Flamboyant, solaire et tellement funk qu’il ferait passer Parliament ou George Benson pour des groupes de folk, Captain Sky est réédité par deux fois ce mois-ci sur Past Due Records. Sur The Adventures Of Captain Sky puis Pop Goes Captain, le chicagoan pose la pierre angulaire d’une dance music en mutation.

« Look, it’s Captain Sky ! » s’écrit la pochette du premier long format de Captain Sky : un dessin façon comics où grimé en superhéros, il déboule entre les grattes-ciel de sa ville sur un disque volant, acclamé par la foule. Soit une entrée en matière grandiloquente pour un artiste qui l’est tout autant, musicalement et vestimentairement. Nous sommes en 77 et comme beaucoup d’autres artistes et formations soul, funk ou disco de son époque, Captain Sky ne lésine pas sur les costumes. 

Daryl L. Cameron dans le civil déboule dans un studio avec la coquette somme de 5000 $ pour financer le tout ; il en sortira The Adventures Of Captain Sky, magma funky où toutes les excentricités semblent permises. Voix qui monte dans les tours à la James Brown, apartés à l’auditeur sous un effet robotico-sensuel (« you’ll become musically aroused ») et surtout, une avalanche de riffs chauds, énergiques, suintants par tous leurs pores le funk. Cinq titres au total, dont le célèbre « Super Sporm » qui sera samplé par toute une galaxie de producteurs et rappeurs – Wu-Tang Clan, De La Soul, Public Enemy par exemple. Exubérant dans sa complexité et sa débauche d’énergie, Captain Sky convoque toutes les musiques noires de Chicago et d’ailleurs. Ce disque lui vaudra immédiatement un statut d’icône dans sa ville, sur quoi il capitalisa pour sortir un an plus tard un autre long format, Pop Goes Captain.

Dans la même tenue de superhéros – désigné par Dexter Griffin, qui travailla avec Bootsy Collins et Rick James entre-autres, Captain Sky ride maintenant la galaxie sur une pochette psychédélico-cosmique. « Moonchild », le tube et titre d’ouverture est une épopée de funk interstellaire qui s’est placé pendant quelques semaines dans le Billboard Dance Charts, top 100 des titres les plus joués en radio et en discothèques. Plus racé, plus brillant et moins exubérant, Pop Goes Captain resserre son sujet et parait plus maitrisé – même si les envolées funky du précédent restent jouissives. 

Deux disques comme les deux mêmes faces d’une pièce, qui nous replongent dans une époque pré-house music, où tout était permis. 

Captain Sky, The Adventures Of Captain Sky et Pop Goes Captain
Past Due Records

Merci à Jerome Derradji pour les images.