Alias dancefloor de Jordan Rakei, Dan Kye est la dernière signature de Rhythm Section International, label londonien de Bradley Zero. Sur Small Moments, le producteur, musicien et chanteur embrasse une house volontairement soulful, instrumentale et feel good – qui tombe à pic.
Connu et reconnu pour ses qualités de chanteur sur bon nombre de disques – de FKJ à Disclosure en passant par Alfa Mist et Loyle Carner, mais aussi de musicien et d’arrangeur, Rakei est aussi producteur. Pour les autres donc, mais aussi pour lui-même : une série d’EPs sur Ninja Tune, un split EP sur Blue Note… Un CV impressionnant pour une musique qui s’efforce de nous cajoler depuis ses débuts en 2014. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’il quitte sa Nouvelle-Zélande natale et part s’installer à Londres. Nu-soul, nu-disco, hip-hop et nu-jazz : il emporte avec lui tout son bagage et ses obsessions musicales dans un Londres bouillonnant. Il y fait la rencontre de Bradley Zero et de son label, qui lui ouvre les portes d’une dance music multiple, décomplexée de ses origines et fortement groovy. Presque six ans plus tard, Rakei prend l’alias de Dan Kye et exécute la demande de Zero : un disque house mélodique, dans la droite lignée des sorties du label.
Mission accomplie : le producteur s’y sent comme à la maison et le résultat, Small Moments, coche toutes les cases. Celles d’une house soulful et groovy, mue par des claviers et qui claudique sur des breaks inattendus. Une house qui emprunte tout ce qu’elle trouve à côté – la soul, le funk, le jazz bien sûr. Une recette certes entendue auparavant mais qui fait touche juste ici ; la faute à un je-ne-sais-quoi de vivant, de spontané. De léger aussi : les lignes de basses s’enchainent, les claviers scintillent dans la nuit et Rakei/Kye atterrissent, sa voix et lui, dans un coussin. « Actually » en est le parfait exemple : une boucle que l’on jurerait piquée à un Theo Parrish, une énergie vivace, quelques imperfections. Une impression que le titre prend vie sous nos écouteurs : l’exercice est réussi.
Il existe des ponts et des connections que nous n’aurions pu que difficilement prédire ; cet EP de Kye est en un parfait exemple. Spontané, imparfait et vivant, ces Small Moments peuplent bien les nôtres.