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Juin 2014, nous découvrons le live de DMX Krew dans le cadre du Off du Weather Festival organisé par Sonotown à La Machine du Moulin Rouge. La salle n’est alors remplie que de quelques dizaines d’aficionados qui n’ont pas eu peur de s’aventurer tandis que le live commence. Nous sommes tous venus chercher quelque chose de différent et la tension est palpable. Il est minuit et dans quelques minutes, c’est toute la salle qui va s’embraser, 140 BPM au compteur. Pas un instant de répit dans cette transe acidulée, il règne une atmosphère inédite et difficilement comparable. Les passionnés ne peuvent s’empêcher de sauter partout, rejoints bientôt par d’autres fêtards curieux. Submergé par tant de beauté et d’énergie, nous venions de prendre une des plus grosses claques musicales depuis plusieurs mois. Depuis, nous nous demandons : qui peut stopper DMX Krew ?

101 Force, Asylum Seekers, Bass Potato, Computor Rockers, David Michael Cross, EDMX, House of Brakes, Michael Knight, … Autant d’alias pour un seul homme, cela tient du jeu de pistes. Producteur depuis désormais plus de vingt ans (sa première sortie remontant à 1994), Edward Upton parcourt depuis presque autant d’années le globe pour y délivrer ses DJ sets et des lives à l’image de ses travaux, absolument originaux et éclectiques. Pourtant, nous ne pouvons pas dire que DMX Krew soit une référence évidente pour tout le monde aujourd’hui. L’anglais signé d’abord sur Rephlex ne reste connu que par un cercle d’initiés qui, s’il ne cesse de s’élargir, reste cependant limité et ce malgré le fait que sa discographie s’étale sur plusieurs styles. Avec plus de 15 albums sous le seul alias DMX Krew et une floppée d’EP’s, on ne peut pas non plus dire que le producteur londonien ait chômé depuis une quinzaine d’années.

DMX Krew n’est pas vraiment l’homme d’un seul genre. Il est indéniable que les premières inspirations viennent de Détroit car le spectre de Drexciya revient souvent dans ses interviews. Mais plus généralement, il puise son inspiration de la scène electrofunk, ses productions faisant également la part belle à la synth-pop, la new wave, à l’italo-disco, au son de La Haye et parfois même à la hard techno… Il y a définitivement à boire et à manger dans cette discographie qui pourrait satisfaire un public varié. Il a, en plus de ça, tissé des liens avec ses confrères DJ Stingray ou Ceephax, définissant ainsi un large espace artistique où s’entrechoquent les cultures musicales, où le passé rencontre le futur.

Musicalement, DMX Krew aime  en effet reprendre les codes et les structures de styles plus connus pour y apposer sa signature unique. Elle se caractérise souvent par des mélodies aux nuances mélancoliques ou à des ambiances plus retro et kitsch. On ne peut que reconnaître le génie qu’il a pour composer et arranger des morceaux. Beaucoup de ses productions pourraient avoir dix ans de moins ou dix ans de plus, rien n’y changerait : le temps semble s’être figé arrêté autour de son travail.Impression que l’on pourrait rattacher à ses méthodes de production et à ses très nombreuses machines analogiques. Il ne s’agit toutefois pas tellement d’un revival passéiste mais plus de la poursuite d’un même effort, sur une longue durée, animé encore et toujours par une même passion. S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître à DMX Krew, c’est d’avoir jeté des ponts entre les genres sans s’être perdu en route, d’avoir tracé son propre chemin.

DMX Krew est l’invité de notre soirée Phonographe Corp au Batofar, vendredi 27 février, en compagnie de Hodge. Toutes les infos sur Facebook.