Exemple de qualité et d’intégrité, l’intelligent label InFiné revient avec un EP de remixes du morceau Grass, extrait du dernier album de Cubenx. Après un premier EP de relecture très club de These Days qui réunissaient le Breton Labs ou T. Williams, ce court format explore un peu plus l’album très chic qu’est “On your own again”.

Créé en 2006 par Agoria (dont vous pouvez retrouver l’interview ici), Yannick Matray et Alexandre Cazac, le label Rhône-Alpin n’a eu de cesse de diversifier les styles tout en gardant un son exigent qui lui est propre. Agoria a beau avoir quitté le navire pour se consacrer à la production d’artistes et de ses propres projets (notamment une B.O de film d’après la rumeur), la maison n’en arrête pas moins le développement du catalogue éclectique. On pourrait même qualifier la structure de “bon label” qui a encore prouvé son pouvoir avec le légendaire live surprise d’Oxia sur la scène secrète des Nuits Sonores samedi dernier. Mais qu’est-ce qu’un bon label ? Chez Phonographe, on pense qu’un bon label sait se diversifier et surtout, surtout, prendre des risques, choses que les majors ne font plus depuis longtemps. Ce travail de défrichage est pourtant indispensable au tissu culturel et à l’épanouissement artistique. InFiné, c’est LE label de province qui a su allier avec tact la musique classique de Francesco Tristano, voire même de Aufgang sur certains morceaux, l’électro barrée de Spitzer ou encore la techno de The Hacker. Oscillant entre 80 et 130 bpm, InFiné a imposé ses artistes sur la scène mondiale en moins d’une décennie.

Cubenx, mexicain d’origine, rejoint le label en 2007 avec “Glandula”. Après une courte série de maxis, celui-ci accouche de son premier album “On your own again” dans lequel le sud-américain revient à ses premiers amours, le post-punk et le shoegaze, et se focalise plus sur le dance-floor que sur l’introspection. A l’exception près d’un morceau, Grass, qui est revisité dans cet EP de remixes par Telefon Tel Aviv, Cocteau Twins et l’un des poulains de l’écurie, Douglas Greed. Le remix de Cocteau Twins s’annonce très lancinant et atmosphérique. L’ossature originale du morceau a été conservée pour en faire une belle chanson cosmique, digne des plus belles productions psychédéliques et down tempo du moment. Douglas Greed enchaîne et décide d’effacer les voix et d’améliorer les pistes de pianos en les rendant plus enjouées. Telefon Tel Aviv clôture ce court format en supplantant le piano par des claps lourds et lents. L’instru, plus sombre que l’originale, a de quoi faire froid dans le dos. C’est non mécontent que nous quittons ce disque sombre et grave qui nous ramène d’un voyage cosmique à travers les affres de la mélancolie.

En somme, Grass Remixes est un EP très agréable à écouter dans un cabriolet au soleil levant ou perché sur un toit à refaire le monde. En revanche, il n’est pas à laisser entre toutes les oreilles, notamment celles d’un maniaco-dépressif ou d’un schizophrène.

Dans les bacs le 28 mai sur InFiné

CB