Depuis quelques années déjà, quelques producteurs australiens font parler d’eux par leur large approche de la house music. Un angle d’attaque du genre qui se fait sentir tant par leurs productions que par leurs sélections. À l’heure où tous les classiques sont repressés et où les fondamentaux de la house classique semblent être revisités de fond en comble lorsqu’ils ne sont pas vulgairement régurgités, cette approche légère et déconnectée de bien des codes offre une nouvelle grille de lecture des musiques de clubs. Dernièrement, Phonographe Corp posait quelques questions à Andras Fox, un compatriote de Rohan Bell-Towers. Ils illustrent tous deux cette mouvance que certains qualifient de « house not house ». Une façon comme une autre de flirter avec un genre sans pour autant trop y toucher et sans s’y enfermer. Le dernier protagoniste a juste gardé son nom de famille et supprimé le tiret pour en faire son nom de scène, mais également sa signature. Un nom donc que l’on retrouve chez des enseignes telles qu’Internasjonal, Hole In The Sky et bien sûr public Possession. La notoriété croissante de Bell Towers va d’ailleurs de pair avec celle du label munichois qui semble également se jouer des carcans et des clivages. Dans le cadre de sa venue à Paris pour la soirée SEML nous avons saisi l’opportunité de lui poser quelques questions par email. Bonne lecture !
It had been quite a few years that few Australian producers caught attention through their wide approach of House Music. It’s a process that appears in their production and their selections. Now that almost all classics had been repressed, and that house foundations seem to be entirely revisited when not vulgarly rehashed, this chilled and disconnected club music approach of seems to offer a new grid of lecture. Lastly, Phonographe Corp was interviewing Andras Fox, a compatriot from Rohan Bell-Towers. Together they are good illustrations of what some call « house, not house » music. An expression that shows the need to categorize things in genres but also the lack of words to define music with its nuances. The last protagonist, just kept his family name and deleted the dash to create his stage name but more widely his signature. A stamp that you could find in the catalogs of imprints such as Internasjonal, Hole In The Sky and of course Public Possession. The growing status Bell Tower is closely linked to one of the Munich-based imprint and Vice & Versa, they both seems to avoid chapels and cleavages. As Rohan is playing in Paris for the SEML crew, we asked him few questions by email. Good reading!
– Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Rohan Bell-Towers, j’ai grandi dans la banlieue éloignée de Melbourne en Australie. Un peu après mes 20 ans, j’ai étudié les arts appliqués (le son) à l’université et, de là; je me suis finalement mis à mixer et à produire de la musique sous le nom Bell Towers.
– Could you present yourself?
Hello, my name is Rohan Bell-Towers, and I grew up in the outer suburbs of Melbourne, Australia. In my early 20’s I studied Fine Arts (Sound Art) at University, and from here I eventually went on to DJ and produced records under the name Bell Towers.
– Peux-tu nous expliquer ce qu’était Bamboo Musik ?
Bambo Musik était une fête à Melbourne qu’une amie Amelia et moi avions lancé en 2009. Cette soirée avait pour but de faire jouer un autre ami à moi Misha (Perks And Mini) et moi-même pour nos B2B. En 2014, j’ai déménagé à Londres donc nous avons enterré le projet et organisé des funérailles. Peut-être que le projet renaîtra de ses cendres un de ces jours.
Grâce à Bamboo Musik, j’ai beaucoup appris sur la musique de club. Au départ, j’écoutais principalement de la New Wave des 80’s, de la musique expérimentale et des trucs DIY. Ces B2B avec Misha, qui est un peu plus âgé et expérimenté, m’ont extrêmement appris quant aux dynamiques de la musique de club.
Avec le temps, Bamboo a pris de l’importance et nous avons eu de plus gros invités et le club, d’une capacité de 300 personnes, était toujours plein à craquer. Dans nos sets, nous intégrions toujours quelques morceaux fétiches, propres à la soirée. Aujourd’hui encore, ces disques restent toujours dans mon DJ bag. Les débuts des soirées Bamboo ont vraiment été formateurs et je me considère comme chanceux d’avoir pu apprendre selon mes propres règles.
– Could you explain to us what was Bamboo Musik ?
Bamboo Musik was a party in Melbourne launched in 2009 that I started with a friend of mine named Amelia. In short, Bamboo was born as a means to host me and another friend of mine, Misha’s (Perks And Mini) newly formed DJ partnership. In 2014, I moved to London, so we killed off Bamboo and held a funeral. Maybe we’ll return from the dead one day.
I learned a lot about club music at Bamboo Musik. Prior to Bamboo, I was mostly into 80s new wave, experimental, and the DIY music scene. Holding a b2b residency with Misha, who is a bit older and much experienced, taught me a lot about the dynamics of club music.
Over time, Bamboo grew more popular, occasionally hosting some great guests and regularly filling out to the club capacity of around 300 people. As DJs, we had some special Bamboo Musik favorites that remain in my record bag today. The early days of Bamboo were very formative, and I feel lucky to have learned the ropes on my own terms.
– Maintenant que tu vis à l’étranger, qu’est-ce que cela fait de jouer seul ? Est-ce que cela t’a permis de découvrir un autre aspect de la profession ?
Oui énormément, toutes les dates importantes auxquelles j’avais joué en Australie étaient dans le cadre de mon duo Bamboo Musik. Depuis quelques mois, j’ai de plus en plus de dates conséquentes en Europe.
Ces deux dernières années ont été particulièrement intéressantes pour moi. D’une certaine façon, j’ai dû réapprendre à mixer. C’était excitant et effrayant à la fois, j’ai le sentiment de constamment m’améliorer, mais j’ai encore du chemin à faire.
– Now that you abroad how is it to play more alone at the party? Did you discover some aspects of the job that you did not know?
Totally. Pretty much all of the bigger gigs I played in Australia were as part of the Bamboo Musik duo, and in recent months I’ve been enjoying increasingly good billings in Europe.
The last two years have been particularly interesting for me, as in a way I’ve had to relearn how to DJ. It’s scary and exciting as I feel like I’m improving all the time and still have a long way to go.
– Était-ce un défi pour toi de passer d’une ville où tu avais pignon sur rue à un environnement totalement différent ?
Je suis passé de personne bien connectée à personne quasiment en dehors de tout réseau. La plus grande différence pour moi c’est en tant que DJ, car je ne fais plus de date dans les bars, mon calendrier est rempli de dates dans plein de villes différentes. Pour faire bref, je passe moins de temps dans les booths, mais c’est bien plus marrant.
– Was it a challenge for you to switch from a city where you were settled into a totally unknown environment? Did it change your approach to djing and music production?
I’ve gone from being someone well connected in their city to being not so connected at all. The biggest difference this means for me as a DJ is that I no longer play regular bar gigs and rely mostly on external interest from club gigs in other cities to fill my calendar. So, in short I’m spending fewer hours in the DJ booth but it’s much more fun.
– Découvrir la musique en Australie et plus particulièrement à Melbourne, loin de tout berceau historique de la house musique, pourrait-il expliquer le fait que tu ais une approche plus large qu’un producteur de house classique ?
Je passe beaucoup de temps à collectionner de la musique électronique australienne des 80’s, mais je ne me considère pas comme appartenant à cette lignée d’artistes. Je n’écoute pas tant de 33 tours que ça chez moi, cependant, je pense que ce sont mes intérêts musicaux qui font la singularité de mon approche de la musique de club.
– Do you think that experimenting music in Australia and more particularly Melbourne far from any « historical » house music’s cradle could explain why you have maybe a wider approach to house music less classical than many producers?
I have a keen interest and collect 80s electronic music from Australia but don’t feel directly part of any lineage. I don’t listen to many 12’s in my free time, but I guess that it’s my musical interests that give my interpretation of club music an interesting angle.
– Penses-tu que le large spectre sur lequel la scène australienne revisite la house provient du fait que cette house underground n’a pas tant eu l’opportunité de se développer à Sidney ou Melbourne ?
Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation, la musique de club est une scène importante en Australie depuis les 80’s. Oui, l’Australie est très éloignée de l’Europe et l’on y peut rien si un artiste comme DJ HMC était en Europe lors de sa période faste, cependant, on ne peut pas dire que l’Australie n’a pas développé sa propre scène sur de bonnes bases.
– Do you think the wide spectrum on which Australians are interpreting house music is due to underground house music had no really favorable ground to develop steadily in Sidney or Melbourne?
I have to disagree with that statement as club music has been big in Australia since the 80s! Sure, Australia is very far away from Europe and one can’t help wonder if someone like DJ HMC was in Europe during his success. However, that’s not to say it hasn’t enjoyed its own healthy scene.
– Déménager à Londres était une grosse décision. As-tu choisi de te trouver un job ou de t’immerger pleinement dans la musique ?
Ma copine, Jeannette (ma fiancée maintenant) et moi avons récemment créé une entreprise Dolcedln, donc j’ai dû trouver l’équilibre entre un travail de jour et un travail de nuit. Ça marche bien, car cela me permet d’avoir des revenus stables ce qui est important pour des musiciens. Cela me permet également de véritablement apprécier mon temps libre que je peux allouer à la musique. Lorsque je prends un jour pour travailler ma musique, je le conçois avec le même sérieux qu’un jour de bureau.
– Moving to London, is a pretty huge decision. Did you choose to get a job or to immerse yourself fully in music?
I’ve recently started a business (http://dolceldn.com) with my girlfriend Jeanette (now fiancé), so I have to deal with a day-job/night-job balance. It works well for me as it keeps my income stable which important for musicians. It also really helps me to appreciate the free time I have to work on music – when I have a spare day to work on music I treat it like a day in the office.
– Tu as bougé à Londres avec ta copine, quel rôle a-t-elle dans ta carrière ?
Nous partageons tous les deux cette passion pour la musique et cela représente une part conséquente de notre relation. Jeannette a été une oreille de bon conseil et parfois une collaboratrice lorsque je travaillais sur ma musique et je l’ai aidé sur ses productions également. Nous déménageons bientôt dans un nouvel appartement et nous envisageons de transformer le salon en studio. Je pense que ça sera une période très productive pour nous.
– Which role does your girlfriend play in your artist career ?
We both share a passion for music, and it informs a large part of our relationship. Jeanette has been a trustworthy ear (and sometimes collaborator) while working on my own music and I’ve helped her out with her compositions too. We are moving into a new flat soon and are planning to turn the living area into a studio space – I feel like it’s going to be a productive time for us.
– Depuis ton arrivée aux Royaumes-Unis, as-tu fais des rencontres intéressantes ?
La meilleure chose que j’ai découverte à East London, où je vis, c’est NTS Radio. J’ai rencontré vraiment beaucoup de supers personnes grâce à ce lieu.
– Since your arrival in the UK, did you met any interesting people or did you found any interesting things ?
The best thing I’ve discovered in East London (where I live) is NTS Radio. I’ve met lots of really great people through that scene.
– Comment vois-tu ta relation avec Public Possession dans un futur proche ?
Le label grossit, c’est étrange, mais très excitant. Nous sommes tous de bons amis donc je suis sûr que l’on continuera de travailler ensemble dans le futur.
– How do you see your relationship with Public Possession evolving in the future ?
It’s super exciting to see the label grow – weird and exciting! We are all good friends now I’m sure we’ll continue to work together in the future.
– De qui te sens-tu proche sur la scène australienne ?
Je suis un vieil ami de Michaël Kuyck de Noise In My Head. Je me rappelle encore de quand je l’encourageais pour qu’il s’achète une pair de MK2 et qu’il apprenne à mixer.
– Who you feel close to in the australian scene ?
I’m old friends with Michael Kuyck (NOISEINMYHEAD) – this goes way back to when I was encouraging him to buy some 1200’s and to learn how to mix!
– Qu’est que tu attends de ce B2B avec Andras Fox ?
Andy est comme le yang de mon yin. Ça devrait être un set fun et dynamique.
– What do you expect from this back to back with Andras Fox?
Andy is like the yang to my yin – it should be a fun and dynamic set.
– Un petit mot sur tes prochains projets ?
Espérons que je puisse finir un dernier EP avant l’hiver.
– A last word about your next projects ?
Let’s hope I can finish one more 12’ before Winter !