Fan d’italo, d’EBM et de lignes de basse sombres, le label toulousain Ritmo Fatale lance le premier album intense de Mimmo & Hirschmann, Le Martinet. Un coup de fouet en slow motion, noir et rugueux.
Un ciel bleu, un nuage cotonneux, un oiseau qui y vole : le tableau idyllique est coupé dans sa largeur par un fouet en cuir, volant dans l’air. C’est la pochette doucement dure de Le Martinet, album de Mimmo et Hirschmann sorti sur Ritmo Fatale. Label toulousain apparu l’an dernier à quelques encablures de la pandémie, il compte déjà trois sorties à leur compteur synthétique : deux compilations de haute volée, Velvet Dream EP et Mirror Fantasy EP, ainsi qu’un EP de Neurotiker, The Dream Machine EP. Trois sorties entre italo, EBM et électronique synthétique et qui surtout, dessinent une nouvelle carte de l’électronique à Toulouse d’abord, en France ensuite. Un label qui compte déjà, avec une envie de remettre en scène des musiques le plus souvent dans l’ombre.
C’est dans une certaine noirceur que Mimmo, pilier de la scène rennaise et nantaise et Hirschmann, pilier bordelais lui, ont dompté ce martinet. Des beats lourds, rugueux, dès l’intro du titre qui ouvre le disque. « Danse Macabre » donne le ton et réunit tous les éléments à venir : ligne de basse d’une noirceur de jais, riffs synthétiques saturés, ambiance de back room obscure. Le disque sent clairement la sueur, le stupre : la pochette donne le ton, la lenteur tout en contrôle de « L’orange et le bleu » ou du morceau-titre « Le Martinet » le confirme : la vitesse n’est jamais aussi plaisante que lorsqu’elle est maîtrisée, volontairement empêchée. En slow motion du début de la « Danse macabre » jusqu’aux « Regards croisés », l’EBM et l’italo du duo nous font bouillir. On se contient, se retient, prêt à tout lâcher quand on se rend compte que le plaisir est dans la retenue, dans la frustration et le contrôle. Une violence rentrée, intérieure, presque amère, qui nous traverse tout au long d’un disque chanté en français. « Regarde le ciel brulant, regarde le bleu ardent, le martinet glissant, dans le zéphyr portant », nous disent Mimmo et Hirschmann.
On regarde Le Martinet et on attend le moment où il s’abattra sur nous : il ne le fait pas, alors on appuie à nouveau sur lecture.