AceMo et MoMa Ready sont dans un studio, à nouveau : il en est sorti, au début du mois de mai leur EP2. Depuis, la planète a tourné plusieurs fois et leur EP reste, au beau milieu du mois de juin chaotique de cette année 2020 qui n’en finit pas, toujours autant pertinent. 

On vous avez déjà parlé de MoMa Ready : il avait signé, sur Gallery S, un album d’une grande maturité. Enchainant les styles, genres, époques et références avec une facilité décorcentante, il nous avait cloué au sol d’un dancefloor multiple. Toujours hyper-actif et hyper-style, MoMa Ready s’associe avec AceMo pour, ensemble, toucher une nouvelle fois aux quatre coins de la club music actuelle. 

Les quatre titres de cet EP2 suivent presque immédiatement A New Dawn, premier essai à réunissant les deux producteurs et sorti en janvier seulement. Au programme, trois inédits et un rework à quatre mains d’un morceau d’AceMo, « Time 2 Change » : il n’en faut (toujours) pas plus aux deux new-yorkais pour nous propulser sur une orbite changeante, énergique, tremblante sous les assauts des boites à rythmes. « Baby Crazy », titre qui ouvre l’EP, est instantanément un petit tube : sur un fond de beats jungle tourne à pleine turbine un vocal hypnotique, sur-excité, qui nous vrille les tympans. Avec peu, on peut faire beaucoup – rien de nouveau jusqu’ici. Mais AceMoMa prouve qu’avec peu, on peut faire beaucoup dans tous les styles. 

De la jungle de « Baby Crazy », on passe sans aucune transition à « The Legend of The African Samurai », riddim breaké, bancale et crunchy. Un tempo lent, des montées d’arpèges synthétiques, des snares qui tapent dans tous les sens : peu d’éléments beaucoup d’effets. Comme sur le titre suivant, « Dream Dancer », une house sautillante et saturée, aux réminiscences dub. Un détail précis nous passionne : les snares – les sons de caisse claires qui viennent le plus souvent à contre-temps du beat – y sont, tous les deux-trois temps, dépitchés. Ils semblent monter en hauteur, devenir plus aigus, comme s’ils étaient accélérés momentanément : c’est exactement ce qu’il se passe lors d’un mix quand on cale, à la main, un track. Subtil, mais ô combien efficace : cet effet donne un sentiment de vitesse, d’urgence même. C’est comme si l’on écoutait deux morceaux ne faire qu’un, en direct. Ajouter à cela une esthétique brute et on tient un DJ tool implacable. 

Dans leurs notes, AceMoMa disent ceci : « We invite you back into our world of sound. We hope this helps you in your new journey. AceMoMA is by your side. We’ll climb this mountain together. » Bien que les clubs nous manquent et que cet EP2 en est une célébration, on se console en poussant le volume dans notre salon, en regardant notre monde chaotique prendre feu. 

AceMoMa, EP2
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