A l’heure actuelle, Technasia est un exemple atypique du paysage électronique français. Producteur d’une techno riche en émotions, expatrié à Hong Kong, M. Siegling est l’auteur de nombreux classiques (« The Force », « Hydra », « Acid Storm »…). En tant qu’invité du festival Inox Paris 2011 nous avons voulu en savoir plus sur ce personnage au parcours hors du commun.

-Bonjour peux tu te présenter ?

Bonjours, je m’appelle Charles Siegling, mieux connu sous mon nom de scène, Technasia. Je suis né et réside à Paris. J’ai démarré Technasia en 1996 avec mon acolyte Hongkongais Amil Khan, et nous avons créé le label du même nom à Hong Kong cette même année. Technasia est resté un duo jusqu’en 2009, l’année où Amil a décidé de quitter le groupe pour consacrer plus de temps à sa famille. J’ai sorti trois albums en dix ans, le dernier volet ‘Central’ étant paru l’année dernière, et de très nombreux maxis et remixes. J’ai joué dans à peu près tous les festivals et clubs majeurs de la planète électronique ces 15 dernières années.

-Est-ce vrai que c’est ton père qui t’a fait découvrir tes premiers morceaux de rave music ?

Oui, mon père était un fanatique de musique, de tous les styles, des trucs expérimentaux les plus barrés à la pop anglaise des 80’s, en passant par le rock, le punk, le jazz etc… Quand il a entendu les premiers morceaux raves et acid house à la fin des années 80, il m’a acheté plein de cassettes et vinyls,  (il n’y avait pas de cds à l’époque), de ce nouveau style en me disant que c’était phénoménal et que ça allait révolutionner le monde de la musique. Il n’avait pas tort…

-Comment t’es tu retrouvé à Hong Kong ?

J’y suis allé en vacances, en 94 ou 95, car j’avais un pote qui habitait là-bas. On m’a présenté Amil pour la première fois à ce moment-là. Par la suite, Amil est venu terminer ces études universitaires à Paris et c’est en se revoyant à Panam qu’on a compris qu’on avait la même passion pour cette musique. On a commencé à faire du son ensemble et de fil en aiguille, tout s’est monté. Amil est retourné là-bas en 1998 et c’est à partir de là que j’ai commencé à faire mes allers-retours entre la France et l’Asie.

-Comment es-tu devenu dj ?

Je mixais un petit peu au début de Technasia. Les 2, 3 premières années, on jouait principalement en live. Mais le calendrier des dates grandissait très rapidement, on ne pouvait bien évidemment pas faire des lives partout. Il n’y avait pas Ableton Live à l’époque, donc notre live était composé de samplers, boîtes à rythme, synthés, etc… Donc pas vraiment facile de se déplacer avec tout ça. Par conséquent, j’ai du commencer à mixer très régulièrement un peu partout sur la planète dès 1998.

-Est-ce que tes études de cinéma t’ont servies dans ta façon de concevoir ta musique ?

Bien évidemment. L’image et le son ont toujours été inextricablement liés. Si je n’avais pas fait ma carrière dans l’un, cela aurait été dans l’autre. J’aime énormément l’aspect technique du montage son et vidéo, le casse-tête que cela demande, et la façon dont on doit toujours trouver des alternatives, des tweeks, faire avec les moyens du bord pour arriver à tes fins. Ca marche de la même façon dans la production musicale.

-Comment décrirais-tu ton son, car la mélodie, ça se fait rare dans en techno aujourd’hui ?

J’ai toujours décrit le son Technasia comme techno émotionnelle. Mais bon en fait, je n’ai jamais vraiment aimé les catégories ou les étiquettes. J’aime bien amener différentes émotions dans mes morceaux, qu’elles soient violentes ou sensuelles. Je recherche toujours un moyen de procurer une émotion au public ou à l’auditeur d’une façon ou d’une autre. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais c’est vraiment mon but premier lorsque je compose un morceau.

-Est-ce que le fait d’habiter Hong Kong affecte ta musique ?

Je n’habite plus à Hong Kong depuis quelques années mais j’y retourne très fréquemment. Bien entendu, Hong Kong est une source d’inspiration inépuisable pour moi. C’est une ville fantastique, une boule d’énergie, un chaos urbain. C’est juste dommage qu’il n’y ait pas vraiment de scène musicale là-bas. Les gens sont plus occupés à faire du pognon qu’autre chose, ils ne comprennent pas comment on peut passer autant de temps à travailler sur quelque chose d’aussi superficiel que l’art. Mais quelque part, c’est aussi ce qui fait le charme de cette ville, sont statut économique privilégié qui modèle la vie et la culture des gens qui y habitent.

-Peux-tu nous parler de ton podcast ?

Pour te dire la vérité, je n’aime pas vraiment enregistrer des podcasts en studio, car je trouve que ça perd toujours l’énergie et le caractère qu’un set enregistré en club ou en festival peut avoir. Du coup, j’enregistre pas mal de mes dates à l’étranger. Celui-ci a été enregistré en Juillet dernier au Mezz à Breda, Pays-Bas. Un petit club qui existe depuis un peu plus de dix ans maintenant et qui a vu passé une sacré plétore de gros DJs. C’était vraiment une soirée géniale et le public avait la patate, comme toujours aux Pays-Bas, comme quoi les joints ça ne fait pas que faire dormir. J’ai commencé plutôt funky, avec pas mal de percussions, pour virer un peu plus techno dans la deuxième partie du set.

-Est-ce que cela ressemble à ce que tu joues d’habitude ?

Oui et non, j’aime bien jouer des sets radicalement différents. J’aime autant la house que la techno, et je m’éclate à jouer les deux. Je n’aime pas quand les gens dressent trop de limites dans la musique, ça n’aide pas à la faire évoluer. Je m’adapte en fonction du public, en fonction de ce qu’ils aiment et de ce que j’aime. Quand je joue je veux que tout le monde soit content, moi y compris. la musique, ce n’est souvent qu’une question de concessions…