Passée la gloire du DJ Kicks! réalisé à huit mains avec Wolf + Lamb il y a déjà huit années, Soul Clap s’est depuis quelques années tourné vers le funk, la house & la disco laidback, au tempo ralenti et à l’efficacité sûre, mais à la finition parfois douteuse. Que vaut cette nouvelle livraison lorgnant vers la botte, Italo Funk ?
From Boston to Napoli. Le label du duo américain Soul Clap a commencé l’année par traverser l’Atlantique à la recherche de chaleur contre laquelle se blottir tout au long du rude hiver de la côte Est. C’est donc tout naturellement qu’Elyte & Cnyce, dans le civil Eli Goldstein et Charles Levine – après tout, les surnoms ne sont pas tous géniaux – se sont tournés vers l’Italie. Avec dans l’idée de ressusciter ou du moins, rendre hommage, à l’italo-house, au funk et à tous les sous-genres qu’ont engendré ces deux styles ô combien marqués. Pour cela, ils ont embarqué bon nombres de producteurs – Tiger & Woods, Lele Sacchi et DJ Rocca en tête dans une vision dancefloor, énergique quoiqu’un peu pompeuse, de ce qu’ils ont décidé de nommer Italo Funk.
La-dite compilation s’ouvre sur l’étrange “Macinare” de Boot & Tax ; une ouverture tortueuse, breakée & sombre, porté par un son de flute lancinant, à des années lumières de l’italo, de la house, du funk, ou même du soleil. C’est naturellement déstabilisé et un peu inquiet que l’on tombe sur le morceau suivant, tous synthés dehors de Capofortuna, “MA NU”. Le véritable but de cette sortie nous apparait alors au grand jour : la machine à remonter le temps est quelque peu surfaite, mais l’essentiel est bien là. Nous voilà au coeur des 80’s, puis des 90’s, sans finesse mais avec l’envie d’en découdre, à coup de drops volontairement gros bras. Et ce n’est pas la suite qui va nous contredire : changeant d’époque et de révérence, DJ Rocca puis Memoryman s’engouffre dans une veine deep qui ne nous quitte seulement le temps du “Don’t Smoke” de Funk Rimini, sorte de funk upbeat plein de sueur. La fin est un peu plus enlevée, avec le simili-acide “Dribbling” de Jolly Mare, tout en tension, bruitiste & hypnotique.
Seul les Tiger & Woods arrivent à réellement tirer leur épingle du lot, sans forcer leur talent ni pousser les boutons dans le rouge : bien qu’accumulant les tics de productions à partir de samples – boucles qui se superposent jusqu’à l’asphyxie – leur “Machete” est la très bonne surprise de la compilation, que l’on imagine extrêmement efficace entre les mains d’un DJ digne de cette énergie.
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Il n’y a parfois qu’un seul type d’écoute pour un album, EP ou compilation donnés. Une atmosphère particulière, un timing précis où les productions prennent leur sens, où leur but premier est achevé. Ici, cela sera au bord d’une piscine, d’une plage, voir d’un lac. Le soleil sera fort, les odeurs de monoï omniprésentes, des jeunes gens flâneront sur leur serviette de bain et l’on entendra Italo Funk, comme pour exorciser ses défauts dans son habitat d’origine.
Italo Funk est disponible sur Bandcamp.