Pour te la faire courte, la rentrée, c’est un peu le moment où tout le monde décide de sortir son album au même moment. Tu te retrouves donc très sollicité et assailli de toute part. On a donc fait le tri pour toi : certains disques sont déjà sortis, d’autres pas encore, mais tous sont à choper :
MF DOOM & BISHOP NEHRU – NERHUVIAN DOOM (LEX RECORDS)
Ce n’est pas franchement la révolution : en ayant eu vent de l’alliance entre les 2 pontes du rap actuel, les pronostics sont allés bon train. Et malheureusement, ce Nerhuviandoom ne porte pas l’alchimie espérée. Mis à part quelques titres trop courts qui sortent du lot, le reste passe un peu à la trappe et l’album se torche en un trajet de métro, c’est un peu dommage. Ceci dit, c’est agréable, fun, et ça se laisse parfaitement écouter au milieu de la mare musicale.
PAUL WHITE – SHAKER NOTES (R&S RECORDS)
Paul White a été un temps l’un des producteurs de beats les plus sous-estimés de sa génération. Avec ses inspirations Dill-uviennes, il fait de chacun de ses albums un voyage autour du sample. Il a également été derrière les machines de Messieurs Danny Brown, Homeboy Sandman ou Guilty Simpson. Avec Shaker Notes, il fait un passage réussi du côté obscur de la force avec une sorte de techno noise parfaitement ficelée, repérée par nos amis R&S. Ne pas hésiter à se plonger dans ses précédents albums.
MONO/POLY – GOLDEN SKIES (BRAINFEEDER)
Mono/Poly perpétue la tradition ancestrale du beat californien. Toujours à cheval entre différents styles, il inflige à ses productions (hip-hop d’origine) une puissance qu’il tient de ses influences techno. Golden Skies est très froid, mais ne laisse pas indifférent. On se perd dans son déluge de sonorités, puis on se raccroche à des déjà entendus, et l’album se traverse sans trop d’encombres. Une expérience.
CARIBOU – OUR LOVE (CITY SLANG)
Ça faisait 4 ans qu’on l’attendait, et franchement, ça vaut le coup : Dan Snaith nous avait habitué à un Caribou plutôt calme et introspectif, en 2014 il nous envoie un gros Our Love, disque nostalgique mais un poil énervé qui marque la dissolution de la frontière entre ce projet pop et son alias house, Daphni. Fou.
FLYING LOTUS – YOU’RE DEAD (WARP)
C’est un peu LE dossier de l’année. FlyLo ne cesse de tiser son retour. Depuis l’annonce de ses guests (Thundercat, Kendrick Lamar, Herbie Hancock…), on ne peut se contenir. Le délire graphique autour du disque est pour le moment très réussi, on espère bien que l’album sera à la hauteur. À venir sur Warp…
APHEX TWIN – SYRO (WARP)
Comment mettre la planète techno en émoi ? Annoncer le retour d’un vétéran (en l’occurrence, l’un des plus prolifiques et assurément le plus fou), faites un teasing à son image (un ballon dirigeable, la diffusion d’une tracklist sur le dark net) et vous aurez un aperçu de l’univers du prochain Aphex Twin. Si les previews ne sont pas hyper convaincantes, on se doute bien que ce bon vieux Richard nous pondra un truc de dingue. Patience.
MOIRÉ – SHELTER (NINJA TUNE)
L’étrange Moiré se faisait discret dans le catalogue de Ninja Tune, mais c’est sans appréhension que nous avons accueilli l’album. Une musique hybride oscillant entre deep house et techno défile le long des morceaux avec pour ligne de conduite de ne jamais en faire trop. Ainsi, le résultat est taillé pour la teuf mais se prête à la simple écoute au casque. Cette approche habituellement difficile à mettre en oeuvre fonctionne à merveille ici.
DORIAN CONCEPT – JOINEDENDS (NINJA TUNE)
De son côté, Moiré offre une atmosphère bien plus angoissante et oppressante, comme peut le faire Oneothrix Point Never. Joinedends est étriqué dans un style résolument pop mais fait la part belle à un support électronique qui se fond parfaitement avec les choeurs féminins / masculins omniprésents dans l’album. Dans le genre, Illum Sphere avait fait un peu mieux, mais Dorian Concept mérite qu’on lui donne sa chance.
STONES THROW
Stones Throw vaut bien un paragraphe… Le label californien se voyait mis en scène récemment dans un documentaire intitulé Our Vinyl Weighs A Ton. La bande-son signée Madlib vient de voir le jour, et si les morceaux sont avares en durée, le moins que l’on puisse dire est que ça a de la gueule, comme toujours. Non content de cette sortie, le label californien a également annoncé un album de Trance Farmers, une sorte de hip-hop psychédélique, et un autre de Dntel, de sa division Leaving Records. Rien n’est mauvais, tout est à prendre.