Membre fondateur du Honey Soundsystem, DJ et producteur naviguant avec facilité entre house, techno et acid, Bézier est notre invité sur ce podcast n°340 intense, fort en “drama”.

On l’avait découvert à travers des disques bien troussés sur des labels qui inspirent l’écoute attentive : Robert Yang aka Bézier est passé par Dark Entries, Public Release ou Cin Cin, le label de Fort Romeau. Il est surtout un DJ d’une très grand agilité – en tant que membre fondateur du Honey Soundsystem, cela va de soi. Il nous avait aussi impressionné lors d’une émission de feu Beats In Space où il avait enregistré une heure de disco et boogie de Singapour, Hong Kong et Taïwan.

Mais il est ici pour tout autre chose : ses qualités pour satelliser un dancefloor en quelques tracks. Pas d’introduction dans ce podcast qu’il nous livre. Juste de l’intensité – il se dit lui-même intense weirdo. De la techno à la house en passant par l’acid, un moment de club comme il nous en manque cruellement.

Salut Robert ! Merci d’avoir pris le temps de discuter. Comment ça va ces jours-ci ? Tu as l’air plutôt occupé avec toutes les sorties à venir. Quel est le processus créatif derrière miv. Records ?

Merci de m’avoir invité ! Je pense que miv. marque le pas pour tous les efforts fait, dans plein de domaines. J’ai travaillé avec Benedikt Rugar et Diego Scaro autour du concept de mémoire involontaire. Cette mémoire involontaire peut-être liée à des zones grises, dans le temps et l’espace. L’idée littéraire derrière tout ça est la mémoire par l’objet. La musique est un collage, un assemblage d’émotions enfouies et d’être oubliés. 

Tes récentes sorties semblent liées musicalement. Est-ce que c’est quelque chose que tu avais en tête en enregistrant tout ça ?

Sans trop penser à ce que je faisais, j’ai enregistré le tout entre 2016 et 2019. Pendant tout ce temps, j’ai exploré et désappris mes vielles habitudes de studio. Je me suis mis dans de nouveaux environnements pendant de longues périodes, comme Taiwan ou plus récent l’Allemagne. Mais finalement, tout est venu comme un flux de conscience, avant d’affiner tout ça dans une forme de logique. 

Comment est-ce tu travailles en studio ? Est-ce que tu es du genre à tout préparer en amont, ou bien laisser place à l’imprévu ?

D’habitude, je structure un track avec quelques drums et des boucles superposées au-dessus. Une fois que j’ai assez d’idées en tête, je construis le tout. J’ai eu une formation assez complète en improvisation avec des formations et groupes de jazz en étant plus jeune, cela m’aide pas mal à me guider dans ma créativité. 

Est-ce que tu peux m’en dire plus sur le projet bodyzone et 羅伯特 ?

J’ai beaucoup joué avec l’idée d’une carte routière. Tu peux avoir une idée qui s’ouvre en plusieurs routes. Tu peux choisir quel chemin ou idée suivre et rester fidèle à toi-même. J’ai particulièrement l’idée d’avoir plusieurs destinations, d’explorer plusieurs concepts et idées pour des genres particuliers. Certains chemins sont plus étroits que d’autres, alors que d’autres ouvrent des nouvelles perspectives.

Je retrouve beaucoup d’intensité dans tous tes projets et tous tes tracks. La musique est meilleure quand elle est intense ?

J’imagine qu’être un intense weirdo est ma marque de fabrique. J’aime la musique qui te met dans la zone, comme quand tu es au derrière le volant depuis un long moment et que tu t’imposes un rythme. Il y a une grande pression sur ta façon de te déplacer. Pour moi, être hyper concentré est l’équivalent de vivre.

Est-ce que tu peux m’en dire plus sur le mix que tu as enregistré pour Phonographe Corp ?

C’est un mix pour le club. Un peu de techno, un peu de house, beaucoup d’émotions. J’étais en train de fouiller ma pile de disque quand j’étais chez mon frère à San Diego. Il y avait beaucoup de morceaux dans ces disques que je n’avais jamais vraiment écoutés avec attention. Je suppose que c’est un petit aperçu de mes archives qui me rappelle que j’ai encore des affaires à régler dans mon État natal.

Quelle est la suite pour les mois à venir ?

Ce mois-ci, je lance une résidence mensuelle à Frankfurt sur EOS. Bientôt, je sortirai le prochain album sous mon alias Robert (羅伯特) au début de l’été. Ensuite, on verra ! 

Bézier vient d’annoncer la sortie de Lexicon, son nouvel album sous son alias Robert (羅伯特) sur son label Piece of Work.