Beat Assailant, c’est l’histoire d’Adam Turner, un mec qui naît à Miami en 1977 et qui bouge rapidement à Atlanta où il commence à faire ses armes dans le hip-hop. Puis lors d’un voyage à Paris, il tombe éperdument amoureux de la ville et décide de s’y installer. L’arrivée à Paris est pour lui synonyme de rencontres, enrichissantes et créatives ; des rencontres qui le conduisent rapidement à sortir son premier album «Hard Twelve» dont le single du même nom et « I Like Cash » en font rapidement un succès. Huit ans plus tard, trois albums réussis et des centaines de concerts à travers toute l’Europe derrière lui, BA, comme on le surnomme, revient avec « B », un nouvel opus étonnant et plus personnel. Un album renouant avec les racines du hip-hop et  produit en toute simplicité grâce à une formule toujours aussi efficace : « un sample, un beat et un micro ». C’est au Studio Plus, à la fin de sa répétition, que nous avons pu poser quelques questions à Adam Turner dans une ambiance très détendue.

– Tu peux nous dire à quoi on vient d’assister en rentrant dans le studio ?

C’est une des dernières répétitions avant le début de notre tournée qui commence le 22 avril avec un premier concert au  Zénith de Strasbourg pour le festival ARTEFACTS. Cela fait deux semaines qu’on répète, c’est la dernière ligne droite. Les musiciens que vous avez vu vont m’accompagner durant tout la tournée.

– Comment te sens-tu à l’approche du début de ta tournée et surtout de la sortie de ton nouvel album « B » ? Impatient, excité, stressé ?

Fatigué ! On a eu beaucoup de travail ces dernières semaines, surtout pour la préparation du live. C’est des journées très longues : tu commences à 10h et tu termines à 22h et pendant tout ce temps tu refais sans cesse les mêmes morceaux pour que tout soit parfait. En même temps je suis très excité de me lancer dans une nouvelle aventure, de reprendre la route avec les gars et de faire ce qu’on aime le plus, jouer tous ensemble.

– D’où t’es venue l’envie et la motivation de faire ce  quatrième album ?

La musique c’est ma vie, c’est ce que j’aime faire, du coup je ne suis pas allé la chercher très loin cette motivation. C’est naturelle quoi !

– Et pourquoi avoir fait le choix de ce « retour aux sources » du hip-hop avec un beat, un sample et un micro et abandonner ainsi ta section cuivre et les autres membres de ton crew qui t’ont entouré sur les autres albums ??

C’est l’évolution des choses. J’avais envie de faire un album plus moderne et qui reflétait bien la position où j’en étais en tant qu’artiste. Moi aussi j’ai évolué avec le temps et j’avais envie de partager ça avec mon public. Je garde toujours un lien avec ce que j’ai fait auparavant, sauf que là on a tout repensé et qu’on a travaillé d’une manière différente et ça fait du bien…

                         

– Comment as-tu produit ce nouvel album ? Qui sont les gens qui t’ont entouré ?

J’ai demandé à de nombreux producteurs de m’envoyer leurs sons, leur beats, leurs instrus… J’ai écouté énormément de choses avant de faire mes choix pour arriver à avoir le son que je cherchais pour cet album.

– Comment se sont passées ces deux années de travail depuis la sortie de ton précédent album « Rhyme Space Continuum » ?

On a fait plein de dates après la sortie de « Rhyme Space Continuum » puis ça s’est calmé. Mais depuis un an on a fait une pause et ça fait vachement de bien de se poser et de réfléchir sur son travail. Cela te permet d’avoir de nouvelles perspectives. Entre ces deux albums, j’ai vécu entre Paris et San Francisco ce qui m’a permis d’avoir une plus grande ouverture d’esprit et de rencontrer plein de gens sympas et différents.

– Si tu pouvais nous décrire « B » en quelques mots qu’est-ce que tu dirais ?

C’est moi. « B » c’est le début de Beat Assaillant, la première lettre, le commencement. Mes potes m’appellent « B » aussi. J’avais tout simplement  envie que cet album me ressemble et qu’on y retrouve mes influences passées et actuelles. C’est pour ça qu’on retrouve sur l’album des morceaux avec un son plus américain dans le style « dirty south », d’autres avec un son plus « électro parisien », d’autres encore avec une touche « hip-hop classique ». J’ai voulu mélangé tout ça.

– C’est un album plus intimiste et différent de ce que tu as fait auparavant. Cela ne t’a pas fait peur ?

Non, pas du tout. Ce dont j’avais vraiment peur c’était de faire encore et encore la même chose. Dans la musique faut toujours réinventer quelque chose, rester  frais et moderne. Si tu as peur de faire quelque chose de nouveau tu es mort. Le jour où je n’ai plus de nouvelles idées c’est le jour où il faudra que j’arrête la musique.

– Sur « Justified » on peut entendre Oxmo Puccino. Comment l’as-tu rencontré et pourquoi l’avoir choisi lui comme seul featuring sur ton album ?

Oxmo c’est un artiste que j’avais croisé sur la route, pendant les concerts, les festivals. J’avais toujours un grand respect pour lui et sa musique. Le mec qui a mixé mon album s’appelle Jeff Dominguez et c’est un grand pote d’Oxmo. Quand je lui ai dit que je cherchais des artistes pour des  featurings potentiels il m’a dit qu’il connaissait bien Oxmo. Je l’ai contacté et il a été chaud pour qu’on fasse un truc ensemble.

– Tu avais déjà entendu parler de lui avant d’arriver en France ?? Qu’est-ce que tu connaissais de la scène hip-hop française avant de t’installer ici ?

Les artistes de rap français on n’en parle pas trop aux Etats-Unis. Le seul mec dont j’avais entendu parler c’était Mc Solaar grâce au projet Jazzmatazz avec Guru. Sinon en-dehors de ça, rien.

– Qu’est-ce qui t’a poussé à t’installer en France ? Et est-ce que tu penses un jour retourner vivre aux Etats-Unis ?

Quand je suis venu pour la première fois, j’ai découvert la scène hip-hop française et de nombreux artistes : NTM, Iam, Oxmo,… J’ai trouvé que les artistes français avec leur propre culture et une grande force. Cela m’a vraiment motivé pour venir m’installer ici. Après si je pense un jour retourner aux Etats-Unis, je ne peux pas te dire pour l’instant. J’aime bien vivre entre Paris et les Etats-Unis comme je le fais depuis plus de dix ans maintenant.

                          

– Comment est-ce que tu te définirais ? Comme un rappeur français ou comme un rappeur américain ; ou peut-être même les deux ?

Je reste un rappeur américain. C’est là-bas que j’ai grandi, que j’ai appris le rap et que j’ai trouvé la passion de faire de la musique. C’est ma culture et sans ça je n’ai rien.  Le jour où j’arriverai à composer et à chanter en français peut-être que là je serai un rappeur franco-américain !

– Ta chanson « Be » parle du fait d’être celui su tu veux être. Quand tu étais petit tu voulais être Beat Assaillant ou tu rêvais d’être pompier, pilote d’avion, astronaute… Qu’est-ce que tu voulais faire comme métier ?

Je voulais être joueur de football américain, quaterback plus précisément ; et basketteur ! J’adore le sport. Mais la musique a été un domaine dans lequel je pouvais plus me tourner que le sport vu ma taille (rires) ! Avant de commencer ma carrière, je suis allé à la fac et j’ai fait du droit. Je voulais être avocat ou agent d’artistes et de sportifs, histoire de mêler ma passion pour la musique et le sport à mes études. Mais au final je me suis décié à faire de la musique.

– En parlant de ta carrière justement, près de huit ans après « Hard Twelve », quel bilan en tires-tu ??

C’est plutôt positif et je suis très content. J’ai eu la chance de faire quatre album ce que je n’imaginais pas quand j’ai commencé. C’est cool, j’ai la chance de partager mon art avec plein de gens, c’est génial. Je fais plein de concerts aussi ; la scène c’est vraiment ce que je préfère. On a signé avec Live Nation pour la tournée ça va être super! Je suis sur une bonne phase en ce moment  et j’ai hâte de voir ce qu’il va se passer pour la suite.

– Tes coups de cœur musicaux du moment ?

Robert Glasper et son dernier album « Black Radio », j’ai adoré !

BEAT ASSAILANT