Méditatif, envoutant et sublime, le disque de Lord Of The Isles, composé à la découverte d’un poème de l’auteure Ellen Renton, est à mettre entre toutes les oreilles : l’apaisement est immédiat.  

Phonographe Corp et Whities, c’est une histoire qui dure : on suit scrupuleusement l’actualité et les sorties du bastion londonien de Nic Tasker, que l’on avait invité à deux reprises – une fois dans le sous-sol de l’International et l’autre sur le woodfloor de feu Concrete. La sortie précédente, Second Language de Minor Science, avait tourné lourdement dans nos enceintes confinées : une petite claque, montée en quelques beats et trois tours de passe-passe bluffants, qui résonne encore dans nos tympans. 

Sorti au début du mois de mai, on ne découvre pas à l’instant la référence numéro 29 du catalogue, signée de l’anglais Lord Of The Isles. À vrai dire, on l’écoute depuis quelques semaines, par intermittence mais toujours avec la même attention. C’est que, sur quatre titres et en un peu moins de 20 minutes, Neil McDonald façonne un univers onirique, lumineux, qui se déploie avec douceur sous nos pieds. 

« One Lifetime Is Not Enough For Us » est le titre qui ouvre cet EP – ambiant, solaire, cristallin – composé suite à la découverte d’un poème d’Ellen Renton. Plus qu’un clin d’oeil ou une inspiration, les mots de la poétesse sont récités par son auteure même sur les titres « Passing » et « Inheritance ». McDonald y loge ses mots, ses vers et ses rimes dans une bulle lo-fi de nappes synthétiques, de bruissements d’herbe et d’écoulements d’eau, de chants d’oiseaux et de crissements de l’herbe. L’image d’une campagne douce, verdoyante et ensoleillée nous vient à l’esprit : c’est bien de nature, et plus précisément de son altération par l’homme et de nos futurs qu’il est question dans le texte de Renton. 

Arpèges célestes, longues plages mélodiques, magnifiées par de brèves incursions rythmiques : McDonald « cinématise » le texte de l’auteure pour créer des images. Hypnotique de part sa douceur, envoutant, ce disque est un monde en soi – isolé, accueillant, safe, dans lequel on se réfugie quand le quotidien nous pèse. On appuie sur play, on ferme les yeux et tout semblera plus facile après. Un monde en soi et pour soi, qui fait tout simplement du bien et que l’on aimerait garder pour soi. Comme un trésor personnel, qui n’appartient qu’à nous et que l’on aimerait qu’il reste inchangé, immaculé. 

On ne découvre pas à l’instant ce disque de Lord Of The Isles, mais on aurait aimé le garder pour nous. 

Lord Of The Isles, Whities 029
Whities