Nous ne sommes pas le meilleur webzine pour vous parler de rap, d’autres font ça très bien. Cependant, nous avons toujours été fascinés par la technique du sampling (échantillonnage) propre au hip-hop et à une certaine période de la house. Cette culture a malheureusement tendance à se perdre la faute à des producteurs trop ingénieux que nous ne saurons blâmer. Rendons ici hommage à ceux qui nous ont fait découvrir des trésors oubliés ces 30 dernières années. “Le rap, c’était mieux toujours”, pour reprendre une célèbre citation du crew des Haterz.

BRUNO SANFILIPPO & MATHIAS GRASSOW – AMBIENT MUSIC

Bruno Safilippo et Mathias Grassow sont 2 argentins n’ayant jamais eu d’autres ambitions que de faire de la musique ambient avec Brian Eno pour modèle. Jusqu’au jour où ils ont été samplés par Drake. Imagine toi, paumé dans la Pampa argentine, en train de te faire une parilla entre 2 mate et Drake t’appelle pour te dire qu’il t’a samplé…

DRAKE – STARTED FROM THE BOTTOM

On commence évidemment très mal cette playlist avec le rapper qui domine le game depuis bien trop longtemps avec son insupportable flow. Il faut cependant reconnaître que son producteur 40 a fait un excellent boulot en dénichant ce groupe argentin pour l’adapter à ce que l’on appelle le “cloud rap” (Chilly Gonzales nous parle un peu de la production de Nothing was the same dans l’interview qu’il nous a accordé).

BERNARD HERMANN – CAPE FEAR

Le chef d’orchestre Bernard Hermann, paix à son âme, aura marqué le cinéma américain du 20ème siècle. Alors que celui-ci a démarré sa carrière en trombe avec la composition du mythique Citizen Kane d’Orson Welles, il a enchaîné sur Vertigo, Taxi Driver et Cape Fear pour ne citer qu’eux.

BOOBA – TALLAC

Alors que Booba n’avait jamais parlé de son affiliation avec le célèbre ourson éponyme, celui-ci profite de Panthéon, son second album solo, pour anticiper toute raillerie et fumer ses détracteurs avec l’intro du dessin animé. Skread a accompagné la prod du thème principal de Cape Fear qui met en scène Robert de Niro dans un parfait rôle de violeur de mineures sorti de cabanne.

HERBIE HANCOCK – JESSICA

Herbie Hancock fait partie de ces jazzmen aux multiples casquettes qui ont largement influencé et le hip-hop, et la techno, avec des morceaux avant-gardistes tels que “Scratch” (qui aura mis à genoux DJ Premier et tous ses potes).

MOBB DEEP – SHOOK ONES PT II

Mobb Deep ne le niera pas. Dans leur excellent album The Infamous, les Mobb Deep utilisent le glacial “Jessica” pour dépeindre un Queensbridge sombre et violent, faisant ainsi de “Shook Ones I & II” deux des meilleurs morceaux rap de tous les temps.

THE ESCORTS – I CAN’T STAND TO SEE YOU CRY

The Escorts a contribué à sortir l’état du New Jersey de l’ombre de sa grande soeur New York City qui a toujours été très active musicalement. Malheureusement, ce fût très éphémère puisque les 5 membres du groupe ont été incarcérés au début des années 80. Leur producteur George Kerr a ensuite fait des pieds et des mains pour obtenir la permission d’enregistrer leurs voix en prison.

J DILLA – DON’T CRY

Nous ne pouvions parler de samplers sans évoquer la scène de Detroit à travers le regretté J Dilla dont la parfaite maîtrise de la MPC a inspiré plus d’un. Le travail fait sur “Don’t cry” est merveilleux, dommage que ce bonheur soit de (très/trop) courte durée (2 minutes).

THE COUNTS – TOO BAD YOU DON’T LOVE ME

Situé à la croisée du jazz et de l’explosion de la funk, The Counts a failli tomber dans l’oubli, étouffé par ses homologues de la Motown, beaucoup plus médiatisés. Le rap fait des miracles et redonne vie à des groupes dont on ne soupçonnait parfois même pas l’existence.

DEFARI – PEACE AND GANGSTA

Dans la scène de L.A, Evidence fait figure de jeunes premiers. Fondateur des Dilated Peoples, il se lance dans la musique grâce à son mentor, QD3 alias Quincy Jones 3ème du nom, le fils de Quincy, le vrai… Ses productions se retrouvent régulièrement chartées parmi les Best Of annuels. Son travail de sampling sur “Peace and Gangsta” est tout à fait remarquable.

PUBLIC ENEMY – GOTTA DO WHAT I GOTTA DO

La consanguinité propre au rap fait qu’il arrive que ces messieurs se samplent entre eux, pour éviter toute vulgarité. Si l’on ne devait citer qu’un seul pionnier du genre, Public Enemy serait l’un des noms qui nous arriveraiennt directement à la bouche. Ses membres sont de nos jours, certes, un peu fatigués, mais l’enfant au fond de nous n’oubliera jamais “He Got Game”…

E.S.G – SWANGIN’ & BANGIN’

E.S.G ne s’est donc pas gêné pour piquer de bonnes idées à Public Enemy, tout comme il a lâchement emprunté son blaze au mythique groupe new yorkais du même nom. Wikipedia t’expliquera bien qu’il s’agit d’un sigle pour “Everyday Street Gangsta”, nous on pense tout simplement que le mec n’est même plus capable de réfléchir lui-même pour trouver des pseudonymes originaux.

RENE & ANGELA – I LOVE YOU MORE

L’introduction seule rappellera à tout type censé de 25 ans ayant grandi l’oreille collée contre Skyrock dans les années 90 un célèbre groupe du 9-4. La puissance de cette prod funky des années 80 était définitivement taillée pour le rap.

113 – JACKPOTES 2000

Pas étonnant que DJ Mehdi, icône maudite du rap français, appuyé de son acolyte Manu Key, ait eu l’idée d’en faire une prod rap hyper lascarde mais qui fonctionne encore toujours aussi bien. Accompagné d’un bon coup de MPC, le sample s’accorde parfaitement à l’exercice.

DONNY HATHAWAY – LITTLE GHETTO BOY

Né à la fin de la seconde guerre mondiale à Chicago, Donny Hathaway a eu la chance de croiser le chemin d’Aretha Franklin et Curtis Mayfield sans pour autant survivre dans leur ombre. Une mort brutale (suicide) mettra fin à sa courte carrière alors qu’il était l’un des artistes les plus prometteurs de la Soul nord américaine contemporaine.

DR. DRE – LIL’ GHETTO BOY

Paradoxalement, c’est en devenant riche que Dre est devenu une pince. En effet, à l’apogée de sa carrière en 2001, il préfère racheter les droits des compositions qui lui plaisent plutôt que de les sampler et risquer d’être poursuivi par les ayant droits (cette technique coûte moin cher). “Lil’Ghetto Boy” est l’un des vestiges de sa période de sampler (de talent, il faut le dire).

SYL JOHNSON – I HATE I WALKED AWAY

On parlait un peu plus haut des rappers qui ne savent pas se trouver de noms eux-mêmes, on n’a jamais vraiment compris pourquoi Silvère Johnson de Saian Supa Crew ne s’est pas trouvé un autre blaze que Sly Johnson… J’ai personnellement failli débourser une somme faramineuse pour le voir aux Nuits de Fourvière (Lyon). Je me suis heureusement rendu compte de la supercherie avant de dégainer ma Master Card.

RZA – SHOW YOU LOVE

Toujours est-il que RZA aka Bobby Digital n’a jamais eu ce problème et a su garder l’essence de l’instrumental de “I hate I walked away” pour l’adapter à ses versets. Petit cadeau : ce sample a également été utilisé par nos IAM. Notez que Wu Tang a compilé dans 2 volumes les samples notables utilisés dans leurs prod, un must-have.

BOBBY CALDWELL – CARRY ON

Non, Bobby Caldwell n’est pas très gai. Si ces morceaux sont souvent lents et peu intéressants, “Carry On” dégage une atmosphère particulière que seule une oreille fine aura pu adapter à la planète rap.

M.E.D – CAN’T HOLD ON

Et cette oreille fine n’est autre que le californien Madlib. Il aura simplement fallu lui donner un léger coup de fouet et la pitcher à bloc pour en faire une production “rappable”. M.E.D se l’est merveilleusement approprié.

SAMI JO – EVERY MAN WANTS ANOTHER MAN’S WOMAN

La chanteuse Soul Sami Jo possède visiblement une homonyme canadienne hockeyeuse sur glace. Mais ce n’est pas celle-ci qui nous intéresse ! Madlib est connu pour ses talents d’excavateurs. Il fallait y penser, Madlib l’a fait.

M.E.D FT MADLIB – CHEATERS (EPISODE #3)

Comme disait Henri IV : “Madlib vaut bien une messe”. On ne se lassera pas de parler de ses productions et on remet le couvert, toujours en compagnie de son frère d’armes M.E.D.

BONUS

TODD RUNDGREN – JOHNEE JINGO

Le mec qui auto-sample sa voix pour imiter des sons d’instruments ou des claps sur tout un album. Respect.