Romantiques, puissantes et acérées, les courants hard techno ont une réputation qui leur collent à la peau, celle de la dureté. Rien à voir avec Paul Seul. Avec Amoureuse, son dernier EP en solo, il creuse et explore une veine sentimentale – à sa façon. Rencontre. 

On ne se cache plus pour écouter des musiques dites extrêmes. C’est le (joyeux) constat que l’on faisait avant vous-savez-quoi, quand la fête était encore une donnée omniprésente de nos quotidiens. Hangars après parkings désaffectés, fast techno, trance, hardcore et gabber faisaient, font et feront taper du pied toute une jeunesse en mal de sensations très fortes. On ne s’inclut plus dans cette transhumance hebdomadaire vers ce Grand Paris vide et oublié de fer et d’acier, mais on l’observe avec attention. Parmi ses remous plus noir que la nuit, il y a une musique et un collectif qui a surgi sans effraction, à force de kicks méticuleux, lourds, rapides. 

Casual Gabberz apparait au grand jour à la sortie d’Inutile de fuir en 2015, compilation-profession de foi. Un coup de poing pour beaucoup, qui se disent alors que oui, la nuit peut se vivre un peu plus vite que sous une tech-house rondouillète. Et même si l’époque était déjà aux mélanges des genres et aux croisements musicaux, c’est bel et bien la troupe emmenée par Paul Seul qui rafle la mise. Le tout sans concession. 

Avance rapide, direction 2021 : Paul délivre son premier EP solo entre des dates tonitruantes avec le collectif et un disque acclamé de partout avec Mathilde Fernandez sous le nom d’ascendant vierge. Une actualité débordante qui l’emmène logiquement au Dream Nation Festival, rencontres de pas mal de courants différents des musiques électroniques, option vitesse et énergie. L’occasion pour nous d’échanger quelque mots avec le producteur et DJ, sur cette date et sur ses projets. 

Hello ! Comment ça va, en ce moment ? Tu as pas mal de projets et de dates qui s’enchainent. 

Ça va super. Il y a des actus visibles avec la sortie de mon EP et ascendant vierge, mais c’est un hasard de calendriers. Je jongle tout le temps entre Casual Gabberz, ascendant vierge et mon projet solo – il y a toujours des trucs à faire.

Dream Nation est un festival un peu à part du circuit classique où les scènes hardcore et trance tiennent la même place que la techno, majoritaire ailleurs. Comment tu te prépares à cette date ? 

Justement pour ces raisons, je suis très content d’y jouer. Cette part belle donnée aux musiques hardcore et trance un peu façon évent belge ou hollandais, ça me parle beaucoup et ça reflète mes influences.

Amoureuse, ton EP à venir, semble plus pop et « joyeux » que tes précédents projets. C’était quoi l’inspiration ici ? 

Tout est parti du track éponyme “Amoureuse”. Je l’ai envoyé à Alberto (Gabber Eleganza) qui a aimé et m’a dit de bosser un EP autour de ça. J’ai tiré le fil des références pop, vocaux féminins mélangés avec des éléments hardcore… C’est sans doute plus pop et joyeux qu’ESS, mon précédent EP solo. Mais si tu regardes les remixes que j’ai pu sortir récemment et le travail de production pour ascendant vierge, je trouve que ça ne dénote pas tant. C’est un peu une synthèse, la continuité de tout ça.

Quatre ans après la sortie d’Inutile de fuir, comment est-ce que tu vois l’engouement autour des musiques Gabber et Hardcore en France ? 

On continue d’être étonné de cet engouement, et en même temps heureux de voir que ce sont des courants de moins en moins stigmatisés, qui ont gagné en respect. Ils ont repris la place qu’ils méritent dans la grande famille des musiques techno.

Dans la foulée du collectif, il y a toute une réhabilitation (voire un romantisme) de genres musicaux des 90’s aux 00’s durs – je pense par exemple à la série Hard Dance de Boiler Room, et de l’importance des nuits fast techno et trance dans le Grand Paris. La nuit devient-elle plus inclusive avec ces musiques auparavant vues comme extrêmes ? 

Il y a un côté catharsis qui est inhérent à ces courants musicaux et je comprends leur réhabilitation à travers ce prisme. Il y a quelque chose qui résonne avec l’époque, un grand besoin de se défouler qui s’impose. C’est la BO parfaite à tout ça.

Sur le romantisme 90’s, j’espère que l’on saura collectivement s’en inspirer sans tomber dans le travers de la reconstitution historique. On a plein de choses neuves à apporter à ces courants qui sont loin d’être morts.

 

 

Paul Seul, Amoureuse EP
Never Sleep

Retrouvez Paul Seul, Paula Temple, CJ Bolland et bien d’autres au Dream Nation Festival les 17 et 18 septembre.
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