Crédits Photos: Pascal Montary

Après avoir agrémenté ses DJ sets de sa voix rauque et suave de fumeuse, Nina Kraviz a décidé de passer à la vitesse supérieure en créant un live qu’elle a présenté pour la première fois au Rex Club à Paris le 24 février dernier. Sorti sur Rekids, son LP a fait des émules bien avant sa sortie. En tant que DJ, Nina Kraviz mixe de la House avec un grand H. Sa connaissance quasi-encyclopédique du sujet l’amène à s’adapter et à créer une véritable symbiose avec son public. La belle moscovite saute l’étape du premier long format et nous présente en un seul et premier jet son album de la maturité.

Radioslave et son label Rekids ne pouvaient pas mieux célébrer leur dixième long format. Depuis Pain in the ass et First time ep, Kraviz a évolué. En témoigne sa dernière sortie en date, “Ghetto Kraviz”. On remarque une extrême maturité dans sa façon d’appréhender la musique et son album en est la preuve : la production y est carrée et la texture des morceaux simple, fine et percutante. Intuitive, la djette ne se contente pas d’expérimenter un seul style et fait de sa voix son instrument de prédilection.

Certes, ce LP n’est pas taillé pour le dance-floor. Plus froid qu’un goulag sibérien, ce Debut Album n’en reste pas moins un excellent disque à écouter en début ou en fin de soirée. La voix de Nina Kraviz réchauffe les esprits les plus glaciaux. Profondeur, poésie et sensualité émanent de ce cercle de plastique et des productions rondement menées. Taxi talk et Aus sont groovy, le tube de l’album, Ghetto Kraviz, est surpuissant, False attraction nous invite à danser contrairement à des ballades plus atmosphériques telles que Ben ou Best friend.

Nina Kraviz – Aus feat. King Aus on the mic

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Quelques interludes (Working, The needle) rappellent que le disque en cours de lecture n’est pas une simple carte de visite destinée aux clubs mais un album bel et bien produit pour être écouté. Les susurrements omniprésents marquent le territoire de la fille de l’est. Nous sommes chez elle, et pas ailleurs, respectez les règles. Deep, ghetto, atmosphérique, tels sont les adjectifs décrivant cet ensemble cru et mélodique. Les pistes s’enchaînent sans fausse note mais sont difficiles à apprivoiser : une sauvagerie primaire et une brutalité sans nom malmènent l’auditeur qui hésite entre continuer ce périlleux voyage ou déclarer forfait. L’effort n’est pas vain. Lorsqu’arrive Working, qui conclue l’album, celui-ci est soulagé. Et prêt à reprendre depuis le début. L’addiction est créée.

La belle moscovite serait donc la femme parfaite : DJ de talent, productrice démoniaque et d’une beauté sans égale. Loin de céder à la facilité, elle ne laisse pas son physique primer sur son talent. Espérons toutefois que ce premier album, qui n’en est pas vraiment un, engendre un descendant digne de ce nom.

Na zdorovie !