Après un EP sur Ninja Tune en décembre 2015 (Magic Johnson), Max Graef et Glenn Astro reviennent sur le mythique label anglais avec The Yard Work Simulator.

Jamais très loin du club, les deux producteurs profitent néanmoins du format album pour explorer des territoires plus variés. Globalement house mais teinté de nu-jazz et de broken beat (le morceau éponyme, entre autres, n’est pas sans rappeler certaines productions de Dego & Kaidi), The Yard Work Simulator se déroule comme une longue improvisation, alternant de rares morceaux à la carrure relativement classique (mesures en 4×4 sur “Money Sex Theme”) avec des explorations jazz fusion à la Jean-Luc Ponty – dont l’exemple le plus évident est sans doute “Magic Johnson”. Parallèlement à cela, des synthés rétro-futuristes enrichis de contre-chants confèrent à l’album un caractère très 80’s. D’un point de vue harmonique, les enchaînements d’accords de 7e et de 9e produisent une certaine instabilité, laquelle est renforcée par les intrusions inattendues de nouveaux éléments sonores. A ce titre, “Where the fuck are my hard boiled eggs” et “The yard work simulator” sont particulièrement efficaces. Dans un tout autre registre, “W313D” entraîne l’auditeur dans un univers rêche et plein d’anfractuosités, où un kick puissant soutient des bribes de sons saturées et irrégulières.

Au-delà de ces considérations, l’album se constitue autour d’un élément essentiel, récurrent dans les productions de Max Graef : le travail sur la matérialité même du son. En témoigne en premier lieu la variété des timbres, puisque des synthétiseurs kitsch côtoient des sons bruts et saturés à l’esthétique lo-fi. Outre ces jeux sur les timbres, c’est la structure même des morceaux qui se développe à partir de la texture sonore – “Jumbo frøsnapper”, par exemple, se déploie à partir d’un simple motif harmonico-rythmique, tandis qu’autour de lui le son évolue, offrant tantôt plus d’espace au hi-hat, tantôt plus de profondeur aux subs.

Sans toutefois révolutionner le genre, The Yard Work Simulator propose une synthèse efficace entre un lyrisme jazzy et une efficacité club. Le disque sera dans les bacs le 27 mai !