec les magasins.

– Y a t’il une scène vraiment développée aux EU en terme de musique électronique ?

Ron Morelli : Je ne pense pas qu’elle le soit autant qu’en Europe, pour certaines raisons ici, c’est différent. Il n’y a pas si longtemps je regardais certains médias, et peut-être que oui, si l’on parle à un niveau mainstream, même si je ne considère pas ça comme de la musique électronique, d’autres le feront pour moi… Mais toute cette merde à la Skrillex, Deadmau5 ou Tiesto… Donc je pense qu’il a une véritable distinction à faire.

Concernant la musique underground, c’est beaucoup moins développé ça c’est sûr. Je pense que ça s’améliore, il y a des ponts qui s’ouvrent avec d’autres scènes telles que la Noise Music. Malgré tout, ce n’est sûrement pas au niveau de l’Europe. Après il faut bien voir que les Etats-Unis c’est énorme est très étendu donc c’est compliqué.
– Est-ce vraiment embêtant que Skrillex puisst remplir des stades. Ça pourrait avoir des retombées positives sur la musique électronique ?

Ron Morelli : Je pense que l’on ne peut pas voir ça que d’un point de vue négatif et désapprobateur, car 80 000 personnes vont voir ce mec jouer. Peut-être qu’une centaine d’entre eux essayeront d’en tirer quelque chose, de faire un effort de recherche et d’essayer de comprendre un peu mieux cette musique : Kraftwerk et tout ça…

On peut espérer qu’il y ait des personnes parmi ce groupe de gens qui fassent l’effort. Mais qui, alors là je ne sais vraiment pas… les chiffres, les faits. Je ne comprend même pas l’état d’esprit des gens qui vont voir ces shows c’est innommable !

– Quels sont les points forts à retenir sur la carte des Etats Unis aujourd’hui ?

Ron Morelli : En terme de production et non de consommation, Détroit arrive loin devant en encore aujourd’hui.  Il y a tellement de producteurs dont on n’entend jamais parler, c’est de là que ça vient, donc c’est normal que malgré toutes ces années ça reste un endroit très actif même si l’on en entend quasiment jamais parler. Puis il y a Chicago et New York. Je n’ai pas entendu de grand chose venant de la côte ouest, peut-être qu’il se passe quelques truc à Seattle… mais il y a très peu de choses qui sortent. A NY il y a plein jeunes producteurs qui émergent.

– L.I.E.S. jouit d’un catalogue ultra éclectique, avais-tu une sorte d’identité sonore que tu voulais développer quand tu as crée le label ?

Ron Morelli : Non vraiment pas, quand j’ai commencé L.I.E.S. c’était juste pour moi et quelques personnes. On n’a pas de son spécifique, on s’intéresse aux racines de la musique électronique, mais le pire pour moi c’est de rester statique. Il faut que ça reste intéressant, pas que ça n’aille que dans une seule direction. Attention j’ai pas dit que je faisais ça de manière aléatoire, j’ai juste envie de me retrouver à décrire mon label  en disant : «  voici un disque de house, en voici trois autres, puis il y a un disque de techno, puis un autre qui est un peu différent du précédent… ». Si tu varies, c’est mieux, j’ai de la chance d’être entouré de gens différents qui ont tous une vision large des musiques électroniques et cela s’entend dans ce qu’ils produisent, donc non, je ne me concentre pas sur un style, une identité en particulier.

– Penses-tu que tu as quelque chose contre les formats et les étiquettes ?

Ron Morelli : Je ne dirai pas ça, enfin, si pour les autres ça leur convient tant mieux, je fais juste ce qui fonctionne pour moi.

Legowelt – Sark Island Acid

– Pour toi, qu’est ce qui fait un bon disque à produire ?

Ron Morelli : Tu dois être capable de reconnaître le style du producteur rapidement, enfin sa signature.  Lorsque tu joues le disque, tu sais directement de qui c’est. Tu mets un Theo Parrish, tu sais directement que c’est lui. Quand tu joues un Moodymann, ou un Theo Parrish, tu ressens des choses, des émotions. Il y a une histoire derrière tu te poses des questions «  comment s’est passé l’enregistrement ? Etait- il sobre ?», puis, il y a un style dans la bassline et avant toute chose, il doit y avoir quelque chose d’humain dans la musique.

– Y a t’il un certain amour des instruments analogiques chez LIES ?

Ron Morelli : Je ne pense pas. Honnêtement, je me fous de savoir que ça a été composé uniquement à l’ordinateur, ou avec des synthétiseurs. Pour moi, ce qui compte c’est le résultat final, que ça sonne bien. Tu peux faire de la très bonne musique avec seulement un ordinateur. Posséder 15 synthés  et douze boites à rythmes ne vont pas forcément faire que ta musique sonne mieux. Ce qui m’importe, c’est le résultat final pas comment tu l’obtiens.

– En tant que disquaire et en tant que label manager  comment vois-tu l’évolution des technologies dans le djing ?

Ron Morelli : Dans l’ensemble, je ne suis pas fan. Serato, c’est pas pour moi, certains le font mais pour moi c’est ce qui a fait s’effondrer l’industrie du disque. Même les CDs c’est du digital, ça ne m’intéresse pas du tout.

– Lorsque les producteur de Hip-hop et  House ont commencé à utiliser des boites à rythmes et des MPC, les batteurs se sont plaints de cette évolution. Maintenant que le digital remplace peu à peu le reste, les djs et les labels se plaignent, n’est-ce pas un peu ironique qu’on critique cette innovation ?

Ben ça dépend de l’usage qu’on en fait, moi ça ne me parle pas !

– Les membres de L.I.E.S. jouent souvent des sets très éclectiques. Penses-tu qu’il y ait une différence de culture chez les djs Européens et Américains ?

Ron Morelli : Je pense que ça dépend vraiment des djs que tu vas voir. C’est sûr que si tu vas voir un dj de techno tu n’auras que de la techno tout le long du set. Il y a des gens en Europe qui jouent de manière très éclectique aussi. Il y a Hunee à Berlin, ce mec peut te jouer de tout, de la disco, de l’italo en passant par la house et je ne sais quel disque de musique africaine. Evidement il y a les gars d’Optimo qui ont un style de dingue. Il est vrai cependant qu’en Europe comme cette musique est plus populaire, les gens attendent une chose précise donc quand c’est techno c’est techno etc. etc.

Pour moi c’est plus une histoire de rester en état d’excitation pendant 3h de set. Je trouve ça particulièrement ennuyeux, d’écouter de la techno ou de la house pendant 3h au même BPM. Il y a des djs qui arrivent à le faire avec une véritable finesse mais il y en a très peu. Tenir les gens en haleine pendant 5h ou 3h sans changer de ligne durant tout le set je trouve ça très compliqué.

Ce que j’aime par exemple c’est jouer une heure de techno puis jouer des tracks house puis peut-être mélanger avec de la musique industrielle. Quand c’est statique ton esprit n’est concentré que dans une direction. Si tu écoutes la même chose pendant des heures c’est beaucoup trop monotone. Quand c’est juste du « Boom boom boom », tu es en mode «  ok je suis sous l’effet de la drogue c’est cool, j’aime ça », mais si tu pouvais vraiment te laisser porter par la musique tu n’en prendrais pas.

Two Dogs In a House – Dogs Anthem

– Donc selon toi qu’elle est le job du dj ?

Ron Morelli : Quand tu es dj ton métier c’est de divertir la foule. Tu es payé pour faire danser les gens, et si les gens ne dansent pas c’est probablement que le dj ne fait pas son métier.

Y a t’il un marché assez grand à NY pour que les djs underground puissent vivre de leur art ?

Non c’est sur que non, c’est impossible.

– A Paris, la tendance des fêtards c’est de fuir les clubs pour des soirées plus « underground » y a t’il le même phénomène à NY ?

Ron Morelli : C’est très similaire. Les gens veulent éviter d’aller en club, il y a très peu de bonne programmation des les clubs ici ce qui enlève pas mal de raisons de vouloir y aller. Le public recherche énormément d’événements undergrounds mais il n’y en pas tant que ça. C’est dur à organiser, la police pose vraiment beaucoup de problèmes. Puis il y a également  des problèmes de sound system dans ce genre de soirées c’est pas forcément bien organisé et parfois c’est simplement mauvais.

– En fait c’est le même problème partout…

Ron Morelli : Oui mais j’ai tendance à croire que ça se passe mieux Outre–Atlantique. On a les mêmes problème, seulement en Europe cette musique a plus de reconnaissance, et donc plus de flexibilités et d’opportunité, car cette musique est mieux vue. Il y a énormément de choses qui se passent à NY dans quasiment tous les sous-genres que la dance music puisse compter et il y a toujours des soirées alternatives mais la qualité et inconstante, c’est « underground ».

– Sur RA on voit que la plupart des clubs sont à Manhattan, y a t’il d’autres clubs dans les autres Borough ou c’est plus là que se passent les soirées alternatives ?

Ron Morelli : Les soirées alternatives ont principalement lieu dans les autres Boroughs, mais les gens n’ont plus trop envie d’aller en club aujourd’hui. Les gens ont envie d’être plus libre, sans lois, ils recherchent d’autres expériences que d’avoir à faire à des videurs ou des clubs où l’environnement est souvent stéril. Généralement les clubs ferment à 4h du mat’ c’est donc une lutte continuelle.

– Y a t’il beaucoup de concurrence entre promoteurs ?

Rn Morelli : Non pas pour les petits promoteurs, juste pour les gros qui s’arrachent tous les mêmes artistes. Dans les petites soirées, chaque promoteur fait ses affaires dans son coin et ça se passe bien.

– Si tu devais indiquer un lieu à un touriste, lequel ce serait ?

Ron Morelli : Joe’s Pizza ! Non, sans déconner je ne sais pas il y en tellement c’est compliqué de répondre à cette question. Peu importe l’entrepôt il y a une soirée à l’intérieur souvent. Je ne sors plus trop en ce moment je reste au bar à côté de chez moi si je veux aller boire une bière.

Original Bad News-More Bad News excerpt (L.I.E.S. 012.5)

– Cette année tu n’as pas mal joué à l’étranger, donc qu’est ce qui t’a marqué ?

Ron Morelli : Concrete était surement ma fête préférée, de loin, après Berlin et Moscou c’était cool aussi, mais Paris c’était de loin ce qu’il y avait de plus fou !

-Tu prépares une tournée bientôt ?

Ron Morelli : Oui du 17 septembre au 19 novembre un peu partout en Europe. Y a pas mal de dates.

– Te reverra-t’on à Paris ?

Ron Morelli : Oui, pour sur !

– Un dernier mot ?

Ron Morelli : Faites ce qui vous rend heureux et ne laissez personne décider pour vous. Ou quelque chose dans le genre je sais plus trop…

L.I.E.S. sur Soundcloud /Discog / RA


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