À Reims, on dit souvent qu’il est impossible de passer à côté du fameux « Spam Phonographe » tant notre présence sur la Reimsosphère et les murs de la cité dépasse l’entendement. À l’occasion de la venue de Bambounou à notre prochaine soirée le 26 septembre, il est temps de faire un point ludique sur ce gentleman du ghetto et son EP « Cobe » sorti cet été sur 50 Weapons, label de Modeselektor.

Poupon de la scène parisienne, Bambounou est un habitué du Social Club qui l’a vu grandir, du défunt Youngunz (Manaré, Chaos in the CBD) au rutilant Monkeytown. C’est sur 50 Weapons (Marcel Dettmann, Addison Groove, Cosmin TRG) la subdivision de cette structure que Bambounou s’est illustré cet été en sortant un 3 titres puissant et surprenant. Parce que la force de Bambounou réside bien dans sa capacité d’adaptation et son envie de se démarquer. Une fois le crew YounGunz dissous, il n’a pas hésité à diversifier son catalogue de labels pour toucher un public sans cesse plus large, sans pour autant s’enferrer dans une scène restreinte, comme beaucoup de ses frères d’armes.

THE BOOMCAST #18 • French Fries / Bambounou (Sound Pellegrino/50Weapons, FR) by ClekClekBoom

C’est ainsi qu’il s’est retrouvé aux portes de Sound Pellegrino, label de son pote Teki Latex pour un épisode des Cross-Over series en collaboration avec Joakim qui consistent à réunir 2 producteurs d’univers diamétralement opposés pour un seul et unique Maxi. Le concept a beau paraître intéressant, le résultat n’est pas là. En effet, comment harmoniser les compétences de Joakim, musicien habitué à sa 909, et celles de Bambounou, producteur « Ableton » de la nouvelle génération ? Mais il retombe sur ses pattes et signe le premier EP du catalogue Clek Clek Boom avec son comparse French Fries, plus expérimenté que lui, avec qui il perfectionne sa technique. C’est également ensemble qu’ils coopèrent pour produire l’album de Piu Piu, projet encore en gestation.

French Fries – Hugz ft. Bambounou

Loin de vouloir en rester là, Bambounou persiste dans la production et se fait playlister sur Modeselektion Vol. 2 mixée par le duo Modeselektor, chef de file de la tribu Monkeytown. De là, il sort « Cobe » sur 50 Weapons  et séduit publics et médias avec 3 morceaux aiguisés et stridants. Malgré un sens particulier du groove, « Cobe » s’écoute facilement, que ce soit en club ou dans son casque.

L’EP s’ouvre sur Chrome, vive et robuste, et annonce la couleur. Mass s’ensuit, déconstruite et breakée, seule production de l’EP agrémentée de voix découpées et incompréhensibles qui apportent un peu de vie dans cet univers froid et presque glauque. Les passages acides de Deepstaria parasitée de sons métalliques venus de nulle part nous sortent de la torpeur et nous ramènent dans la réalité stressante, pesante et sombre de la bass music. D’ailleurs, il ne cache pas lui-même être fasciné par les étoiles et l’espace, et s’en inspirer dans son travail.

Bambounou – Mass

L’ensemble est minimaliste, tout comme l’est son studio. En effet, il est quasiment impossible de s’en rendre compte tant la production est bien ficelée, mais l’artiste a récemment publié une photo de son matériel sur Facebook : un ordinateur, un écran, un clavier. La techno dans son plus simple appareil.

Bambounou joue de ses influences larges et cohérentes, que ce soit les jeux vidéos, la ghetto house, la techno ou, plus généralement, la bass music, pour offrir un disque intelligent et diablement bien construit. On regrette cependant que « Cobe » ne décolle pas et reste dans une constante inspiration expérimentale. Ceci dit, l’EP annonce un album chiadé que l’artiste ne donne pas l’impression d’avoir négligé. Et qui sera une arme de choix… À paraître le 23 novembre, toujours sur 50 Weapons.

Bambounou jouera le 26 septembre au Vogue pour une soirée Phonographe/Elektricity avec PurSim & TopGun. Places à gagner sur People Movin’ et BF2D.