Après une étrange année d’accélération/décélération, Gilb’R s’attèle à un voyage novateur : la production de son premier LP solo en 25 ans de sorties sur Versatile, On Danse Comme Des Fous

Souvent à contresens, le patron du label Versatile a pourtant signé une myriade de disques sous son nom ou différents alias, quand il ne se trouve pas dans l’accompagnement artistique. Derrière l’incontournable Château Flight qu’il forme avec I-Cube, et plus récemment en 2020 sur le chamanique album sorti avec Ariel Kalma, Gilb’R alterne et jongle entre les rôles. En constante innovation, il n’a de cesse de renouveler sa palettes d’inspirations. Souvent différente sur chaque nouveau projet.

Exilé depuis 5 ans à Amsterdam, il erre entre son ancien studio le Red Light District (Triangle days) et l’actuel Cafe Del PJP, pour finalement nous livrer ce premier opus On Danse Comme Des Fous, loin de l’effervescence parisienne…

Mélangeant tendances esthétiques électroniques actuelles à sa vision subjective (ambient méditatif et textures électroniques) il nous entraîne pour ce premier album dans une danse aérienne et planante, rappelant un peu l’univers de l’album réalisé avec Ariel Kalma. Ce qui n’est pas sans nous déplaire. On se surprend même à rêver sur le morceau “Mishandel”. L’atmosphère se destine davantage à la contemplation et aux danses hypnotiques qu’à “une danse des fous” comme le voudrait notre imagination. Il invite quelques passagers à l’accompagner sur certains morceaux : I-Cube sur “Super Spreader” ou encore Cosmic Neman surЯ не хочу знать”.

Énigmatique et hypnotique, le disque laisse place au mystère et aux interprétations : entre la pochette réalisé par l’illustrateur Frédéric Cochet pour le livre Tarantella et une soit-disant référence à la première rave en 1518 à Strasbourg, Gilb’R ne manque décidément pas d’humour et de métaphores. Alors, curieux que nous sommes, on lui a posé quelques questions pour faire le point sur ses projets avec Versatile.

Tu as créé Versatile il y a 25 ans, et il s’agit de ton premier album en solo. Pourquoi avoir attendu autant de temps ?  

Parce que rien ne presse. Il manquait quelque chose à mes productions solo. Plein de disques sortent tout le temps, alors autant rajouter un truc dont on est vraiment content. Ces dernières années ont été majeures dans mon processus de travail et ce disque en est le résultat. J’espère le début de plein d’autres. Je bosse déjà sur différents projets, seul et avec d’autres.

De plus, au sein de Château Flight, j’étais complètement épanoui et je ne sentais pas le besoin de faire des choses tout seul. C’est arrivé quand je me suis retrouvé seul dans une autre ville, de facto. Et donc là, c’était le bon moment.

La pandémie a permis à beaucoup d’artistes de se renouveler et prendre le temps, est-ce que cela t’a poussé à accomplir cet album ?

Non, pas du tout. Le seul déclic pandémique est de m’être réveillé un matin et de me dire “bon, maintenant fais une sélection de tous ces morceaux enregistrés ces deux dernières années.” Sinon, le temps je l’ai utilisé pour mieux connaître mes machines. J’étais un peu obsédé par les différentes possibilités et c’est ce qui me permettait de dormir le soir : je réfléchissais au set up que j’allais utiliser le lendemain.

Parlons un peu de On Danse Comme Des Fous, que raconte-t’il exactement ? Doit-on entendre là un titre un peu ironique vis-à-vis de notre situation actuelle ?

Pour le titre, je laisse la liberté à chacun de s’en faire sa propre interprétation. Pour le reste, c’est un peu le journal de mes expérimentations néerlandaises… J’ai fait beaucoup de morceaux avant d’arriver là. Et un matin, (parce que sûrement ça marchait en tâche de fond) tout s’est mis en place et ces 10 morceaux se sont imposés par eux-mêmes. Je suis content de la fluidité de l’écoute de l’ensemble, malgré les genres assez différents. C’est quelque chose que j’ai vraiment recherché. Et j’ai trouvé une manière de me servir de ces autres morceaux car je bosse sur un nouveau projet qui s’appelle « J’ai rêvé », une sorte de journal de mes rêves que j’enregistre en audio à mon réveil, et que je mets en musique ensuite. Entre scénario planants, apaisants voire complètement loufoques, c’est un projet qui devrait sortir en format K7 pour que ça reste sur quelque chose de physique, en très peu d’exemplaires.

Tu es installé à Amsterdam depuis un moment maintenant, qu’est-ce que cela t’a apporté en musique par rapport à Paris ?

Bizarrement à Paris, j’étais artistiquement assez isolé. Je voyais tous mes potes du label avec qui nous échangions beaucoup de musique, surtout avec Cube (I:Cube). La mentalité parisienne n’est pas très partageuse. Alors quand je me suis retrouvé à Amsterdam, Tako de Music from Memory (avec qui j’étais ami depuis longtemps) et Marco Le Jeune m’ont introduit à la scène locale, qui finalement s’est avérée assez cosmopolite. Je me suis assez vite retrouvé à avoir mon studio au premier étage de Redlight Records et à partir de là, ce fut une véritable ébullition musicale. J’avais accès au magasin quotidiennement et à partir de 17h il y avait plein de potes qui passaient au studio, c’était le début de nombreuses sessions qui souvent se terminaient au bout de la nuit… On s’échangeait et faisait découvrir de la musique tout le temps. Ce fut une vraie explosion !

Quels sont les prochains projets à venir sur Versatile?

Outre le projet de rêves évoqué plus haut à sortir en K7, on prépare un album de Chimères FM, un projet qui me tient vraiment à coeur. Puis un nouvel album de Jaumet, un nouvel album de Cube, le dernier volume de notre collaboration avec Vidal : House Sympathie. Un maxi d’une collab entre Suzanne Kraft et moi… Et plein d’autres choses en cours !

Gilb’R, On Danse Comme Des Fous
Versatile Records
Sortie le 7 juin