L’écosse à toujours été une terre fertile en terme de musique électronique. Originaire de Glasgow, Alex Smoke, avec 3 albums à son actif, dont deux sur le prestigieux label écossais Soma, apparaît comme un exemple probant depuis plus de 10 ans maintenant. Rarement de passage à Paris, il a tenu un live inspiré parsemé de mélodies oniriques sans délaisser pour autant la dimension du club et la texture sonore qui le caractérise. Rencontre avec un personnage un peu à part dans le paysage électronique actuel :
– Bonjour Alex, tu viens de finir ton live quelle est ta première impression ?
Alex Smoke : C’était cool, le public était vraiment motivé, un peu jeune mais très communicatif.
– Il y avait beaucoup de machines sur la table, peux-tu nous en dire plus sur ton live?
Alex Smoke : Bien sur, c’est assez simple. Il est essentiellement basé sur Ableton comme beaucoup de live car c’est assez stable et c’est vraiment une interface intuitive pour moi. A côté, j’utilise Maschine, une sorte de MPC de chez Native Instrument, puis un petit synthé appelé Plugiator. Par ailleurs, j’utilise deux pédales à effets pour arranger et triturer ma voix.
– Etait-ce naturel pour toi d’utiliser ta voix sur tes morceaux ?
Alex Smoke : Depuis le début il me semblait normal de mettre ma voix sur mes morceaux, donc dès mon troisième ou quatrième essai, j’ai commencé à insérer ma voix dans mes productions. Lorsque j’étais petit je chantais dans un chœur à l’église, j’adore ça.
Alex Smoke – Rotwang
– N’était ce pas dur pour toi de chanter devant un public ?
Alex Smoke : Oui ça l’était, et cela me gêne toujours, c’est très intimidant pour moi.
– Comment penses-tu que ton son a évolué depuis ton premier album « Incommunicado » ?
Alex Smoke : Je pense que j’ai été vraiment influencé par la musique expérimentale et le travail de texture du son. A la place de poser simplement un beat et une mélodie, j’ai essayé de plus en plus d’instaurer une certaine atmosphère dans mes morceaux.
– L’année dernière Lux est sorti sur Hum Haw qui est ton propre label. Est-ce une preuve de maturité de vouloir produire son propre album ?
Alex Smoke : Ça s’est fait naturellement, je devais re-signer chez Soma, puis un bon ami à moi m’a proposé de lancer un label, donc on a décidé de créer notre structure. J’avais créé une petite structure appelée Profile mais j’ai eu beaucoup de problèmes à la faire démarrer. Je ne pense pas que je referai ça à l’avenir. Je pense que je me retrouverai un nouveau label. Je ne suis pas un homme d’affaire, je veux juste faire ma musique. Cela ne m’intéresse pas de vendre ma musique, juste produire.
– Lors de la production de ton dernier album avais-tu une différente approche de la production en tant que gérant de label ?
Alex Smoke : Non quand je produis ma musique je produis juste de la musique, je veux créer. Si j’avais cette approche je ferais de la musique beaucoup plus formatée et beaucoup plus axée sur les tendances du marché avec des sonorités plus housy. Même si ma musique peut paraître étrange par moment, elle me rend heureux et cela me suffit.
– Au travers des productions de tes multiples albums il y a énormément de mélancolie, comment expliques-tu cela ?
Alex Smoke : C’est parce que je suis un lamentable salaud (« miserable bastard »). (Rire)
– Dans ce cas, peux-tu nous expliquer ce qui t’inspire lorsque tu produis ?
Alex Smoke : Je pense que la musique est faite pour insuffler des émotions aux gens et la musique mélancolique est parfaite pour ça. Mais c’est une opinion très personnelle.
Alex Smoke – Master Of Tomorrow (Wraetlic Remix)
– Et quand tu produisais Left Drive sur ton album Paradolia tu pensais à quoi ?
Alex Smoke : Paradoxalement ça allait super bien à ce moment-là. Je ne sais pas vraiment comment c’est sorti. Mon état n’est pas forcément en adéquation avec la musique que je produis, les morceaux les plus joyeux que j’ai écrit n’ont pas tous été produits lorsque j’allais mal et vice & versa. Parfois je peux avoir un coup de blues mais ça n’impactera pas forcément ma musique.
Alex Smoke – Left Drift
– Travailles-tu parfois en collaboration comme on a pu le voir sur ton Ep avec Percy X ?
Alex Smoke : Non pas tant que ça. Je connais Percy X depuis pas mal de temps, on s’est rencontré à Glasgow. On a fait un track ensemble mais rien de plus.
– Vis-tu toujours à Glasgow ?
Alex Smoke : Non, maintenant je vis à Londres. J’ai déménagé il y a deux ans car ma copine, qui est enseignante, elle avait besoin de trouver du travail donc on est parti.
– Gardes-tu un œil sur la scène musicale de Glasgow ?
Alex Smoke : Oui bien sûr, même si je suis un peu moins connecté maintenant. Cependant, je suis toujours très attaché à mon disquaire Rubadub Records sur Howard Street. Je vois le gérant régulièrement et on échange souvent des sons.
– Y a t’il des newcomers à surveiller ?
Alex Smoke : Auntie Flo est surement l’un des jeunes producteurs les plus talentueux que j’ai écouté cette année.
– T’arrive-t-il parfois de te produire en tant que dj ?
Alex Smoke : Oui parfois, lorsque des gens pas très futés me font jouer en tant que dj, car je suis vraiment meilleur en live. Je mixe depuis plus de 14 ans et j’aime ça, mais je le fais moins souvent.
– Comment joues-tu en tant que dj ?
Alex Smoke : Je te ponds une vraie mixture, j’aime beaucoup la vieille house, la techno de Detroit, le dubstep et les genres qui s’y apparentent et les trucs inclassable genre Actress, donc c’est vraiment large. Mais généralement je reste cohérent avec la ligne directrice de mon set.
Quant à la forme, je joue vinyle et parfois cd, mais ça m’ennuie profondément d’acheter des mp3. Je ne trouve pas ça excitant, en tant que digger, j’aime pouvoir regarder le cover sur la pochette avant de jouer ma galette.
– Et si tu ne devais garder qu’un vinyle de ta collection lequel ce serait ?
(Sifflement), je ne sais pas, surement le premier Ep d’Actress qui s’appelle « No Tricks » qui est l’un de mes fétiches, sinon un vinyle de Stefan Roberts produit sur Evolute.
Alex Kid – Make My Day (Actress Mix)
– As-tu des side-projects ?
Alex Smoke : Oui, en ce moment je travaille sur un projet à base de vocaux, c’est assez expérimental un mélange de Broken Beat et de post dubstep. Sinon je travaille sur un nouvel album et une bande originale pour un film muet. J’avais déjà fais ça l’année dernière sur Faust qui est un classique impressionnant.
– Penses-tu que cette musique est facilement adaptable à ce genre de concept ?
Alex Smoke : Ça dépend vraiment de ton optique. Il faut vraiment arriver à faire ressortir l’émotion du film, et le fait de pouvoir créer n’importe quel son grâce à des machines donne beaucoup de libertés.
– Y a – t’il un projet que tu révérais de réaliser ?
Alex Smoke : J’adorerais réaliser la bande originale d‘un film de David Lynch.
– Sais-tu qu’il vient d’ouvrir un club à Paris ?
Alex Smoke : Oui, j’aimerais vraiment jouer le prochain film au Silencio car j’ai cru comprendre qu’il y avait une salle de projection.
– Dans ce cas là, as-tu une petite annonce à passer ?
Alex Smoke : Oui ! David Lynch si tu me lis, je veux faire une bande originale pour toi et jouer dans la salle de cinéma du Silencio.
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