Depuis ces dernières années, l’ambient japonaise a le vent en poupe et ambiance une certaine communauté d’auditeurs avertis, grâce à la réédition de nombreux LPs & compilations sortis entre la fin des années 70 et le début des 80. De Music From Memory à Light In The Attic, ces labels diffusent une musique aussi rétro qu’actuelle et remettent en lumière un pan de l’histoire japonaise et ses artistes d’avant-garde. Alors que le Japan Connection Festival, premier événement de musiques électroniques japonaises, se déroule en ce moment du 9 au 11 mai à Paris, on se laisse volontiers porter vers quelques références et sonorités tout droit venus du pays du soleil levant.
Souvent évoquée comme une musique d’atmosphère, un son d’ambiance idéalement conçu pour couvrir un espace, un environnement, mais aussi dans le but de transmettre des sensations de quiétude et de relaxation chez l’auditeur, l’ambient est un genre à part, étroitement lié à son objet. Bien connu en Europe avec les travaux du maître du genre Brian Eno et son Music For Airport, la reconnaissance de l’ambient japonaise n’est que récente grâce au travail de recherche et d’archivage de plusieurs labels, qui ont permis à des oeuvres délaissées et tristement méconnues de refaire surface et d’enfin s’étaler au grand jour.
On situe les premiers essais de la musique ambient et new age au début des années 70, avec le pionnier Hiroshi Yoshimura. À la fois conceptuelle et environnementaliste, sa musique se traduit par des notes au clavier et percussions lentes, sur fond de fender rhodes, agrémenté d’un usage fréquent du field recording (enregistrement de chants d’oiseaux, mouvement des arbres, ruissellement de l’eau … ). Comme en témoignent les albums Green (1986), Air In Resort (1984) et Wet Land (1993). Sa discographie s’épanouit dans une aptitude à créer de véritables décors sonores, souvent liés à des thèmes – comme l’environnement et l’espace naturel donc, délivrant une plénitude des sens certaine. L’artiste sortira ainsi une dizaine de LPs entre début 1980 et 1990 dont la plupart seront destinés à l’habillage sonore de différents lieux publics et privés, entre boutiques, galeries d’arts, musées, gares ou bien encore des défilés de mode. Mais il faudra attendre l’année 2017 et la réédition de Music For Nine Post Cards chez Light In The Attic (dans un style plus minimaliste) pour que son oeuvre ne soit vraiment reconnue.
De la même manière, plusieurs oeuvres d’artistes du genre se retrouvent chez nos disquaires, marquant une curiosité et un engouement certain pour l’ambient japonaise. On pense à Midori Takada et son Through the Looking Glass (1983), ou l’artiste Yasuaki Shimizu et son Kakashi (1982). En 2018, c’est au tour du Mkwaju Ensemble et son LP Ki-Motion, sorti en 1981, d’être réédité par le toujours excellent We Release Whatever The Funk We Want. Cette année, Light in the Attic (encore eux) y vont de leur compilation, avec la très belle Kankyo Ongaku : Japanese Ambient, Environmental & New Age Music 1980-1990. Rassemblant les grands acteurs du genre, des immenses Ryuichi Sakamoto et Haruomi Hosono (membres du groupe Magic Mellow Orchestra notamment) à Joe Hisaishi, le long format se veut comme une (belle) porte d’entrée au genre, à ses acteurs phares & ses variations stylistiques.
Enfin, et avant d’être noyé sous les références, notons le travail du label néerlandais Music From Memory – dans une veine plus électronique – qui a compilé la période ambient de l’artiste Kuniyuki Takahashi, lui aussi présent au Japan Connection Festival – sur deux volumes, Early Tape Works (1986 – 1993).