On parle souvent de Détroit ou de Chicago mais finalement, à bien y regarder, la scène de New York a opéré sa transition musicale avec brio. Certes, les stars de l’époque sont toujours des stars, mais les Dennis Ferrer, Kerri Chandler et consorts ont migré vers d’autres sphères, pour le meilleur comme pour le pire, tandis qu’une autre scène est née. On doit ce renouveau à différentes personnes comme Jus-Ed (qui vient de Bridgeport), Levon Vincent, Anthony Parasole et Ron Morelli qui ont eu des rôles moteurs.
A la différence des noms cités plus haut, Fred P. aka Black Jazz Consortium, n’est pas réputé comme gérant de label, bien que Soul People Music regorge de petites perles, mais c’est sûrement l’une des carrures les plus intéressantes qui aient pu émerger de ce renouveau. Tout artiste, aussi talentueux soit-il, n’a pas vocation à crever l’écran et nombreux sont ceux qui tentent toute leur vie de briser cette barrière ténue et intangible. Fred P. aurait pu faire partie de cette seconde catégorie mais il faut croire que, pour lui, la roue a tourné. Et dans le bon sens.
Depuis quelques années maintenant son nom pousse sur les flyers comme sur les macarons de vinyles et rime avec qualité. S’il ne se met jamais trop en avant, sa musique et ses capacités de DJ parlent pour lui. Phonographe Corp suivait son sinueux parcours depuis quelques années déjà. Nous avons échangé par mail avec le monsieur pour découvrir les facettes de ce personnage intriguant.
– Bonjour, peux-tu te présenter?
Je m’appelle Fred, je viens de Brooklyn à New-York, j’ai été élevé à Flatbush. Je suis un artiste qui produit de la musique électronique. Je suis un citoyen du monde.
– Fais-tu toujours la navette entre Berlin et New York ?
Oui, New York c’est d’où je viens, et Berlin c’est l’endroit où je passe le plus clair de mon temps. Je me sens chez moi dans ces deux villes, il y a beaucoup d’énergies créatives dont on peut s’inspirer dans ces lieux-là.
– Penses-tu t’installer un peu plus longtemps à Berlin ?
Je vais régulièrement là-bas depuis plus de 5 ans donc qui sait ce que le futur me réserve ?
– Venant de Brooklyn, t’es-tu intéressé à la musique par le Jazz, le Funk, la Soul et le Hip Hop?
Je me suis intéressé à cette musique du fait de mes parents et de la radio. Toute mon enfance j’ai grandi avec de la musique autour de moi. De ma fenêtre, je pouvais entendre la musique qui sortait du garage du voisin. C’était une période cruciale de mon parcours, j’ai grandi en faisant partie de groupes pour finalement devenir artiste solo.
– Tu as vécu à NYC durant l’âge d’or de cette ville. Par le passé faisais-tu la fête ?
Lorsque j’étais à l’université, oui, évidement. Après je me suis énormément calmé, je ne sortais plus que de temps à autre.
– Quelle perception de la fête et de la musique as-tu maintenant ?
Je suis enthousiaste qu’une nouvelle génération ait embrassé cette culture de la fête autant que sa musique. La bonne musique ne changera jamais, elle ne pourra que s’améliorer et se bonifier. Pour la mauvaise musique, c’est un peu mieux ou moins bon, dans les deux cas, il y a de la place pour l’amélioration.
– Quel a été ton premier contact avec l’industrie musicale?
Je bossais avec mon cousin sur un projet Hip Hop, on a failli signer sur une grosse maison de disques en 1994.
– Est-ce que Fred P. existait déjà à l’époque?
Non, cependant j’avais un nom bien plus cool à ce moment-là.
– Beat Street a eu un rôle déterminant dans ton début à la production car tu as d’abord été beatmaker en hip hop. Avec le recul, quel regard as-tu sur cette période de ta vie ?
J’essayais de reproduire ce que j’entendais et qui résonnait dans ma tête. Lorsque j’ai vu ce film, c’était le premier exemple visuel. Je ne savais pas que ça n’impliquait pas de groupe. Donc j’ai suivi le « blue print » et j’ai réparé des lecteurs cassette que j’avais trouvé dans la rue. Je les ai collés et j’ai overdubbé comme si c’était hier. J’ai appris énormément à cette période.
– Si tu avais pu faire les choses différemment, qu’aurais-tu fait ?
Honnêtement, rien, c’était juste de la découverte, j’ai appris ce que j’avais besoin de savoir et je me suis développé à partir de ces fondamentaux.
Quel rôle a eu ton cousin dans le démarrage de ta carrière ?
On faisait équipe, il faisait le MC, je m’occupais de la production et je contribuais à l’écriture également. Comme je le disais auparavant, on était proche d’avoir un beau contrat mais il en a été voulu autrement. Après ça, j’ai arrêté la musique pendant 2 ans.
Après cet épisode avec ton cousin, comment Jay Locke t’a-t-il donné envie de reprendre la musique ?
J’ai Locke est un ami de Flatbush, c’est un DJ vétéran du légendaire Foot Print à Brooklyn. Il faisait des compilations avec la musique qu’il ramenait de ses voyages Outre-Atlantique. Il m’a fait écouté des choses qui m’étaient totalement inconnues et qui m’ont profondément touché. Je lui suis extrêmement reconnaissant pour ça car je n’avais aucune idée de ce que je ratais. Jay pouvait venir même jusqu’à mon bureau pour me donner ses cassettes, le reste appartient à l’histoire.
Etait-ce facile de renoncer à la musique ?
Je suis allé sur la pente de l’autodestruction. Je ne faisais rien de ce qui me semblais naturel pour moi en tant qu’artiste. J’étais dans le déni de moi-même et de ma propre nature, le conflit que j’intériorisais avait pris le dessus et j’ai perdu beaucoup de temps.
Qu’as-tu appris de tes déceptions avec cette industrie ?
J’ai appris à être moi-même. Rester intègre envers ce qui te guide et le protéger autant que possible. J’ai appris à construire et affiner ma vision pour le plaisir de ceux qui écoutent mon travail. A rester humble et dynamique.
« The incredible Adventures Of Captain P » était une sorte de carnet de voyage, une manière de s’exprimer avec un ton et une texture spécifique. Quel était le défi de Codes & Métaphores sorti plus tôt en 2013 ?
Selon moi, cet album était un album de transition. Beaucoup de choses dans ma vie changeaient en même temps. A la moitié de la production de l’album, ma relation de 10 ans avec ma copine s’est arrêtée, j’ai donc du bouger de l’appartement que je partageais avecelle. La moitié de l’album a été fait sur la route avec un logiciel. Je compte énormément sur ma bibliothèque de sons depuis ce moment-là. Maintenant je produis de la musique d’une manière totalement différente. Cette expérience a eu un impact positif sur l’album, chaque autre titre de morceau de l’album comporte le mot « love » dans le titre. Comme dans mon premier album ou le quotidien, l’amour et l’art ne faisaient qu’un.
– Puises-tu toujours ton inspiration dans le NU Jazz ?
Tout est bon pour m’inspirer… ça peut être du Nu Jazz, du Blues ou la musique qui me touche en général.
– Penses-tu que tu as changé ta manière de travailler en studio ces 3 dernières années ?
Clairement, je travaille essentiellement avec mon ordinateur. Je voyage beaucoup donc mon studio est stocké dans un box. Je me suis adapté au logiciel et j’utilise essentiellement mon Mac.
– Quelles étaient les choses qui t’ont ouvert le plus de possibilités ?
J’aime l’idée que si tu penses à quelque chose, tu puisses trouver un moyen de le faire devenir réalité.
– Tu sembles vraiment sensible et émotif quand à ce qui t’entoure. On peut aussi le voir sur tes titres comme « It is what it is ». Penses-tu avoir une approche un peu cathartique de la production ?
Je dirais que c’est difficile à dire mais encore plus dur à faire, la musique vient et je dois être prêt quand elle arrive. Cela signifie que je suis dans le studio présent et aux aguets. « It is what it is » en est l’exemple parfait. Cependant tout ne vient pas comme ça.
– Penses-tu que le processus de création pourrait être une façon de catalyser certaines névroses ou frustration ?
Franchement, je n’espère pas…
– Quand finalement ta carrière a commencé était-ce facile pour ton égo qui n’a pas été ménagé par le passé ?
Je ne pense pas que j’ai de problème d’égo. Au contraire, plus je suis devenu connu, plus j’ai essayé de montrer ma gratitude et de rester humble. Il n’y a pas si longtemps, il n’y avait rien du tout.
– Comment penses-tu qu’un artiste devrait gérer son égo aujourd’hui ?
Je ne pense pas pouvoir parler pour tout le monde, cependant je me sens très chanceux de pouvoir faire quelque chose que j’aime pour vivre. Tout le monde a un parcours unique donc il n’y a pas de fonctionnement prédéfinis. Dans le but d’en arriver là, j’ai besoin de sortir des sentiers battus et de faire ce que j’ai à faire. Cela nécessite une certaine capacité de compréhension de soi.
Penses-tu que ça soit facile d’être honnête avec soi-même dans un studio ?
C’est l’endroit où tu ne peux pas mentir, même quand tu le veux. Tu es honnête ou tu ne l’es pas…
Etait-ce facile de recommencer à faire de la musique ou était-ce comme repartir de rien ?
Ça a été très compliqué, je ne voudrais pas recommencer, il m’a fallu repartir de zéro.
Que t’avaient apporté tes précédentes expériences ?
Il y a énormément de choses auxquelles il encore douloureux pour moi de penser, désolé de ne pas m’étaler sur le sujet.
Il y a presque 20 ans entre le début de ta carrière et la reconnaissance de ton art. Penses-tu que cette peine et cette persévérance étaient une part nécessaire de ta carrière ?
Oui, j’apprécie d’être là où je suis et ce que je fais.
Qu’as-tu appris de tout ça ?
Ne jamais rien prendre pour acquis et apprécier chaque fois la possibilité d’apprendre de quelqu’un. Ne pas perdre de temps et continuer à construire.
Maintenant que les choses vont beaucoup plus vite pour toi, arrives-tu toujours à être patient ?
Je m’adapte, mais je préfère suivre mon propre rythme, malgré tout, j’accepte les choses comme elles viennent.
Quel regard portes-tu sur la « reconnaissance » maintenant ?
Je suis reconnaissant du fait que ma musique puisse être entendu et appréciée par une plus large audience.
Peux-tu nous en dire plus sur le concept derrière Boards et la compilation qui est sortie il y a quelques mois ?
Boards est un mot qui peut signifier de nombreuses choses à la fois, c’est un peu un laboratoire. “Boards” consiste à mettre en avant des artistes que je dig et qu’ils aient la possibilité d’avoir une plateforme pour s’exprimer librement. Cela peut-être un destiné à n’importe quel genre de musique. Les 2 premiers épisode montrent différentes choses, Selected c’est exactement la même démarche.
Comment as-tu choisi les artistes?
Ça s’est fait de manière organique et ça m’a pris beaucoup de temps.
Peux-tu nous en dire plus sur le projet C.O.M.E. ?
Cosmic Organisms Manifest Energy est une soirée que je fais avec Jordan Polling et Jay Locke. On a fait plusieurs soirées à New York, nous sommes partis de rien car aucun de nous n’est promoteur, on a fait ça par passion. Le CD compilé par moi et mixé par Jay Locke est disponible sur ma page Soundcloud. Je dois d’ailleurs remercier Kelly & Audrey pour toujours nous avoir soutenu et pour leurs bonnes humeurs.
Ces évènements sont arrivés à un an d’écart car je suis toujours en train de voyager et Jordan et Jay ont des emplois du temps différents également donc c’était compliqué. Cependant à chaque fois le timing était parfait. Chaque évènement était étaient unique et leurs souvenirs resteront à vie.
Anthology: Fred P. vs Black Jazz Consortium Mixed By: Jay Locke by Black Jazz Consortium
– Tu travailles parfois avec Aybee et Jonah Sharp. Est-ce facile de partager son studio lorsque l’on fait de la musique à forte teneur en sentiment ?
Pas vraiment, tu dois partager certaines valeurs communes et ça doit se faire naturellement, tu ne peux pas forcer ça. C’est comment dans chaque relation il y a ce petit truc où il n’y est pas. Je préfère travailler seul mais avec certaines personnes tu as des connections qui font qu’elles t’inspirent.
– La dernière fois que tu jouais à Paris, la dernière heure de ton set était uniquement de morceaux inédits. Peut-on espérer un nouvel album de Fred P. en 2015 ?
Il y a un album prévu en 2015 mais je n’ai pas envie d’en dire plus pour le moment. Cependant, j’’ai quelques Ep qui arriveront en 2014 sous les noms d’Anomaly et également en tant que Reshape sur Boards, et il y a un autre Earth Tones dans les tuyeaux. Il y a un projet de film sur lequel j’ai travaillé pour le SPM Network. C’est un projet de micro Jazz experimental sous le nom de FP5. Le track “N.Y.” a été retravaillé pour la compilation Selected. Le futur s’annonce radieux, il n’y a rien d’autre à faire à part construire.
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– For those who don’t know your work, could you present yourself? (Where are you from, what do you do, where do you live).
I am Fred from Brooklyn, New York, raised in Flatbush. I am a artist specializing in electronic music. I would have to say I am a citizen of the world.
– Are you still doing the shuttle between Berlin and NYC ? What do those two cities represent for you?
Yes. New York is where I am from and Berlin is where I am at most of the time. Both places feel like home. A lot of creative energy to draw from. I have been accustoming to being there for about 5 years off and on, so who knows what the future holds.
– Coming from Brooklyn, did you get into music by Jazz, Funk, Soul and Hip Hop?
I got into music thanks to my parents and the radio. In my house, growing up music was in the air all the time. Outside my window you can hear music being blasted at the garage next door. Very influential time to grow up because it went from bands to just one alone artist.
– You lived in NYC during the golden age of the city. By the past, were you a party boy ?
In Jr. high And High School yes absolutely. After high school I calmed down a great deal but I still went out from time to time.
– What perception of this scene do you have now ?
I am excited a new generation has embraced party culture as well as the music.
– Did you have the same perception of music?
Good music will never change, it can only get better and bad music has the same opportunity. It can get better or worst, either way there is room for improvement.
– Which was your first relationship with musical industry?
Working with my cousin on a hip hop project, we were very close to being signed by a major label back in 94.
– Did Fred P already show up ?
No, however I had a much cooler moniker at the time.
– Beat Street had a prominent role in your beginnings. You first started music by Hip Hop, and beat making. How do you consider this period of your life with hindsight?
I was attempting to make what I heard in my head real. When I saw the movie it was the first visual example I had never seen that did not include a band. So I followed the blue print and repaired cassette decks that I found on the street. Stack them up and overdubbed like it was not tomorrow. I learned a lot about during this period.
– Would you have done the things differently if you could?
Honestly, no because it was about discovery, I learned what I needed to know from that and developed from there. The fundamentals.
– What role had your cousin in the start of your career?
We were a team : he was the MC and I did the production and contributed a verse as well. Like I said before we were close to being signed but things took a turn. I stopped making music after this for close to 2 years.
– After this episode with your cousin you totally stopped to produce music. How Jay Locke gave you the click to start again?
Jay Locke is my good friend from Flatbush and a veteran DJ from the legendary club Foot Print in Brooklyn. Jay would make these compilations of music he had collected through his travels overseas. I had no idea of which touched me on a very deep level, I am very grateful for that experience because I really did not know what I was missing. My good friend would come by my job, just to give me these cassette tapes, the rest is history.
– What did you do during all those years? Was it easy to renounce to music?
I went the route of self-destruction. I wasn’t doing what comes natural to me, being an artist. I was denying my own self, my natural state so the inner conflict took it’s toll and ended to wasted time.
– The Incredible Adventures Of Captain P was kind of a “Carnet de voyage”, a personal expression with specific tones and textures. What was the challenge of Codes & Metaphors released earlier last year?
The Codes album was a transition album in my opinion. A lot of things in my life where changing simultaneously. In the middle of the recording process my relationship of 10 years ended and I had to move out of the apartment I shared with my now ex girlfriend. So half the album was completed on the road using software. I really enlarged my own sound libraries during this time. Now I write music in entirely new way. That experience had a great impact on the Codes album every other song had the word love in the title. Like the Captain P album life and art blurring together.
– What do you learn of a disappointment with this industry?
I learned to do it by myself. Stay true to what drives you and protect that. Keep building and pushing your vision for the good of those that listen to your music. Stay humble and keep it moving…
– Do you still get your inspiration from Nu Jazz?
Anything good inspires me , it can be Nu Jazz, Jazz, Blues. Music turns me on in general.
– Do you think you changed your way to work in studio during those last 3 years?
Definitely, I work mostly with my laptop. I travel a lot in my studio. So I adapted to software and write mostly using the mac.
– What were the things that open you new possibilities?
I like the idea that if you can think it up there is a way to make it real.
– You seem to be really emotive and sensitive of your surrounding. We also could think this regarding the titles of your tracks “It is what it is”. Do you have a cathartic approach of creation?
It’s very hard to say but to make it simple I will say, music happens and I have to be ready when it does. This means I am in the studio, present and ready. “It is what it is” just happened so it is a perfect example. However not all things happen this way.
– Do you think that creative processes’ are a way to catalyse neurosis or frustrations?
I certainly hope not..
– When finally your career started, was it easy for your ego, which was really molested by the past?
I don’t believe I let me ego run away with me. I think it’s the opposite : the more known I become the more grateful I am and thats humbling. It was not too long ago when there was anything.
– How do you think an artist should manage his ego nowadays?
I can’t speak for anyone else, however for me I feel extremely lucky to do something I love for living. That keeps me in the right space. Everyone is different no journey is the same. For me in order to do this I have to get out the way and let “it” do its thing. I think that takes a certain amount of understanding.
– Do you think it’s easy to be honest towards yourself when you are in studio?
Thats the place where you can not lie even if you want to. You are either real or not.
– Was it easy to start again, or was it like to start from scratch?
Very difficult I would not want to do it again. I had to start from scratch.
– What kind of assets brought your previous experiences?
I had a lot of stuff it still pains me to think about it, forgive me for not elaborating.
– You had almost 20 years between your start and the recognition of your art. Do you think all this pain and perseverance was a necessary part of your career?
Yes, I appreciate where I am and what I am doing.
What did you learn from this?
Take nothing for granted, appreciate every opportunity learned from everyone. Do not waste time. Keep building.
– Now things are going faster & faster for you do you still arrive to stay patient or do you prefer when things happen quickly?
I am adaptable though I prefer my own pace. However I accept it as it comes.
Which look do you have about recognition now?
I am grateful that music I make gets heard and is appreciated by a vast audience.
– Could you tell us more about the concept behind Boards and the compilation selected?
Boards is a play on words like mixing desks, games, technology or a group or members of a club, they can all mean the same thing in short. Boards is about exposing artists that I dig and give them a platform to express what they do freely. It can be anything it’s not a gerefied situation. 001 and 002 shows different things, Selected is the same showing different things yet all-relatives.
– How did you choose the artists?
It happened organically and took a long time.
– Could you tell us more about C.O.M.E.?
Cosmic Organisms Manifest Energy is a party with Jordan Polling and Jay Locke. We did a couple of parties in New York totally self funded none of us are promoters we did it for the love. The CD was compiled by me and mixed by Jay and is available for free on my sound cloud page. I have to thank Kelly and Audrey for always holding us down and keeping the vibe right as well.
We did those events a year apart as I am constantly traveling as for Jordan and Locke having different schedules it was difficult. However the timing was perfect, it could not have been better. Both events are unique and the memories of them with last a lifetime.
– You work sometimes with Aybee and Jonah Sharp, with a really emotive music where you put a lot of yourself. Is it easy to share the studio with somebody?
Not really, you have to share some common ground and that should be natural you can’t force that. It’s like any relationship it’s there or it’s not. I prefer to work alone but some people you have a connection with those tend to be people you that inspire you.
– Last time you played in Paris, you played only your unreleased stuff during the last hour of your set. Can we expect a new album from Fred P. in 2015 ? What are your plans ?
There is a plan for an album in 2015 but I don’t want to say what yet. However I do have some Ep’s for 2014 on Soul People as Anomaly and well as Reshapes on Boards and another Earth Tones record in the works. There is a forthcoming film project that I scored for the SPM Network. It’s an experimental, micro jazz project under the moniker of FP5. The track N.Y. was reshaped for the Selected Compilation. The horizon is looking bright nothing to do except keep building…