La beauté dans le fait d’avoir une passion, c’est qu’elle vous conduit irrémédiablement à communiquer avec des gens partageant vos opinions. Chez Phonographe Corp, nous avons toujours accordé énormément de valeur à l’engagement, à l’activisme et au partage. Cela semble également des valeurs auxquelles adhère Eddy Ramich, 21 ans avant nous, à Zagreb. La Croatie n’a jamais été plus sur la carte de la house et de la techno qu’aujourd’hui. L’intéressé en est probablement son ambassadeur le plus cosmopolite, initialement affilié à SSOH (le label de Claude Monnet) dans le cadre de son projet avec Dus, il a par la suite été mis en avant part l’écurie munichoise Compost pour un autre projet collaboratif intitulé “Eddy Meets Yannah”, Eddy est également l’un des plus vieux promoteurs de Croatie du fait de sa soirée Kontrapunkt. Sa vision de la musique, les valeurs auxquelles il semble adhérer et le fait qu’il gère une scène lors du Dimension Festival nous ont logiquement amené à lui poser quelques questions sur sa passion et sur la Croatie. Bonne lecture !
– Bonjour, Eddy, peux-tu te présenter?
Umm… C’est faussement simple comme question, je suis DJ en premier lieu, à la fois en club et en radio, producteur et promoteur. En d’autres termes, je suis totalement dans la musique.
– Tu as commencé dans les 90’s n’est-ce pas ?
Mon premier gig était lors d’une soirée étudiante en 1984. J’avais joué de la musique sur des platines cassette, par la suite j’ai vu le film Beat Street la même année ou pas longtemps après et le film m’a mis une grosse claque. Après ma sortie au cinéma, j’ai dit à ma sœur que je voulais devenir DJ. Quelques années plus tard, ce qui devait arriver arriva. J’ai commencé à acheter des disques en 1987 puis j’ai eu ma première date en club en 1989. Ça a commencé avec une visite estivale à Brighton en Angleterre où mes parents m’ont envoyé pour étudier. C’est là que j’ai découvert la house music. Enfant, j’étais allé au conservatoire, j’ai donc également été intéressé par la production. En 1991, j’ai acheté mon premier sampler, c’était un Akai 1000. Atari et Akai 1000 tels étaient mes outils.
– Comment as-tu continué à t’impliquer dans cette culture à ton retour à Zagreb ?
J’étais impliqué dans la scène locale dès ses prémices. Au début des années 1990, ça a commencé avec la house et la techno. Je n’étais pas trop techno à l’époque, pour moi, c’était essentiellement une histoire faite de house et d’acid jazz. L’aubaine c’est que j’ai eu un job de présentateur à Radio 1 Zagreb en 1993. De fait, j’ai pu jouer tous mes trucs à la radio.
– Comment ton travail à la radio a-t-il influencé ton travail de DJ ? Est-ce une approche différente de l’auditeur ?
Je pense que la radio est le meilleur moyen de mettre en avant de la musique non-mainstream à une plus large audience. Lorsque j’ai commencé, les gens venaient à mes soirées pour entendre les morceaux qu’ils avaient écoutés … donc si je jouais un track underground à la radio ça pouvait devenir un track connu que les gens reconnaitraient lorsqu’ils l’entendraient dans mon set en club. C’était super de voir les gens danser et chanter sur les morceaux de Romanthony ou sur de l’acid jazz de Galliano…
– Quelle relation as-tu avec la nouveauté ? Ne penses-tu pas que cette notion ait été quelque peu altérée avec le temps ?
Oui, c’est complètement différent maintenant. Localement parlant, la radio ne peut plus influencer tant que ça à l’exception de BBC, les radios locales n’ont plus tant d’influences que ça : tout a changé avec Internet.
– Travailles-tu toujours en tant que présenteur radio aujourd’hui ?
Non, pas en ce moment, plus depuis que la légendaire Radio 101 a déposé le bilan il y a trois ans. J’ai lancé avec quelques amis la Radio 808 sur internet mais j’ai quitté le projet il y a un an, car nous étions huit avec huit différentes visions. Pour le moment, je ne suis pas très centré sur la radio mais ça me manque beaucoup. En fait, en ce moment, en Croatie, les meilleurs hommes de radio ne travaillent pas à la radio. Toutes les radios privées et publiques ne font plus que des playlists, passent de la pub et parlent de la pluie du beau temps et des embouteillages.
– C’est un drôle de paradoxe, car il semble que la Croatie soit plus que jamais sur la carte des musiques électroniques de nos jours.
C’est un paradoxe car, depuis 2008, on était un pays où l’on pouvait, tout particulièrement sur Radio 101, écouter les trucs les plus progressifs en Europe, mais je ne suis plus inquiet car la nouvelle génération ne semble plus s’intéresser à la radio. Pour eux, c’est sur internet et avec Shazam en club que ça se passe … cependant, c’est honteux que nous n’ayons pas de bonne stations de radio.
– Observes-tu un changement de comportement à l’égard de l’underground en tant que promoteur ?
Oui, c’est différent de nos jours, pour moi c’est un défi encore plus excitant de partager la musique que j’aime à l’heure d’aujourd’hui. Il faut garder à l’esprit qu’avant, c’était une musique inconnue, mais les gens avaient faim de musique. Aujourd’hui, tu dois travailler d’arrache-pied pour proposer quelque chose de bon de frais et d’inconnu car il y a une telle overdose de musique que les gens sont perdus.
– En Croatie, tu as véritablement des labels frais et peu connus, le plus connu doit être Burek. Comment cette scène se structure-t-elle à Zagreb ? Y a-t-il une véritable communauté soudée ?
Burek est un label fantastique. Le label est tenu par de bons amis, Pytzek et Mislav. Les mecs travaillent dur, je peux assurer que chaque sortie est une pure bombe.
Je ne suis pas sûr que l’on puisse qualifier la scène de Zagreb avec un adjectif tel qu’unifié. Cela n’est jamais arrivé, ce que j’appellerai le son de Zagreb ou la scène locale, ce sont les nombreux collectifs qui donnent le meilleur d’eux-même pour défendre la musique qu’ils aiment. Aujourd’hui, nous avons plus de collectifs, plus de DJ’s, plus de producteurs, mais ça ne signifie pas que tout le monde est bon.
Nous avons beaucoup de fêtes où les gens vont,car les promoteurs sont constamment sur Facebook à racoler les gens, ce qui est bon d’un point de vue du promoteur, mais en terme de DJ et musicalement parlant, la plupart sont dans la moyenne. On pourrait probablement faire la même assertion pour de nombreuses autres villes mais ça ne me dérange pas. Mon but c’est de me concentrer sur ce que je fais, de soutenir les gens que je respecte vraiment pour la qualité de leurs travaux et leur honnêteté. Comme tu l’as mentionné, Burek est un très bon exemple de ce qui se fait de bon en Croatie et à Zagreb.
– Est-ce que l’arrivée des grands festivals anglais en plein air a changé la situation ?
Pour moi, c’est du pareil au même. Il y avait des soirées en club avant en Croatie, je veux dire, avant l’arrivée des festivals. La seule différence ,à Zagreb, c’est qu’avant les gens étaient excités à l’idée de voir un DJ et qu’ils s’en fichent un peu maintenant puisque tu peux en voir trente en même temps lors d’un festival. Dans tous les cas, je pense que c’est une bonne chose qu’il y ait des festivals en Croatie, car ils s’intègrent à notre scène et que de nombreux artistes croates jouent également dans ces festivals. Dire “festival anglais” c’est un peu réducteur, car ce n’est pas simplement une délocalisation d’événement. De nombreux festivals fonctionnent avec des partenaires croates et une grande aide logistique venant de la scène locale. Le truc triste dans tout ça, c’est que les gens n’écrivent sur la Croatie qu’à cause du boom des festivals et pour une grande partie des lecteurs on pourrait croire qu’il ne s’y passait jamais rien avant. Il y a beaucoup de légendes de la house de la techno et des DJ’s éclectiques ou des artistes jazz que l’on peut voir peupler les line up d’aujourd’hui et qui jouaient en Croatie avant également. Tout était là avant les festivals ! Maintenant, le fait est que les Dj’s et les producteurs croates ont besoin d’être présents lors de ces festivals, de montrer de quoi ils sont capables et de laisser parler leurs talents au même titre que l’artiste d’envergure internationale.
– Est-ce le cas ?
Pour ce qui est de la représentation, oui, les artistes croates sont présents sur des festivals tels que le Garden, le Dimension et l’Outlook. Ces festivals sont extrêmement connectés à la scène musicale et c’est une bonne chose.
– Tu parlais précédemment des clubs en Croatie. Kontrapunkt est l’une des plus vieilles soirées croates, tu l’organises depuis plus de 15 ans maintenant.
C’est l’une des plus vieilles soirées en Croatie, on fait également un festival tous les ans. Lorsqu’on parle d’une approche éclectique de la musique en Croatie, on peut dire que ça a commencé avec Kontrapunkt ici.
Lorsque je regarde en arrière, j’ai eu le plaisir de connaître beaucoup d’artistes bien avant qu’ils soient connus comme les légendaires Azymuth, Marcos Valle, Carl Craig, Theo Parrish, Gilles Peterson. Je suis heureux de les connaître et de savoir que nous étions l’un des meilleurs points de chute pour le broken beat, le future jazz… Tout le monde dans la scène venait jouer ici régulièrement, 4hero, Kyoto Jazz Massive, Ig Culture, Zed Bias, Seiji…
– Comment as-tu vu ton travail de promoteur évoluer ?
Dans les faits, je ne dirais pas que je fonctionne comme le promoteur type. J’ai commencé à booker des artistes car je voulais ramener des artistes que je voulais écouter et présenter aux gens. J’invite des amis DJ’s et producteurs à mes soirées. Dans tous les cas, je savais que je n’invitais pas ses artistes dans mon club, personne ne le ferait, c’est comme ça que je suis devenu promoteur.
– Quel rôle a eu Claude Monnet dans ta carrière de producteur ?
D’une certaine manière, c’est lui qui m’a découvert. C’était le premier artiste d’envergure internationale que j’ai invité en 1994 dans le cadre de ma résidence à Zagreb et c’était le premier qui m’a proposé de sortir de la musique et qui m’ait invité à jouer à l’étranger : c’était à Paris au légendaire Palace. J’ai énormément de reconnaissance à son égard.
– Toi et Zvonimir Dusper (Eddy & Dus) êtes probablement les seuls artistes croates sur SSOH qui est le principal label derrière cette collaboration, comment s’est faite la connexion ?
Au même moment où Claude m’a proposé d’enregistrer de la musique, j’avais rencontré Dus lors d’une session en studio. J’étais impressionné par ses compétences et je lui ai immédiatement demandé s’il voulait travailler avec moi. Je ne sais toujours pas pourquoi nous avons quitté SSOH, c’était probablement à cause d’une raison stupide, nous étions jeunes et impatients. Si je me souviens bien, Claude a fondé SSOH pour nous, c’était supposé être le label d’Eddy & Dus.
– Quel était le ciment de cette collaboration ? Pourquoi l’avez-vous arrêté ?
Le truc cool à propos de cette collaboration c’est que j’étais le DJ qui apportait la connaissance de la musique et Dus était le musicien avec la connaissance liée à la composition. En terme de production ça crée un bon équilibre : l’un dispose de la théorie et l’autre de la pratique, l’un peut palier les lacunes de l’autre et inversement. Notre projet s’est arrêté pour la même raison que beaucoup d’autres projets ou groupes après 7, 8 ou 10 ans de travail intensif, à ce moment-là nos goûts musicaux divergeaient. On aurait pu faire un compromis, mais je pense qu’une telle chose, à l’époque, aurait été la pire des choses à faire pour nous.
– Ton autre projet c’est Eddy Meets Yannah, il a commencé en 2004 sur le label de Paolo Scotti. Comment ce retour à la production a-t-il eu lieu ?
Avant que Dus et moi arrêtions de travailler ensemble, nous avions eu plusieurs fois l’occasion de travailler avec quelques musiciens dont Yannah Valdevit. Il s’est intéressé de près à la programmation et la composition et il faisait de super chansons donc nous avons lancé notre projet spontanément. La première sortie c’était « Made A Mistake » pour Paolo Scotti de De Javu Records, mais c’était signé sous E.M.Y..
Durant notre visite en Italie et lors de la rencontre avec Paolo Scotti nous n’arrêtions pas de chanter le track de Sun Ra « Made A Mistake ». Nous avons enregistré ça pour rigoler et voir ce que nous pouvions faire ensemble à partir de là et c’est de là que le projet a véritablement commencé.
En fait c’est surprenant que tu me poses la question à propos de cette sortie car peu de gens sont au courant et c’était assez différent de ce que nous avons sorti par la suite sur Compost.
– Comment fonctionnait cette collaboration par rapport à la première ?
Lorsque je travaillais seul, je me sentais toujours limité, tout particulièrement car je n’ai jamais su mon plonger vraiment dans l’écriture, j’étais focalisé sur le djing et le digging. Avec Yannah et Dus, c’était pour moi bien plus facile et bien plus amusant, ce sont de véritables musiciens et ils sont super créatifs, j’étais donc essentiellement focalisé sur la structure et les arrangements afin que ça fonctionne pour l’auditeur et les danseurs.
– Comment as-tu fait la connexion avec Michaël Rainboth, le patron de Compost ?
Lorsque le Nu Jazz a commencé à être en vogue, Dus, Alen et moi étions parmi les gens qui représentaient le mouvement en Croatie et à cette époque nous commencions notre résidence Kontrapunkt qui est devenue l’un des spots pour cette musique à travers le monde.
De fait, nous avons commencé à communiquer avec tous les DJ’s et producteurs de la scène qui n’était pas énorme, on se connaissait tous les uns les autres avant de se rencontrer en personne.
Je ne suis pas sûr et certain mais je crois que c’était Tom Wieland ou Rainer Trueby qui nous a mis en contact avec Michaël, sinon on s’est rencontré lors d’une date à Munich ou lorsque l’on a visité Compost Records… Je ne me souviens plus exactement, mais j’ai l’impression de connaître Michaël depuis toujours.
– Tu es également connu pour tes remixes sur des artistes légendaires comme Arthur Verocai. Comment approches-tu l’exercice ?
C’est surement le meilleur de nos remixes avec Yannah. Un jour, Yannah et moi étions dans le bureau de Far Out à Londres et Joe Davis a commencé à jouer la démo du nouvel album d’Arthur Verocai. C’était tellement beau que l’on n’en revenait pas, on a commencé à halluciner sur la façon dont les cordes étaient enregistrées, 10 minutes plus tard, Joe nous demandait si on était d’accord pour faire un remix. On a répondu oui avec la joie et l’enthousiasme que seuls les enfants sont capables d’exprimer . Ce remix était une superbe expérience.
– Fais-tu toujours de la musique aujourd’hui ?
Oui… maintenant je retravaille de plus en plus avec Dus. Pour le moment, on travaille lorsque l’on a le temps, c’est compliqué d’ajuster nos emplois du temps, mais on y arrive, on devrait aboutir à quelques trucs intéressants.
En fait, on a fait un remix l’année dernière pour Da Iata qui vient de sortir, c’était notre première sortie avec après 10 ans de repos.
– Ces dernières années, il semble que tu te sois plus concentré sur ta carrière de DJ plus que sur la production qui maintenant est un prérequis obligatoire pour les DJ’s qui veulent tourner.
J’ai toujours été plus centré sur le djing, j’ai toujours eu plus d’affects pour cette activité que pour la production. Comme je le disais, des gens comme Dus et Yannah sont de véritables musiciens/producteurs et je ne deviendrai jamais aussi bon qu’ils ne le sont tout comme beaucoup de producteurs n’arriveront jamais à être DJ.
Je préfère largement que les producteurs fassent des lives ou qu’ils jouent d’un instrument et décident de ne pas faire DJ, car il semble qu’il soit plus facile de faire de l’argent avec ce métier-là en raison de la faible quantité des ventes.
Un DJ ne devrait faire de la musique que s’il en sent une réelle envie et qu’il veut s’atteler sérieusement à cette tâche, pas pour avoir plus de dates, ça ne serait pas honnête. Pour devenir un bon DJ, ça prend des années de travail tout comme pour le fait pour un musicien de jouer et de comprendre la musique de John Coltrane prend des années. Aujourd’hui tout le monde essaye de simplifier les choses.
Il y a bien évidemment quelques exceptions avec des artistes qui excellent partout en même temps, mais ces gens-là sont sur la scène depuis quelques dizaines d’années déjà.
– Tu as un pied dans le jazz et le broken beat et également un autre dans l’industrie du club. Penses-tu que cela puisse expliquer en partie la longévité de ta carrière et l’écart qu’il peut y avoir entre la musique que tu produisais et la variété de styles que tu mets en avant en tant que dj ?
En tant que DJ de club, j’ai commencé avec la house et je peux dire que c’est un peu ma zone de confort, mais changer de style est toujours rafraichissant… Néanmoins, je pense que les genres de musique que je joue découlent d’un état d’esprit profondément jazz.
Dès lors que tu as appris à jouer différents styles de musique un peu complexe, tu peux jouer très facilement de la house avec une autre grille d’analyse. Pour moi, la période la plus excitante était encore au début des années 2000 durant mes soirées où l’on faisait des sets complètement freestyles allant du jazz au futur jazz en passant par le Broken Beat. C’était très éclectique.
J’ai toujours essayé de divertir les gens, ce qui est la fonction première du djing puis j’essaye aussi de les éduquer un peu, si j’ai la chance de jouer des trucs bizarres qui sortent de l’ordinaire, je n’hésiterai pas une seule seconde.
Si je joue uniquement de la house, j’ai malgré tout besoin de varier, autrement je m’ennuierai à mort à me cantonner à un son. La radio me manque,car j’ai l’habitude d’y jouer beaucoup de musique que je ne joue pas dans les clubs. La musique que je produis n’est pas faite initialement pour les DJ sets, à maintes reprises les gens étaient surpris en m’écoutant mixer.
En fait, Eddy meets Yannah a toujours été placé au mauvais moment sur les line-ups car ce que l’on faisait en live ou lorsque je mixais était bien différent des productions.
– Cette année tu fêtes tes 25 ans de dj avec Shuya Okino. Quel est le programme ?
Ce fut une tournée vraiment amusante. J’ai booké Shuya d’abord à Southern Soul et au Garden Festival puis nous avons réalisé que ça faisait tous les deux 25 ans que nous jouions des disques donc c’était la correspondance parfaite, on en a profité pour faire quelques dates ensemble,car on est amis depuis longtemps et musicalement connectés.
Nous sommes allé de petits en gros festivals jouant à chaque fois des trucs complètements différents, nous nous sommes perdus dans les montagnes slovaques, nous avons conduit dans des zones piétonnes au milieu de Vienne, goûter des bons vins et de la bonne nourriture dans différentes régions. J’ai hâte d’aller voir Shuya au Japon en novembre !
– Tu vas jouer au Dimension Festival prochainement, quel serait le premier conseil que tu donnerais à un premier venu ?
Yes, je joue cette année encore… c’est vraiment l’un de mes spots favoris. Je suis honoré chaque année d’en faire parti. Cette année, j’aurai ma scène pour la seconde fois (Kontrapunkt), il y aura Opolopo, Jay Simon, Onra, Flako et moi même.
Un conseil… hmm… prenez soin de vous, ne vous amochez pas et essayez de voir le plus d’artistes possible et même les moins en vogue, car vous risqueriez d’être surpris.
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What’s nice when you have a passion is that most of the time you’re intuitively led to communicate with people sharing the same belief. At Phonographe Corp, we always accorded a lot of value to notions like involvement, activism and sharing. It seems that Eddy Ramich is clearly sharing the same line but he started 21 years before in Zagreb. Croatia has never been on the house and techno’s map as much as nowadays. M. Ramich is probably one of its most cosmopolite ambassadors, firstly released by Claude Monnet on SSOH with Dus, then putted forward by the Munich-based imprint, Eddy is alsoparty promoters of one of the oldest party in Croatia called Kontrapunkt. Regarding his music and the value he seems to stick too, and the fact that he is hosting a stage at the Dimension festival we thought it would be nice to ask him few questions about his passion and Croatia.
– How could you present yourself?
Umm… That’s hard and easy; I’m a dj in the first place, both in club and radio as well, producer, promoter. Simply said I’m 100% into music.
– But you started in the early 90’s right?
My first ever dj gig was on a school party in 1984. I played some music from cassette decks, and then I saw the movie Beat Street in 84 or so. and I was impressed by the dj in the movie … and after the cinema visit I said to my sister that I will be a dj – few years later it happened. My first-club gig was in 89, but I started to buy records regularly since 87. It started with my summer visit to Brighton, England where my parents sent me to learn English, and I discovered house music. As well i went as a kid to music school and got interested as well into production … Around 1991 I bought my first sampler, it was an Akai 1000. Atari, Cubase and Akai 1000, that was my tool.
– How did you continue to be involved in this culture after coming back in Zagreb?
I was involved into the Zagreb’s scene from the beginnings. In the early 90’s, it started with house and techno. Although I wasn’t into techno at that time. For me, it was mainly about house music and acid jazz. Good thing was that I got a job in 1993 as a radio presenter at Radio 1 – Zagreb. Consequently, I could play all the stuff on the radio.
– How your job at radio impacted your work as dj? Is it a different way to approach listeners?
I think radio is the best medium to present non-commercial music to a wider audience. When I started, people would come to my parties as they knew me from the radio. Also, people love to hear a track that they know… so if I played an underground track on the radio it would become a known track which people would recognize when they would hear it in my set in the club. It was great to see people dancing and singing to tracks from Romanthony or to some acid jazz stuff from Galliano …
– Do you think that the relationship to the “new things” in this culture were not a bit altered?
Yes, it’s completely different. Locally wise radio cannot influence so much as back in the days, excluding BBC radio. Local radios don’t have such influence; everything changed with Internet.
– You’re still active doing your radio show, aren’t you?
Not right now, since the legendary Zagreb’s Radio 101 went insolvent three years ago. I launched with my friends the Radio 808 on Internet, but I left one year ago because there were eight of us with eight different visions. At the moment, I’m not focused on radio work but I miss it a lot. Right now, in Croatia the best radio people are not working on radio.
All the private and national radio stations are now all about playlists and commercial content. They are only talking about weather and traffic jam.
– That’s a paradox because it seems that’s Croatia is more than ever on the map of electronic music nowadays.
That’s the paradox, because, till 2008, we used to be one of the countries where you could hear, especially on Radio 101, the most progressive stuff in Europe, but I’m not worried too much cause the newer generation is not listening anymore so much to radio. For them, it’s more about Internet and Shazam use in the clubs …but it is a shame we have no good radio station.
– Do you see those changes of behavior regarding underground music also as a party promoter?
Yes, it’s different these days but for me it’s even more exciting and challenging to spread music I love these days. We have to keep in mind that before, it was unknown music, but people were hungry for it and today you have to work hard to present something fresh, good and unknown cause there is a music overdose, and people are lost in the jungle.
In Croatia you have a really fresh and not that much known imprint, the most famous one is Burek. How does the scene is structured in Zagreb? Is there a real unified community?
Burek is a fantastic label. Good friends of mine are running the imprint, Pytzek and Mislav. The guys are working hard, and I can affirm easily that every release is wicked….
Zagreb scene, I am not so sure that we could qualify it with a word like “unified.” It never happened, what I would call Zagreb sound or Zagreb scene, to become world recognized, but there are a lot of crews that are doing their best to promote the music they like. It is pretty much the same how it used to be back in the days. Today we have more crews, DJs and producers, but it doesn’t mean that everybody is good.
We have a lot of parties where people go cause the promoters are 24/7 on facebook and talking to the people, which is good from the promoter point of view, but dj & music wise they are only at the average. We could probably make this assertion for any other city as well, probably, but I am not bothered with that. My goal is to focus on what I do and to support people that I really respect because of their honest and quality work, so as u mentioned Burek; that’s a good example of quality that comes out of Croatia or Zagreb.
– Did the arrival of big outdoor festivals organized by Uk firms changed the situation?
To me it’s the same. There were club nights in Croatia before the festivals. The only difference is that before, people were more excited to see a guest dj in Zagreb and today they are not so much cause they can see 20 or 30 of them simultaneously during a festival. Anyhow, I think it’s a great thing that such festivals are happening in Croatia because they became part of our scene and lot of Croatian artists are playing in these festivals as well. When u said UK Festivals, it’s a bit reductive; it’s not only a UK outsourced event. A lot of festivals have Croatian partners and logistic help, as well local scene support. The only sad thing is that people are now writing about Croatia because of the festival boom, and for a wider audience, it could often look like that there was nothing before in Croatia. There are a bunch of legendary house, techno, beats, eclectic or jazz artists that you can see on the lineups nowadays who used to play in Croatia as well previously. Everything was here before the festival boom. Now, the point is that the Croatian djs and producers need to be present at festivals and to show they knowledge and express their talents, as well as the international guest.
Is it the case?
About Croatian artist representation, yes, Croatian artists are present on festivals like Garden, Dimensions, Outlook. These festivals are very connected to Croatian music scene, and that is great.
– You were speaking earlier about the club nights in Croatia. Kontrapunkt is one of the oldest, and you’re running it for more than 15 years.
It is one of the oldest in Croatia, we were doing yearly festival as well. When it comes to an eclectic approach to music, it started with Kontrapunkt in Croatia. When I look back, it’s a great feeling to know that so many artists played at Kontrapunkt way before things got hyped; from the legendary Azimuth to Marcos Valle or Carl Craig, Theo Parrish and Gilles Peterson. I am happy to know that we were one of the best spots for broken, future jazz, etc. in the world, everybody from scene was playing here regularly: 4hero, Kyoto Jazz Massive, Ig culture, Zed Bias, Seiji…
– How did you saw your promoter job evolving with the time?
I would not say that I am a typical promoter, to stick to the facts, I started to do bookings because I wanted to bring artists that I wanted to listen and to present to the people. I’m inviting dj / producer friends to my parties anyway, I knew if I did not invite some artists to my club night anybody would, so I became, in a way, a promoter.
– Which role Claude Monnet represented for you as a producer?
I could say he discovered me in a way. He was the first international artist that I invited in 1994 to my first resident night in Zagreb, and he was the first one who offered me to release music and invited me for my first international gig which was in Paris at the legendary Palace. So I have a lot of recognition for him.
– You and Zvonimir Dusper (Eddy & Dus) are probably the unique Croatian artists released on SSOH, which is mainly the label which hosted this project, how did the connection happened with Dus?
At same time when I got the offer from Claude to record music for his label I met Dus during a studio session. I was super impressed by his skills and asked him immediately if he wants to work with me. I am still not sure why we left SSOH, must be a stupid reason or we were young and impatient. If I remember right, Claude founded the SSOH for us; it was supposed to be the Eddy & Dus label.
– What was the cement of this collaboration why did it stop?
The great thing about our collaboration was that I was the dj with music knowledge, and Dus was the musician with the dj knowledge. Production wise we were always in a good balance; where someone’s knowledge and skills were missing, one of us was here to fulfill the gap. Our project stopped cause of the same reason lot of projects or bands quit after seven, eight or ten years of intensive work and at that time our music ideas were going into separate directions. We could have made a compromise, but I think that a compromise at that time would be the worst thing to do. Therefore, we split and each of us went different paths… and now it led us to this that we are working again together after a 10 years break.
– Your other major project is Eddy Meets Yannah, which started and of 2004 on Paolo’s Scotti imprint. How did that comeback on the production part happened?
Before Dus and I stopped our collaboration, we used to have few musicians who used to work regularly with us, and Yannah Valdevit was one of them. Yannah got deep into programming and was writing great songs so spontaneously we launched our project. The first release was the “Made a mistake” for Paolo Scotti’s De Javu rec. but we have signed it as E.M.Y. During a visit to Italy and meeting Paolo Scotti we were non-stop singing Sun Ra’s “Made a mistake”. We recorded it for fun and to see what Yannah and I can do together and from this point our project started officially. I am quite surprised you have asked about this release cause many people don’t know it, and it was quite different at that time then stuff that came one year later on Compost.
– What was different in your work process in comparison of your first collaboration?
When I was working alone, I always felt limited, especially as I never went deep into music production because I was always more focused on djing and searching for music. With Yannah and Dus it was for me way much easier and much more fun; they are proper musicians, songwriters and super creative so I was then always mainly focused on structure and arrangements in the working process that might work for listeners or dancers.
– How did you make the connection Michael Reinboth (Compost’s Boss)?
When all that nu jazz hype started we ( Dus, Alen S. and Me ) were one of those who were building it up in Croatia and at the time we started our club night Kontrapunkt which became one of the spots in the world for this kind of music. Automatically we started to communicate with every dj or producer in the scene and as it wasn’t such a huge scene we knew each other already before we met in person. I’m not now 100 % sure, but it was Tom Wieland or Rainer Trueby who introduced me to Michael, or we met on a gig in Munich or I just visited Compost records… I can’t remember, but have feeling that I know Michael since always.
– You are also known for your remix work like for the legendary Brasilian artist Arthur Verocai. How do you approach this exercise?
It is definitely for me the best Eddy meets Yannah remix. One day Yannah and I were in Far Out office in London, and Joe Davis started to play the new Verocai album, actually the demo recordings. We couldn’t believe how beautiful everything sounded, and we started raving about in a second especially how the strings were recorded. Ten minutes later Joe asked if we want to do a remix and we started to scream like kids ..yes, yes, yes, yes… that remix was such a beautiful experience.
– Are you still doing music those days?
Yep, now more and more and started to work again with Dus.At the moment, we are working when we catch time as it’s still pretty hard to adjust our schedules but we are getting there, so we should come out soon with some interesting stuff. We made last year a remix for Da lata which has been released lately; that was out first official work after a 10-year break.
– During the last years, you seem to be more focused on your dj career than on the production aspect which is now a mandatory requirement nowadays for djs to get gigs.
I was always focused more on djing, had always bit more passion for djing and for digging music then for production. As said before, people like Dus and Yannah – they are the proper musicians / producers and lot of people like them, and I will never become so good in production as they are and as well lot of producers will never be able to get in a proper dj head. I would much prefer if producers and musicians would perform live, play instruments and not decide to dj cause it seems to be an easier way to earn some money which they can’t earn due to the lack of music sell. As well djs should only make music cause they really feel it and want it, not because they need to get gigs that’s not honest. To become a proper dj it takes years and years of work, same like musician need years for example to understand and play Coltrane.
Today everybody tries to simplify things. Not to get me wrong, there are few exceptions of artists that are wicked producers and djs at same time, but these people are on the scene as well for few decades.
– You have one foot in the jazz and broken beat scene and also one on what we could call the conventional Club industry. Do you think that we could explain your career’s longevity partly by the gap between the music you were producing and the wide range of styles you were playing and putting forward as dj?
As a club dj, I started with house and I can say that’s my comfort zone but changing styles is a challenge and refreshing. However, I would call the kind of style I play jazz as a state of mind. Once you learn how to play different styles which are a bit complicated you can play house easily and with a different understanding. For me, still the most exciting period was when I started to play in early 2000 at my club night Kontrapunkt, strictly freestyle sets including a lot of jazz, future jazz, broken, etc. It was very eclectic. I always try to play to entertain the people, what djing is initially about and to teach little bit, but if I get the chance to play weird and different i will not wait a sec. If I play a pure house set it still need to be eclectic, otherwise I would get bored to death staying in one particular sound. I miss the radio djing at moment cause I usually play a lot of music which I don’t have a chance to play in clubs. The music I was producing was not designed for dj sets, so many times people got confused when they heard me djing. Eddy meets Yannah was always scheduled wrong when it comes to the timetable, cause what we were doing live or my dj sets that were way different than the production.
– This year you’re celebrating your 25 years of Djing conjointly with Shuya Okino. So what was the celebration program?
It was a super fun tour. I booked Shuya firstly for Southern Soul festival and Garden festival and then we both realized that we were celebrating this year 25 years of djing, so it was a perfect match to play few gigs together especially as we are long time friends and musically connected. From small bars to big festivals, playing every time a completely different set, getting lost in Slovak mountains, driving in a walking zone in the center of Vienna, tasting some great wines and food from different regions. Can’t wait to see and to play with Shuya this November in Japan.
– You are going to play at Dimension festival. what would be the first advice you would give to a first-timer festival goer?
Yes, I am playing again this summer at Dimensions, it’s one of my favorite world festivals. Honored to play every year and this year I will have my stage for the second time, it’s the Kontrapunkt stage featuring Opolopo, Jay Simon, Onra, Flako and myself. My advice is the following one, don’t try to destroy yourself too much and try to see as many acts as possible, and checkout as well not so hyped artists cause you might surprise yourself.