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Cela fait quelques temps déjà que vous pouvez entendre un peu partout, et beaucoup sur Phonographe Corp, que la scène Techno-House française est en plein essor, ne cesse d’avancer, de se renouveler et de gagner en importance dans le paysage européen. Et bien figurez-vous que la Pop n’est pas loin. La Pop ? Mais si vous savez, ce terme un rien fourre-tout qui aujourd’hui, tend à remplacer tout à la fois, le rock, l’indie, le R’n’B et plus encore dans la tête des gens. Et bien The Aikiu, eux, ils s’en branlent pas mal de tout ça et il faut avouer que ça fait aussi du bien.

A l’image de la Pop elle-même, l’histoire d’Alex, chanteur-compositeur du groupe The Aikiu, s’écrit d’abord ça et là, sur plusieurs continents, dans plusieurs pays. D’origine franco-vietnamienne, né à Bourges mais ayant passé une partie de son enfance en Afrique et l’autre aux Etats-Unis, c’est d’abord dans son esprit que le projet commence à prendre forme il y a de cela déjà plusieurs années. La suite est en accélérée, comme lorsqu’un personnage meurt au cinéma: une rencontre avec Julien, aujourd’hui membre du groupe, des premières prestations lives une fois Barnabé (bassiste) en poche, l’arrivée d’une touche féminine avec Tatiana à la batterie, l’écriture d’une belle tripoté de pop-song aux accents Wave (que ce soit Cold ou New, c’est selon) et aujourd’hui un guitariste pour venir compléter l’ensemble. Et voilà comment, en peu de temps, on passe d’un projet personnel à l’un des groupes français les plus excitants depuis pas mal de mois.

Le problème, ou plutôt le bonheur, c’est qu’ils ne sont pas les seuls et aujourd’hui, avec Juveniles en tête, la France n’a plus tellement à rougir de ses voisins du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, d’un peu partout en somme. L’étiquette Pop, je leur colle, on leur colle, là, en gros sur le front, tout simplement car aujourd’hui tout le monde a compris qu’il ne servait à rien de se toucher la nouille en inventant des styles hybrides type « Groovy-pop-électronique » ou « Indie-new-rave-cold » auxquels personne ne comprend rien et qui, à part détruire une scène ou de belles initiatives (qu’en est-il de la « Chill-wave » ?) n’apportent pas grand chose.

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Sinon, à part tout ça, toutes ces belles choses, et bien The Aikiu c’est quand même pas mal bandant parce que ça prend des risques. Il faut le dire. Il y a d’abord cette voix, cette façon de chanter. Pousser la mélodie de manière si maniérée tout en gardant de la justesse, de la classe, une certaine puissance et sans donner l’impression de se faire écraser l’orteil sur chaque fin de phrase (le « Lisztomania » de Phoenix si tu nous entends) n’est pas donné à n’importe quel groupe, surtout français. En effet, il faut dire qu’en terme de chanteurs maniérés, l’héritage de Christophe Willem est plus difficile à porter que celui de Morrissey. Les douceurs de notre chère patrie.

Musicalement, on retrouve les codes de ce que l’on aime à appeler aujourd’hui l’« indie-pop » – pour pas trop se perdre – vu que Rihanna, les Black Eyed Peas ou encore Christophe Maé peuvent se voir affubler eux aussi de ce mot – mais parfaitement maitrisés. Cela donne de sympathiques petits morceaux aux synthés aguicheurs, aux basses à contre temps rebondissantes et aux mélodies entêtantes. Mais là où The Aikiu garde une longueur d’avance, ou plutôt s’accapare un avantage, c’est à travers cette touche mélancolique qui permet de donner vie non pas seulement aux morceaux, mais à tout un album dans sa globalité.

Le groupe réussit à délivrer dix morceaux qui s’écoutent d’une traite, sans jamais lasser et/ou donner l’impression de racler les fonds de créativité. Pour cela, il faut, bien évidemment, saluer le travail de Pilooski mais aussi de Guillaume Brière, du duo The Shoes (notre interview ici), qui vient de pondre là un digne successeur à “Crack My Bones qui, en 2011, venait donner ses véritables lettres de noblesses à cette nouvelle pop française et se positionner comme un des albums référence des années 2010.

Alors ne boudons pas notre plaisir. Avec l’innocence assumée, maladroite et impertinente de La Femme (leur playlist ici) d’un côté, et la classe chaleureusement froide de The Aikiu de l’autre la pop française se porte bien, comme jamais peut être. Le Ying et le Yang, tout ça. Profitons.

Ah, aussi, l’album Ghost Youth de The Aikiu est sorti cette semaine. C’est un peu pour ça qu’on en parle quand même.

Et surtout, foncez voir les clips, ils défoncent, comme celui-ci.

Charly / CharlyBct