S’il fallait absolument en choisir une, alors pourquoi pas, allons-y, ça serait celle-ci, notre compilation de l’été : Worst Summer Hits. Parce que le casting allie solidité et fraicheur, une bonne dose de transpiration et des productions au couteau.

Dans les musiques électroniques, les noms des tracks ont toujours une valeur intrinsèquement étrange : difficile de mettre en avant à l’aide de quelques mots une production qui le plus souvent et mis à part un sample vocal, s’en affranchit. Volontairement bizarres, farfelus, hors-propos même, c’est à (presque) tous les coups la roulette russe quand on tente de déchiffrer ce que peut bien vouloir dire « Fernando », « Visa », « Extrastar Transcendence » ou « Defusing Ego Plans ». On tente d’entrer à distance dans la psyché du.de la musicien.ne pour y trouver des réponses : peut être que ces mots énigmatiques peuvent nous aiguiller, nous raconter quelque chose, dire un peu plus qu’ils ne sont. À travers eux, on verra alors sous un autre jour la musique que l’on écoute, à la manière d’une explication d’une oeuvre dans un musée. 

Label fondé et dirigé par Les Fils de Jacob, duo de DJs et fondateurs de Positive Éducation, Worst Records lance depuis la cité de Saint-Étienne, ville passée d’un oubli morne et gris à une place forte de la scène française à coups d’after rondement menés, de la musique pour des « lendemains qui ne finissent jamais ». A Strange Wedding, Jacques Satre et Christian Coiffure ont ouvert le bal avec panache avant une première compilation/somme, Worst Greatest Hits Vol. I sortie en début d’année. C’est donc le tour d’une seconde compilation, d’été cette fois : comme un clin d’oeil aux disques des grandes radios généralistes qui versent leurs soupes dès l’ouverture des campings et des stations balnéaires. Mais un clin d’oeil en négatif, d’un outre-monde hors de toute lumière et de toute obligation de plaire. 

Pourtant, à l’écoute des 14 titres aux étranges et troublants noms, on se dit qu’ils ont raison : ce n’est peut-être pas les tubes de l’été que l’on imaginait, mais ceux dont on a besoin. Christian Coiffure, Jacques Satre, A Strange Wedding, Théo Muller, Del.Duc, Clemens Friedrich, 404, tous nous déposent des parpaings sur la nuque pour oublier que l’on devait être à l’autre bout du monde mais que, Covid-19 oblige, nos plans se réduisent à aller chez les grands-parents dans le Cantal. Ce qui nous laissera le temps pour comprendre ce que veut dire « Ferrovipathe » ou « Olo Rave ».

V/A, Worst Summer Hits
Worst Records